
Par la photographie, Erwan FLOC’H cherche à calmer son angoisse de se situer dans le monde. Ses interrogations sur ses choix, sa liberté et sa présence à l’autre nourrissent son travail. Garçon explore le lien amoureux à travers les histoires de sa mère et de sa grand-mère. Est-ce aimer, après le décès de sa mère, réinterroge la famille, le couple et la notion de bonheur.
La photographie l’apaise, suspendant le temps et ses pensées. Elle lui permet d’entrer dans la complexité du monde, de percevoir ses signaux faibles et d’accepter sa singularité. Pendant cinq ans, Royaume de l’aube l’’a rapproché de ses racines en suivant Jean-Bernard et Laurence, paysans dont la vie incarne un contrepoint à notre société.
Longtemps il a cherché sa place : ingénieur, finance, conseil, sciences politiques, monde associatif… Jusqu’à ce dernier pas de côté en 2014 : faire de la photographie son métier. Aujourd’hui, elle est plus qu’une empreinte : un moyen d’acceptation et de construction, qui le relie au monde tout en gardant la juste distance.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2025 : Le Royaume de l’aube
Le Royaume de l’aube témoigne d’un mode de vie paysan en voie de disparition, incarné par Jean-Bernard, 78 ans, et Laurence, 63 ans, qui perpétuent un modèle agricole ancestral dans le Finistère sud. Cette série offre un outil de contemplation et de réflexion sur notre rapport au monde. Sur leur petite ferme de quinze hectares, ils cultivent la terre avec des méthodes traditionnelles et vivent en quasi-autarcie, refusant la mécanisation et la productivité à tout prix. Ici, où la dureté du quotidien se conjugue à une beauté brute, le temps s’étire, rendant chaque geste essentiel, chaque perte et chaque renaissance profondément sensibles.

Leur choix de vie, longtemps marginalisé, prend aujourd’hui un sens nouveau face aux dérives modernes : l’accélération du temps, la surconsommation et l’exploitation intensive de la nature. Alors que d’autres ont cédé à l’industrialisation, Jean-Bernard et Laurence maintiennent un équilibre fondé sur la solidarité, le troc et un profond respect du vivant. Leur ferme devient un lieu d’échange et d’accueil, où se retrouvent des visiteurs de tous horizons, renouant avec une convivialité rurale disparue.

En documentant ce territoire et ces vies, Le Royaume de l’aube interroge ce que signifie vivre librement, en harmonie avec la nature, et met en lumière la force d’une existence ancrée dans le réel, loin des illusions du progrès.
Légende de la photo d’entête
Les bœufs nantais prêts à emporter une charretée de fumier. Il y a sur la ferme une deuxième paire, quatre bêtes étant nécessaires pour les labours. Il faut cultiver un hectare pour nourrir un bovin.