Adil BOUKINDest photographe documentaire indépendant, né en France et basé à Montréal depuis 2008. Ses travaux portent sur l’intégration des pratiques ancestrales dans le contexte de la société moderne et sur la manière dont elles se sont adaptées ou, au contraire, sont restées identiques. Le but de cette approche est de souligner quels sont les enseignements et les bienfaits qu’ils produisent. Parallèlement à son travail, il explore également les questions sociétales liées à l’identité et au territoire.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Le Kalaripayattu..
Considéré comme le pionnier de tous les arts martiaux, le Kalaripayattu (kalari signifiant école et payattu combat) a retrouvé sa notoriété ces dernières années. Bien qu’il existe depuis environ 5 000 ans, cet art martial originaire de la région du Kerala, au sud de l’Inde, a presque disparu pendant l’occupation britannique en raison de ses techniques mortelles dangereuses pour les soldats britaniques. De nos jours, les kalaris sont en train de rouvrir et ce type de combat a un renouveau en tant que technique d’autodéfense et en raison de ses bienfaits pour le corps.
Comme un autre art martial qu’il a inspiré, le Kungfu, qui a également subi la répression, le Kalaripayattu continue d’être enseigné de la manière traditionnelle, à l’aube ou au crépuscule, pour éviter la chaleur indienne. Les combattants doivent suivre des étapes strictes, en commençant par l’exercice physique, puis en manipulant différentes armes telles dites de guerre telles que des lances, des épées et des boucliers, en terminant l’apprentissage de soins pour traiter les blessures. Pendant l’entraînement, les coups ne sont pas retenus, il n’est donc pas rare de voir des armes se briser sous des attaques ou des blessures, parfois graves.
Photographe depuis 2011, Xavier BOURDEREAU passe par différentes étapes et styles. La scène, danse, musique, théâtre ont été un pied à l’étrier essentiel. Désormais c’est la santé photographiée qui le passionne et le soigne. Tous, du plus improbable au plus cartésien, du chamane au golfeur, ils soignent. C’est là l’essentiel. Ce n’est pas tout, loin de là, mais c’est son sujet : ceux qui nous soignent. Ils sont nombreux. Ils n’ont pas attendu une pandémie pour prendre soin des autres.
Devant un objectif l’homme se révèle par diverses attitudes. Il s’échine discrètement à être vu, ou s’acharne bruyamment à ne pas apparaître. Les soignants qui s’affairent autour d’un corps ouvert, eux, sont ailleurs : imperturbables, extrêmement concentrés, yeux ouverts, peu enclins à partir en courant, gestes précis, sûrs et posés. La plupart du temps, c’est un sujet très sage. Quand je n’existe plus pour eux, ils apparaissent.
Quand nous nous sommes revus à l’hôpital, j’étais ravi de te retrouver, mais un peu dubitatif, je dois te l’avouer maintenant. Je me demandais « Que veut-il faire au juste ? », « Est-ce que des photos de bloc opératoire, ça n’a pas été fait mille fois ? », « N’est-ce pas un peu voyeur ? … ». Parmi l’équipe informée du projet, beaucoup ont déclaré : « Je ne veux pas être photographié, je n’aime pas ça ! », ce sont bien souvent les mêmes qui quelques semaines plus tard me demandaient timidement « Il revient quand dans notre salle le photographe ?» : Il avait suffi que j’affiche quelques-unes de tes premières prises de vue pour convaincre et motiver tout le monde… Nous nous attendions à des clichés un peu techniques, un peu « choc des photos », au lieu de cela tu nous as montrés des petits moments souvent furtifs d’intimité, de complicité, d’émotion, et surtout d’humanité. Le plus extraordinaire dans tout cela c’est qu’au travers de tes photos tu as su raviver une certaine fierté de notre travail et surtout du lien ; un lien qui fait généralement tant défaut à notre société actuelle.
