Frédéric Noy _ La lente agonie du lac Victoria

Frédéric NOY né en 1965, est un photographe français dont la démarche documentaire privilégie la chronique comme mode narratif. Son travail, principalement centré sur l’Afrique, décrit un continent en construction, dont l’histoire, les croyances et les traditions se frottent inlassablement à une irrépressible mutation. Il est basé aujourd’hui en Asie Centrale et est représenté par l’agence Panos.

© Chris Dennis Rosenberg

Successivement basé en Tanzanie, au Nigeria, au Soudan, au Tchad et en Ouganda, ses récits photographiques s’attardent sur les creux de l’actualité, sur des histoires inattendues ou sur l’existence de populations socialement exclues, stigmatisées ou prises dans l’engrenage de conflits. Intrigué par la question du tabou, il a mené pendant plusieurs années, un travail sur les minorités sexuelles – LGBTI – de la région des Grands Lacs publié aux éd.  Les Belles Lettres en 2020, dans un livre : « Ekifire ». Ses reportages présentés régulièrement à Visa pour l’Image sont parus, ces dernières années, dans de nombreuses publications françaises et internationales.

  • 2016 – « Ekifire, les demi-morts » 3ème prix dans la catégorie Insider/Outsider du Prix Photo Award
  • 2019 « La lente agonie du lac Victoria » récompensé par le Visa d’Or Magazine
  • 2020 – « La lente agonie de lac Victoria » est lauréat du World Press Photo 2020, catégorie singles Environnement, 3e place

https://www.fredericnoy.com/

..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : La lente agonie du lac Victoria..

Ouganda, Tanzania, Kenya

D’ici 50 ans, si rien de radical n’est fait, le lac Victoria sera mort à cause de ce que nous y déversons » lance le Professeur Nyong’o, Gouverneur de la Province kenyane de Kisumu, en février 2018.

Prophétie hasardeuse si l’on considère les 68 800 km2 d’une mer intérieure, baptisée en l’honneur de la Reine Victoria par Speke, premier Européen à l’atteindre en 1858. Deuxième plus grand lac au monde, le plus vaste d’Afrique, il abrite le plus grand bassin de pêche en eau douce de la planète. Pôle écologique, moteur économique, réservoir naturel, 30 à 50 millions de riverains tanzaniens, ougandais et kenyans en dépendent directement, indirectement. Selon la Banque Mondiale, près de 50 % vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.

Pourtant le géant d’Afrique de l’Est serait en phase d’agonie, imperceptible, silencieuse. Personne ne le croit sur ses rives. Le lac n’est-il pas gigantesque et ses maux si minuscules ?

la lente agonie du lac Victoria
Ilot de Migingo, Kenya – Au milieu de lac Victoria, sur ce saillant rocheux proche de la frontière séparant le Kenya de l’Ouganda, vivent de 400 à 500 personnes dans des baraques de tôle ondulée, sur une surface équivalente à moins d’un demi-terrain de football (moins de 2 000 mètres carrés). © Frédéric Noy

La liste des égratignures est longue cependant. Le réchauffement climatique affecte la répartition des poissons, le niveau de l’eau et devrait rendre annuelles les super-tempêtes qui arrivait jadis tous les 15 ans. La sur-pêche et le braconnage accentuent la diminution en nombre et en taille, des prises. La militarisation de la protection des zones de pêche ébranle le secteur halieutique, d’une importance économique et sociale primordiale. Les importations chinoises de tilapia congelés font douter le Kenya de sa capacité à se nourrir. Le développement de la jacinthe d’eau immobilise les bateaux. Le minage des berges dont le sable est récolté pour être vendu détruit leur topographie. Les villes littorales, industrialisées, à l’urbanisation non planifiée déversent leurs eaux usées. La poussée démographique et l’exode rural grignotent les zones humides, réduisant le filtre naturel marécageux censé purifier les eaux de ruissellement, qui, autrefois, prisonnières des semaines des marais étaient libérées propres dans le lac. Comme une touche morbide sur le tableau, les communautés de pêcheurs présentent un taux de prévalence du VIH trois fois plus élevé que la population générale.

Archipel de Kalangala, Ouganda – Au large de l’île de Bugala, deux pêcheurs attrapent illégalement des perches du Nil au moyen d’un ligne d’hameçons qu’ils ont posée la nuit précédente. © Frédéric Noy

Le déclassement social engendre la pauvreté et la pauvreté autorise inconsciemment la détérioration de l’environnement. Un cercle vicieux où chaque nécessité de survie ou désir de profit engendrent la prochaine blessure. Chacun perçoit que les temps ont changé sans bien concevoir ce que cela implique dans son existence. Autrefois, le géant était plus fort que l’ensemble des riverains. Maintenant, chacun grignote quotidiennement une portion de sa chair. Comment blâmer les soutiers de la croissance économique est-africaine ? Entre (sur) vivre et préserver le cycle naturel du lac, qui n’appartenant à personne appartient à tous, le choix est rapidement fait, dans l’ignorance de l’enjeu.

