Photojournaliste, membre du Studio Hans Lucas depuis 2016, Jérémie LUSSEAU est basé à Nantes.
Il réalise la majeure partie de sa production photographique dans l’Ouest de la France, entrecoupée de périodes où il réalise des reportages sur d’autres terrains, notamment en Méditerranée centrale.
Son travail photographique est résolument axé sur des questions sociales : migrations, mobilisations militantes et citoyennes, questions environnementales, inclusion des personnes précaires et marginalisées dans la société…
Son approche, aussi bien photographique que journalistique, vise à donner une substance et une visibilité à toutes ces réalités souvent occultées.
Sa production est régulièrement diffusée dans des médias tels que Le Monde, Libération, La Croix, L’Humanité, L’Obs, Paris Match, La Vie, Télérama, Politis, Mediapart, Reporterre…
Jérémie est également le co-fondateur du collectif IRIS Pictures. Depuis maintenant 10 ans, le collectif réalise des reportages visuels axés sur des thématiques sociales, culturelles et écologiques en s’attachant aussi bien à documenter la vie des quartiers populaires que celle du monde rural, à mettre en images les routes migratoires que les bouleversements environnementaux majeurs. Produire des témoignages, les diffuser et les transmettre, tel est l’ADN du collectif.
Site de Jérémie Lusseau
EXOSITION BARROBJECTIF 2024 : Search and rescue · 2021-2023
L’Ocean Viking est un navire de recherche et de sauvetage en mer affrété depuis le mois d’avril 2019 par l’ONG SOS Méditerranée. Il a remplacé le désormais célèbre Aquarius dont l’ONG a dû se séparer suite à de nombreux blocages politiques et administratifs.
J’ai eu l’occasion de couvrir la onzième rotation en Méditerranée Centrale de l’Ocean Viking au mois de mars 2021. Elle a donné lieu au sauvetage de 116 personnes, hommes, femmes et enfants fuyant la Libye, qui ont pu être débarquées dans le port d’Augusta en Sicile.
Marqué par cette première expérience en mer, je décide de poursuivre ce reportage pour le transformer en sujet au long cours. J’embarque une seconde fois en 2022 puis deux autres fois au cours de l’année 2023 afin de continuer à documenter les drames humains qui se déroulent loin des regards en Méditerranée Centrale, route migratoire la plus mortelle au monde.
Durant ces mois passés à bord, je photographie la vie quotidienne du bateau, le travail des équipes de sauveteurs, de l’équipe médicale, les entraînements sans cesse répétés. Je documente les phases de recherche, les sauvetages qui s’enchaînent, les interceptions et refoulements opérés par les garde-côtes libyens. Je recueille les témoignages de rescapés sur leur parcours et les sévices subis par la majorité d’entre eux en Libye. J’assiste à la renaissance de l’espoir une fois leur vie secourue et mise à l’abri, loin de leurs embarcations précaires et surchargées. J’entrevois aussi l’anxiété du débarquement et celle de la route qui se poursuivra à terre, une nouvelle fois semée d’embûches. Au total, ce sont près de 40 000 personnes qui ont été secourues par SOS Méditerranée depuis sa création en 2015.
À travers cette série, j’ai tâché de dresser un portrait du drame humanitaire qui se joue depuis maintenant des décennies dans une zone du globe peu accessible. La couverture médiatique de cette route de l’exil a beau être importante, il n’en demeure pas moins que l’opinion publique s’est peu à peu habituée à ces tragédies et au décompte statistiques des vies perdues en mer à la recherche d’un avenir meilleur. Il me paraît plus que jamais important de réhumaniser celles et ceux qui se rencontrent au milieu de la Méditerranée, acteurs de la société civile comme rescapés, et de documenter une situation tragique qui s’éternise.