Jean Cancel, chef du pôle Anesthésie Bloc Chirurgie
Jean,
Prendre des photos dans le Monde du Soin est toujours initié par une grande curiosité, c’est l’essence même de la photographie. Cette curiosité est comme ta spécialité : viscérale. Il faut attendre que son sujet soit prêt à être visité, l’entrouvrir avec délicatesse, faire attention à son intégrité, puis chercher en lui l’organe -ou l’instant- qui nous convient.Parfois c’est aisé, parfois non. Et il faut revenir. Nos patients ou sujets apprécient généralement peu cette intrusion dans leur intimité. Pourtant, après un certain temps, ils peuvent en recueillir bénéfices. La santé pour les tiens, les vôtres. Pour les miens un peu d’air frais et la fierté de leur travail. Alors merci pour ta confiance, la bienveillance et la passion de ton équipe.
Patrick COCKPIT est membre du studio Hans Lucas et travaille essentiellement comme portraitiste pour la presse, l’institutionnel et différentes maisons d’édition.
La quarantaine attaquée, Patrick Cockpit travaille sur la représentation photographique de l’attente, du silence et de l’invisible. Adepte des images droites et carrées, il cultive sa schizophrénie en montant divers projets sur le totalitarisme et sa mise en spectacle, ou plus prosaïquement sur le portrait féministe, punk et décalé.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Figures oubliées de la résistance féministe à l’orée du XXe siècle..
Les vingt images présentées n’existent pas. Tout est faux. Les vingt images présentées ont été retrouvées au grenier, par hasard. Tout est vrai.
La photographie est mensonge et vérité. Au dix-neuvième siècle, quand la technique du collodion fait son apparition, elle sert d’abord de compte-rendu. On parlerait aujourd’hui de photojournalisme. Les cadavres de saisis par Timothy O’Sullivan ou le champ de boulets transfiguré par Roger Fenton en Crimée en sont l’illustration la plus frappante, tout en soulevant déjà le concept d’intention… et de manipulation. Les choses se compliquent encore avec les premiers portraits. Très vite, la notion de décor prend son importance. Mais que faire des images neutres, sans autre indication historique que les vêtements, les coiffures, les attitudes des personnes représentées ? Comment identifier l’époque, l’année, le lieu, la véracité de ce que les photographes choisissent de montrer.
C’est le sujet de Figures oubliées de la résistance féministe à l’orée du vingtième siècle. Entretenir le doute, forcer celles et ceux qui regardent à s’interroger sur l’origine de ce qu’on leur présente. À l’ère d’Internet et de Photoshop, quand littéralement tout est douteux, où est la vérité ? Comment la distinguer ? Où se situe la frontière entre fiction et réel ?
* Les collodions ont été réalisés à la chambre grand format. Les plaques aluminisées sont des positifs directs, uniques, exposables en l’état. Leur grande fragilité et leur mauvaise conservation impliquent un éclairage tamisé.
* Nos expositions étant toutes présentées en extérieur cette année, cette série de portraits sera donc des reproductions des tirages collodions originaux.
Pierre GÉLY-FORT, français né à Alger, expatrié dans différentes parties du monde durant plus de 25 ans (Asie, Europe de l’Est, Scandinavie) a suivi une formation à Gobelins et des Workshops avec Klavdij Sluban.
Auteur photographe et créateur de livres, ayant la particularité de créer des univers visuels, chromatiques, Pierre Gély-Fortpoursuit ses voyages par le biais de ses livres qu’il met en page et conçoit lui-même. Sans texte ni légende, les lieux ne sont qu’un prétexte pour une expression artistique. L’auteur présente ses errances et ses rencontres au fil des pays avec une émotion du regard où le dialogue est sous-jacent. De ses errances géographiques, le spectateur / lecteur y lit un imaginaire singulier, une empathie et une tendresse envers les personnes photographiées et la mise en scène du réel. L’assemblage, les jeux de correspondances et la scénographie construits de ces instants photographiques font dialoguer les images entre elles et créent une proximité avec le sujet. Ainsi, d’une errance à une autre, les univers émotionnels diffèrent, mais l’œil et les correspondances entre les images nous deviennent familiers. Le spectateur / lecteur reconnaît une atmosphère chaleureuse et sensible notamment par les choix de lumières. Fiona SANJABIDirectrice de La Galerie Rouge-Paris.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : The Dark LOVE BOAT..
Miami Beach, son port, capitale mondiale des croisières avec plus de 5 millions de passagers par an. Là commence l’histoire du plus grand paquebot du monde le Symphony of the Seas fabriqué en France. Quand les chantiers de Saint-Nazaire annoncèrent en avril 2018 la mise en service de ce monstre des mers avec près de 9.000 personnes à bord, j’étais dans les starting-blocks !