Face à ce qu’il voit comme un déni général, le Professeur Okeyo, lanceur d’alerte kenyan lâche « Les scientifiques n’ont pas de temps à consacrer aux mensonges ». En écho, des estivants du week-end investissent les plages du Victoria, avec l’insouciance de ceux qui ne décèlent pas qu’un sombre présage d’érudits oracles se matérialise insidieusement sous leur nez.

Alain Roux _ Les damnés de Dhaka

Alain ROUX est né en 1948. Médecin aujourd’hui retraité, il effectue plusieurs voyages dans le sous-continent Indien depuis plusieurs années pour en photographier les aspects sociaux.
Depuis 5 ans, il photographie la vie des paysans de l’Aubrac autour de chez lui.

2001 Prix de la photographie sociale et documentaire Paris
2003 Meilleur reportage Visa Off Perpignan
2004 Premier prix concours Agfa N & B
2006 Exposition sur les pratiques religieuses extrêmes en Inde et au Pakistan
2015 Expose galerie Espace 13 « les bidonvilles de Bombay« 
2016 Exposition collages photo « Orient extrême« 
2017 Exposition Phot’Aubrac « Mumbai central »
2018 Exposition N & B « Paysages de l’Aubrac » à la Maison de L’Aubrac
2018 Exposition Maison Charrier Nasbinals « Traditions de l’Aubrac« 
2019 Publication du livre  » Un dernier hiver » sur les paysans de l’Aubrac
2019 Expose à Phot’Aubrac « Les damnés de Dhaka » sur le travail et la pollution au Bangladesh
2019 Sollicité pour le prix de la fondation A. Khan
2020 Coups de cœur Fish Eye magazine

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Dahka a été fondée il y a 400 ans et a acquis le statut de capitale politique et économique en 1971.

Aujourd’hui Dhaka et sa proche banlieue comptent plus de 18 millions d’habitants contre à peine 1,5 Million en 1971, année où le Bangladesh a accédé à l’indépendance.

La pollution industrielle produite par les tanneries, usines textiles, briqueteries, chantiers navals,…est la première source de contamination.

À la pollution industrielle s’ajoute le rejet des eaux usées et matières fécales dont seuls 10% sont traitées.

La Buriganga, artère fluviale de la ville est devenue une rivière morte, véritable égout à ciel ouvert, bouleversant les conditions de vie.

La Buriganga, artère fluviale de la ville de Dhaka.
La Buriganga, artère fluviale de la ville de Dhaka. Alain Roux

Le désordre écologique est encouragé par l’absence d’application des lois, la corruption, les intérêts des investisseurs bangladais et étrangers.

Les ONG, journalistes et scientifiques défenseurs de l’environnement sont régulièrement menacés, voire physiquement agressés pour le combat qu’ils mènent.

Conséquences immédiates de l’exode rural et de la montée des eaux 30 % des habitants de Dhaka vivent dans des bidonvilles insalubres et survivent « grâce » à un salaire moyen de 40 euros par mois pour 10 heures de travail par jour dans des conditions dignes de la révolution industrielle en Europe au XIXe siècle, sous l’emprise d’un capitalisme anthropophage et auto destructeur.

Yann Slama _ Abandon

Yann SLAMA est un photographe autodidacte français, né en 1987 à Lyon.

Après six mois passés dans l’ouest des États-Unis, il revient avec plusieurs séries tirées de ce voyage Abandon, Nostalgia 66, Blue Diamond et L.A. Technicolor.a

© Nicolat Baret

  • 2016  Mention spéciale du Jury pour son exposition photographique Blue Diamond à l’Institut National de Géographie de Paris
  • 2016 il écrit et réalise son premier court métrage, Tarde Venientibus Ossa, et travaille actuellement à l’élaboration du second
  • 2017 et 2018 ses reportages sont publiés dans The Birmingham MailBirmingham What’sOn ou encore dans le magazine Gonzaï
  • 2019 expose sa série « LADOGA » lors de la 4e édition du Festival Champ Libre. Ces images retraçant un voyage en Russie (Carélie)  mettent en lumière l’atmosphère anachronique et délétère de cette région

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Abandon © Yann Slama

En 2015, j’ai voulu sillonner le désert de Mojave et voir ce qu’il avait à m’offrir.

Dès les premiers jours, j’ai constaté que ce désert est en réalité une incroyable décharge pour les rêves usagés. Des objets de nécessité immédiate devenus obsolètes.

Parce qu’à force d’en vouloir toujours plus, on est obligé de se séparer de ce qui était déjà là. Parce qu’il est facile d’abandonner à l’abri des regards.
Chasser ces trésors qui n’en sont plus, ces trésors parfois mis en scène, parfois criblés de balles.

Archéologie de ma propre civilisation.

Abandon © Yann Slama

Se méfier des scorpions et des crotales presque autant que des hommes.

Parce qu’il y a plus de douilles que de fleurs sur ce sol. Attendre la venue des hordes sauvages échappées de Mad Max. Vont-elles arriver bientôt ? Sont-elles déjà passées par là ?

* Ces images ont été prises dans le Nevada, et en Californie.
* Il n’y a eu aucune intervention physique de ma part sur les objets présents dans ces photographies. Je les présente tels qu’ils me sont apparus. Il n’y a aucune manipulation numérique par la suite.