Après un galop d’essai en Méditerranée d’avril à octobre 2018 le paquebot géant rejoint sa destination initiale & finale Miami Beach, pour une croisière américaine vers les Caraïbes.
Parodiant « La Croisière s’amuse» série TV américaine culte aux 270 épisodes diffusés en France dans les années 80 & début 2000, cette série-photos s’intitule « The Dark LOVE BOAT » issu du titre américain original « The LOVE BOAT ».
Mars 2019, en tongs / maillot de bain ou en smoking partageant jour & nuit les activités des croisiéristes américains, j’en propose une vision très personnelle éloignée d’une narration traditionnelle documentaire ou photo-journalistique. Le choix du noir & blanc se révélant être une évidence. Extraite du livre-photos de 87 images auto-édité du même nom, cette série de vingt photos donne un point de vue d’auteur sur la vie de croisière de la middle class américaine d’aujourd’hui. Elle explore et interroge surtout l’existence ou l’inexistence du lien entre le croisiériste, sa vie à bord, et la mer.
Comme dans un conte, une croisière hors du temps où chacun peut se raconter sa propre histoire …
Fondateur et Directeur artistique du Studio de Photographie Moureaux à Montpellier, le photographe William MOUREAUX a été reconnu par ses pairs au niveau national et international. Les nombreuses récompenses obtenues à travers le monde l’attestent. Sa particularité, c’est qu’il n’a pas de spécialités. Par conséquent, William Moureaux travaille aussi bien dans le portrait, que dans le mariage, la photographie aérienne, sous-marine, industrielle, commerciale, événementielle.
2017 – Master Qualified European Photographer (MQEP)
2019 – Meilleurs Ouvriers de France, option photographie d’art
Portraitiste de France, mais aussi conférencier international, son nom est aujourd’hui une signature, synonyme d’excellence. Adhérent et membre du bureau national de la FFPMI (Fédération Française des Photographes et des Métiers de l’Image), grâce à sa fonction de responsable de la Commission Images, il est en charge de l’organisation du concours de Portraitiste de France décerné tous les deux ans. De par ses fonctions au sein de l’organisation professionnelle et les titres obtenus, il est aussi une référence dans le monde des professionnels de la photographie, puisque William Moureaux est régulièrement juge pour différentes compétitions nationales : Portraitiste de France, Concours Européen de l’Été des Portraits. Après plusieurs sélections en Équipe de France de la Photographie, dans diverses catégories, il est depuis 2016, Capitaine de l’Équipe de France. Une médaille d’argent en 2019, obtenue en Norvège, lui a permis d’avoir été une fois de plus reconduit sur ce poste pour l’année 2020. Aujourd’hui formateur, la transmission et la défense de ce métier deviennent essentielles. Mis à mal avec l’apparition du numérique, la photographie doit retrouver l’importance qu’elle avait auparavant.
Transcrire, et retranscrire, encore, l’image d’une réalité au millième de seconde. Pas d’avant, ni d’après, ou alors l’image est une autre. Cet instant, arraché au temps, devient membre actif des mémoires. Son empreinte, cette trace lumineuse demeure. Dioptries, diaphragmes… En miroir, ces rencontres peuvent aussi me marquer à vie. À chaque mission, mon œil collé à celui de l’objectif devient un filtre, offre un regard indirect. Récemment installé dans un nouveau studio, j’ai rencontré Isabelle, une femme différente, hors du commun, marquée au fer rouge de la vie. Je le sens dès le premier regard.
Isabelle me dit qu’elle souhaiterait réaliser une séance de prise de vue en studio. « C’est mon métier », lui dis-je un peu naïvement. Elle voulait une séance de nu. Je lui présente mes différents travaux, très rapidement, elle les balaie d’un revers de manche, me dit que ce n’est pas ce qu’elle recherche. Pourtant, je ne trouve pas mes clichés académiques !
Cette présentation a été brève: Isabelle est une authentique, sans faux semblant, elle va droit au but de sa quête. Elle ne perd pas de temps, marche à l’intuition ou à l’instinct, et m’ouvre illico le livre de sa vie. Sa parole se libère, elle me raconte son chemin jusqu’à moi. Ses mots claquent, tranchent, acérés. Je suis sonné.
Il y a 2 ans, par un matin d’hiver Isabelle dépose sa fille à l’arrêt de bus. « À ce soir ma chérie ! ». Une mère, une fille adolescente, leur quotidien. Elle la quitte pour rejoindre son emploi. Chacune a sa route toute tracée. Un homme percute l’arrêt de bus. Une personne est gravement blessée. On l’appelle, on la prévient. La foudre s’abat sur elle, la sidérant. La fille d’Isabelle est gravement touchée. Les jambes. Ses blessures ne guériront pas. En un instant, tout a basculé, en une seconde le monde s’est décomposé comme la lumière dans un prisme. Les couleurs ont fondu et le monde s’est tu. Le savoir, l’évoquer… mais le vivre…
Ce bouleversement métamorphique après l’avoir pétrifié va engendrer une autre Isabelle, à la vie troublée, marquée par des sortes de pertes de conscience. Toujours sous l’emprise de la douleur, elle me fait le récit des mois qui suivirent. Sa psyché et son corps se transforment. Elle fond, perd 20 kg, se défait, se déconstruit, se remodèle. Elle découvre en elle, dans sa nécessité de survivre, des forces insoupçonnées, des capacités pour l’art, notamment le dessin et la musique. Comme si la douleur lui avait fait découvrir des aires de son cerveau ignorées jusque là. Comment l’exprime-t-elle ? Elle est traversée par des moments de « crises “qui se caractérisent par des sortes d’inconscience qu’elle ne s’explique pas. Il lui arrive de dessiner des nuits entières, assise en tailleur sur son lit, prise par une frénésie qui la dépasse.
Pourquoi la photographie ? Cet art est une étape nécessaire, me dit-elle. À ce stade de son histoire, de ses traversées obscures, ce travail est devenu une nécessité. Elle doit s’exprimer devant un photographe.
Rendez-vous est donc pris pour une première séance. Je suis un peu déconcerté. Ses explications sur ses moments de ‘transe ‘m’intriguent. Je me prépare, ainsi que le studio, je cherche la lumière, comme un peintre aux aguets, comme un chasseur de lumen. Isabelle entre, forte et fragile. La séance débute. Je tente de faire poser mon modèle, mais rien ne se passe comme je l’avais imaginé. Mon travail prend une tournure inattendue. Isabelle nue, entre ‘en transe.’ Elle n’a gardé que ses bijoux qui sont ses amulettes, son lien avec la terre, avec son ventre et sa fille. Je perds la communication, elle s’évade du réel. Je vois qu’elle n’est plus là, or sa dimension corporelle qui semble habitée. Ses bijoux produisent des éclats et des reflets. Je suis concentré sur la lumière. Le studio est habité par un silence d’ailes de papillons ; seul le claquement de l’appareil photographique se fait entendre. Elle est entrée en communication, s’exprime avec son corps, semble souffrir silencieusement. Elle se tord, son sang bat aux tempes. Cela dure, une heure au moins, puis, ‘la transe ‘s’achève, elle s’écroule, épuisée. Je suis bouleversé. Isabelle est prostrée et en pleurs. Je respecte son rythme. J’attends qu’elle reprenne pied dans ce monde, qu’elle retrouve la parole. Je lui témoigne ainsi mon respect. Elle m’avouera quelques minutes plus tard avoir libéré une énergie intense ; mais vécu cela dans un bien-être absolu, comme guidée. Un deuxième rendez-vous est pris. La deuxième séance fut du même ordre, mais avec encore plus d’intensité. ‘Le bonheur complet’ me dit elle, ‘une libération aussi. ’ Je suis toujours très troublé. Je sais que je vis quelque chose d’incroyable, d’extra-ordinaire, presque d’extra-sensoriel.
Plusieurs semaines passent et je n’ai plus de nouvelles d’Isabelle. Je travaille mes images. Comme un livre je les lis et les relis et recommence encore. Nous ne communiquons plus guère. Et puis, un matin, la voilà ! transformée, métamorphosée même. Elle, qui dissimulait son corps dans des vêtements trop amples, se déplace avec légèreté, parée de vêtements féminins. Elle semble gorgée de lumière et sa sensualité est palpable. Les séances de photographie l’ont libérée et transformée. Elle a retrouvé son énergie vitale, partage des moments heureux avec sa fille qui va mieux. Elle aussi. Elle m’explique comment mon regard sur ces séances exutoires lui a permis de vaincre les démons et les fantômes qui l’habitaient.
Je sais l’étrangeté de cette rencontre, mais Isabelle est réelle, sa transformation est profonde.
Aujourd’hui, je vous offre ce récit, ces images qui interrogent sur ces pratiques de médiation entre les êtres humains et les esprits, les âmes et les dieux ou les confins de la psyché. Ces moments de vie de personnes exceptionnelles dont la douleur a été sublimée.
Je sais aujourd’hui à travers ces images, la part de mon travail dans sa transformation. Je mesure l’alliance de la technique et de ma propre humanité. Nous partageons cette vision. Elle cherchait à s’exprimer, elle a expulsé ses démons. Comme si dans ce couloir de lumière, elle avait trouvé les courants ascendants de sa renaissance.
Corps, chair, champs de batailleTranchées meurtries où s’abritent les dramesÉperdue dans la transe,Où elle appelle une âme.Nue, inaccessible, elle danse.Sa quête est là.Il y a de l’envol pour chaque cicatriceComme l’oiseau chassé en quête de pâture.Elle s’enflamme,Au-delà des fosses où gisentEn clair obscur l’être et la pensée,Habitée par ses gestes comme autant d’aventures.À la fin de l’hypnose, elle jette son criUne petite mort s’empare de sa vie.
..EXPOSITION Les JOURNÉES du REPORTAGE de BOURISP..
Christian BELLOTEAU est un photographe amateur dans l’âme, il a toujours pratiqué la photographie en se laissant guider par les réflexes du cœur.
Fixer l’instant qui procure l’émotion est primordial dans sa démarche. Un paysage, une fleur, un nuage sur l’horizon, le sourire d’un enfant ou celui d’un visage ridé par la vie sont autant de sujets auxquels il s’attache. Depuis cinquante ans, il essaie de marcher dans les pas des grands Maîtres qui ont contribué à construire et faire fructifier son regard.
Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Willy Ronis, Izis, sans oublier Diane Arbus, Elliott Erwitt ou Ansel Adams pour le paysage, ont et bercent mes yeux de leurs merveilleuses images.
La photographie noir et blanc est ma prédilection, car elle mène à l’essentiel, ce qui est loin d’être acquis pour l’amateur que je suis. Pour conclure, je ferai mienne cette pensée du philosophe grec Démocrite : « La vie est un passage,le monde est une salle de spectacle. On entre, on regarde, on sort. »
À peine ai-je foulé le bitume écaillé de cette longue rue grise qui s’étire devant moi, un lourd silence se fait sentir, oppressant. L’Histoire m’envahit de ses pages sanglantes auxquelles se mêlent celles d’une réalité qui s’offre à mon regard éberlué devant ces ruines érodées par les assauts du temps.
Mon esprit a du mal à s’extraire de ce chaos qui s’y installe. Je me vois mort à chaque coin de rue comme les 642 victimes dont 170 enfants de moins de quatorze ans, de ce jour d’apocalypse que fut le samedi 10 juin 1944.
La réalité est confrontée aux désirs du cœur. Cet imbroglio infernal déverse une avalanche d’images qui se superposent les unes, les autres pour former un monde où le Bien et le Mal se livrent une guerre sans pitié. Le passé tente de ressusciter par quelques signes existentiels pour se noyer très vite dans le présent qui m’assaille de toutes parts.
Une mort lente grignote inlassablement les pans de murs ayant résisté à la horde barbare qui a glorifié sa haine par le massacre aveugle de toutes les âmes innocentes de ce petit village paisible que fut Oradour sur Glane.
Seuls, quelques arbres, témoins passifs de ce jour fatal, traversent les saisons pour donner l’illusion d’une vie qui restera pour toujours, sans saveur.
Herman Omar Benegas Palma membre de la Mara MS, abattu à l’intérieur de sa voiture sur la route du Miracle à Villanueva San Pedro Sula, son véhicule reçoit 40 coups de feu.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2019: Latidoamerica – La violence en Amérique Latine
Un essai sociologique sur
l’Amérique Latine, la zone la plus violente du monde, avec tous les
drames et misères qu’elle engendre. L’impuissance de la douleur et
l’enfer vécu par les victimes d’assassins dans ce décor quotidien
qu’est la guerre, où la violence fait toujours la une sanglante de
l’actualité.
Il est absolument
nécessaire de montrer et d’expliquer cette histoire pour montrer la
vraie nature de la violence, car les journaux, la télévision et les
magazines ne le font pas actuellement. C’est vraiment dommage, car il
est malheureusement nécessaire que ces histoires trouvent leur voix
dans la société.
L’Amérique Centrale est
considérée comme étant un des endroits les plus violents du monde.
Chaque jour, dans les rues de villes comme San Pedro Sula, Guatemala
City, Tegucigalpa, San Salvador et Mexico City, meurtres, vols, et
autres actes de violence, sont de plus en plus fréquents.
Les derniers maillons
grotesques de cette chaîne de violence sont le narco-tourisme en
Colombie, et le tourisme extrême en Amérique Centrale, qui
transforment ces territoires déjà tâchés de sang et de larmes en
cirque.
Les politiques internes de
ces régions sont inefficaces et instables, le trafic de drogue vers
les États-Unis incontrôlable et dangereux, sous la houlette des
Maras, ou le contrôle de la frontière par les Zetas, ce qui fait
de l’endroit une zone de guerre quotidienne. Le rapport de
l’Organisation des États-Unis montre que dans un pays comme le
Honduras, il y a une mort violente toutes les 74 minutes, alors que
le pays n’est pas en état de guerre. En 2012, c’était le pays le
plus violent du monde, avec un total de 7104 meurtres rapportés à
la police.
Dans ces endroits, c’est
un travail courant pour des enfants et des jeunes que d’être
utilisés et entraînés à devenir des Sicarios (hommes de main).
Ils sont attirés par l’argent facile et se sentent respectés et
craints. Cette formation de jeunes tueurs, venus des strates les plus
basses de la société, ne fait qu’augmenter le nombre de morts. Le
peu de protection et de défense des enfants dans ces sociétés et
dans ces situations de violence est alarmant.
EXPOSITION PARTENAIRE: Prix Lucas Dolega
Le Prix Lucas Dolegaest destiné à soutenir les photographes qui exercent leur activité dans des conditions souvent difficiles et sur des zones pouvant comporter des risques pour assurer la diffusion d’une information libre et indépendante. Il a pour essence de récompenser un photographe qui par son engagement personnel, son implication sur le terrain, ses prises de position et la qualité de son travail, aura su témoigner de son attachement à la liberté de l’information.
Javier Arcenillas à reçu le prix Lucas Dolega 2019
BIOGRAPHIE
Humaniste, psychologue à l’Université Complutense de Madrid. Javier Arcenillas enseigne le photojournalisme et la photographie à l’école Internationale PICA.
Il développe des essais
humanitaires où les personnages principaux sont intégrés dans des
sociétés qui cloisonnent et attaquent la raison et les droits de
l’homme, dans un monde de plus en plus indifférent.
Plusieurs récompenses lui ont été attribuées, pour en citer quelques-unes : – Le prix Art Press, KODAK, Jeune photographe – Le prix Atlanta Journalism (meilleur photographe) – Une bourse du Fonds Social Européen – Le prix Fujifilm Fotopress – POYi – Le prix Sony World Photographic, 2010 – Fotoevidence 2011 – Le Terry O’Neill Award, 2012 et 2014 – Photographe de l’année 2014, Moscou Photo Award 2014 – Bourse Getty Image 2015 – POYi Latam 2017 – Photo de presse mondiale 2018
Tout au long de ces années, il a réalisé des projets sur l’Amérique Latine, comme “Territorios”, en JamaÏque, un travail qui se rapproche de “Traffic of Marihuana” ou de celui sur l’école Olympique de Boxe de La Havane. En 2013, il entre dans le dictionnaire des photographes espagnols. Il a publié quatre livres, “City Hope” sur les villes satellites qui émergent près des décharges d’Amérique Latine, “Welcome”, qui raconte l’histoire de réfugiés Rohingya de Myanmar dans le camp Kutupalong, “Sicarios”, sur les hommes de main en Amérique Centrale et UFOPRESENCES en 2018. En 2016, La Fabrica publie un Photobolsillo dans la collection des Photographes Espagnols. Ses articles les plus complets en dehors de la presse espagnole peuvent se trouver dans Time, CNN, iL Magazine, Leica Magazine, Der Spiegel, Stern, GEO, VICE News, National Geographic, TRIP, El Mundo, El Pais Semanal, Planeta Futuro, Zazpika, El Periodico de Guatemala, pour les magazines les plus importants. En ce moment, il travaille sur un projet pour Photographie Humanitaire. Ses articles et publications se retrouvent dans El Pais et El Mundo, El Confidential et Libero.
Frédéric Sautereau, né en 1973, commence son activité de photojournaliste en 1993. La notion de frontière et de division est le thème central de son travail. Il a été membre de l’agence Oeil Public de 1998 à avril 2009.
De juillet 1997 à avril 2000, il travaille sur les villes divisées : Belfast, Nicosie, Mostar, Jérusalem et Mitrovica. Ce travail a été exposé au festival Visa pour l’image de Perpignan en 2001 et circule dans les galeries FNAC. Un livre, Des Murs et des Vies, est paru en mai 2002 aux éditions Le Petit Camarguais.
De juin 2000 à août 2003, il se consacre au projet Lisières d’Europe et reçoit le soutien du Label Paris Europe, du Centre national des arts plastiques et de la Fondation Lagardère. Le livre Lisières d’Europe est paru aux Editions Autrement en Avril 2004. Ce travail a été exposé en France et en Espagne.Il reçoit le Prix Fuji en 2003 pour un travail sur le mur érigé entre Israël et la Cisjordanie.
De 2006 à 2008, il montre les exactions des militaires centrafricains contre les populations du Nord du pays. Pour ce travail, il reçoit le Grand Prix Paris-Match du Reportage Photographique en 2008. D’autre part, son travail réalisé à New York après les attentats du 11 septembre 2001 a été exposé en France, en Allemagne, en Suisse, au Portugal et au Québec. Un livre, N40°42’42 » W74°00’45 », est paru en septembre 2003 aux éditions 779. Ce travail fait partie de la collection du Fond National d’Art Contemporain.
En janvier 2009, il réalise un travail photographique dans la bande de Gaza sur les conséquences des trois semaines de guerre sur les populations palestiniennes.
En mars, il travaille au Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo, sur les populations déplacées de cette région dévastée par la guerre. Il réalise un documentaire (26’) et un livre, Déplacés, paraît aux éditions Première Urgence.
En janvier 2010, il se rend en Haïti, après le tremblement de terre.
De 2009 à 2012, il travaille sur le Hamas dans la bande de Gaza. Travail qui est exposé au festival de photoreportage de Barrobjectif et qui reçoit un Visa d’Or au festival de photojournalisme de Perpignan. En 2013, Frédéric arrête le photojournalisme afin de se consacrer à ses deux filles.
Marc Riboud est né en 1923 à Saint-Genis-Laval, près de Lyon. À l’Exposition universelle de Paris en 1937, il prend ses premières photographies avec le petit Vest-Pocket offert par son père pour ses 14 ans.
En 1944, il participe aux combats dans le Vercors.
De 1945 à 1948, il fait des études d’ingénieur à l’École centrale de Lyon et travaille en usine, puis il décide de se consacrer à la photographie.
En 1953, il obtient sa première publication dans le magazine Life pour sa photographie d’un peintre de la tour Eiffel. Sur l’invitation d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa, il rentre à l’agence Magnum.
En 1955, via le Moyen-Orient et l’Afghanistan, il se rend par la route en Inde, où il reste un an. De Calcutta, il gagne la Chine en 1957 pour un premier long séjour avant de terminer son périple en Extrême-Orient par le Japon où il trouve le sujet de son premier livre : Women of Japan.
En 1960, après un séjour de trois mois en URSS, il couvre les indépendances en Algérie et en Afrique subsaharienne. Entre 1968 et 1969, il effectue des reportages au Sud ainsi qu’au Nord Vietnam, où il est l’un des rares photographes à pouvoir entrer. Dans les années 1980-1990, il retourne régulièrement en Orient et en Extrême-Orient, particulièrement à Angkor et Huang Shan, mais aussi pour suivre les changements immenses et rapides de cette Chine qu’il connaît depuis trente ans.
En 2011, Marc Riboud fait une dation au Musée national d’art moderne (Centre Georges Pompidou) d’un ensemble de 192 tirages originaux réalisés entre 1953 et 1977. Son travail a été couronné par des prix prestigieux et musées et galeries exposent son travail à Paris, New York, Shanghai, Tokyo, etc.
Marc Riboud s’est éteint à 93 ans à Paris, le 30 août 2016. Le cœur des ses archives rejoindra les collections du Musée national d’arts asiatiques – Guimet.
Photojournaliste, Emin est né en 1985 à Sivas en Turquie. Après cinq années passées à étudier la physique à Samsun, il décide de se consacrer à sa passion, la photographie. Il est alors admis à la Faculté des Beaux-Arts Marmara d’Istanbul, où il étudie la photographie durant quatre ans. Il obtient ensuite un diplôme en photographie documentaire à l’Université d’Art et de Design de Linz – Autriche.
En 2011, son travail sur la sécheresse en Somalie est publié. La même année, il se rend au Japon pour couvrir le séisme de la côte Pacifique du Tōhoku. Il couvre également les grandes manifestations économiques en Grèce. L’année suivante, il commence un long travail sur la guerre en Syrie, où il s’est rendu à de nombreuses reprises. En 2014, il documente la crise liée à l’Etat Islamique en Irak.
Depuis 2012, Emin Özmen a engagé un long travail de documentation photographique auprès des populations emportées dans le tourbillon des conflits. Il s’est rendu à de nombreuses reprises en Syrie, en Turquie, en Irak et en Europe à la rencontre de ces gens, devenus “réfugiés” par la force des choses. Il a ainsi pu recueillir leurs témoignages et tenter de “capturer” leurs vécus à travers son travail. En Décembre 2015, Magnum Photos a accordé une bourse à Emin Özmen afin qu’il complète son projet, intitulé « Les Limbes”.
Son travail a notamment été publié par TIME Magazine, New York Times, BBC, CNN, Der Spiegel, The Guardian, Le Monde, Paris Match, Libération, L’Obs, Telegraph, Bild, etc.
Emin Özmen a remporté plusieurs prix, parmi lesquels le World Press Photo (à deux reprises) et le Prix du public au Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre en 2014.
En 2017 il a rejoint l’Agence Magnum Photos en tant que nominé.
Photographe Emin Özmen
EXPOSITION POUR LES 20 DU FESTIVAL : Rétrospective des Limbes et de La guerre cachée
Les limbres
Depuis 2012, Emin Özmen a engagé un long travail de documentation photographique auprès des populations emportées dans le tourbillon des conflits.
Il s’est rendu à de nombreuses reprises en Syrie, en Turquie, en Irak et en Europe à la rencontre de ces gens, devenus “réfugiés” par la force des choses. Il a ainsi pu recueillir leurs témoignages et tenter de “capter” leurs vécus à travers son travail.
Turquie : La guerre cachée
En juin 2015, lors des élections législatives, le parti pro-kurde du HDP a remporté 13% des suffrages et privé le parti au pouvoir (celui du président Erdoğan, l’AKP) de sa majorité absolue.
Après ces élections, le bruit des bombes se fait de nouveau entendre et une vague d’attentats secoue la Turquie: Suruç, Diyarbakir, Ankara. Dans le sud-est, à majorité kurde, le fragile cessez-le-feu, obtenu en 2013, entre l’État turc et les combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), classé organisation « terroriste » par Ankara, Bruxelles et Washington a volé en éclats.
Des combats quotidiens font rage et les civiles kurdes se retrouvent une nouvelle fois otages d’un conflit vieux de 30 ans, qui a déjà couté la vie à plus de 40 000 personnes.
Pour venir à bout du PKK, alors solidement enracinés dans les centres urbains peuplés, les autorités ne lésinent pas sur les moyens. Des dizaines d’élus locaux, suspectés de soutenir le terrorisme sont arrêtés ou mis à pied. Une à une, les villes kurdes sont placées sous-couvre feu : des dizaines de milliers d’habitants forcés de vivre terrés chez eux.
D’après l’ONU, les opérations menées par les forces turques entre juillet 2015 et la fin de 2016 ont touché plus de 30 localités, dont certains quartiers ont été rasés, et ont contraint entre 335 000 et 500 000 personnes à fuir, en majorité des Kurdes.