
Autodidacte, je n’ai longtemps eu pour seule culture de l’image que celle des salles obscures. Je vois parfois dans ma photographie l’influence laissée par le cinéma italien d’Antonioni, de Monicelli de Scola, mais aussi celui de Jean Renoir, Claude Sautet, Bertrand Tavernier ou Alain Corneau.
Au fil du temps photographier est devenu pour moi une nécessité. La notion de photographie conceptuelle m’est étrangère, les séries s’imposent à moi. Je m’en rends compte en consultant et classant ma photothèque. C’est après cette prise de conscience que je m’engage alors dans la construction d’une série, sans me l’imposer, laissant toujours l’instinct agir. Pas de flash, une retouche en post-production simple, une fois le cadre défini je m’interdis d’enlever ou ajouter tout élément.
J’arpente la ville sans relâche, en rendant compte indifféremment du beau, du laid, de l’absurde et du commun. Je me méfie du « pittoresque », en lui préférant l’ordinaire de la condition humaine, sans autres prétentions que de rester « derrière », m’effacer, préférant interroger que répondre, parler sans les mots.
Pascal Kempénar
Ses Expositions
- 2014 Débute la photographie en autodidacte
- 2014 Exposition « La papète vivra » Nanterre
- 2016 Lauréat du concours RATP « Le mouvement dans la ville »
- 2017 Lauréat du concours RATP « La ville dans toutes ses couleurs »
- 2018 Exposition dans le Off des rencontres Photographiques d’Arles
- 2019 Intègre le collectif Suisse “Une photo par jour.ch »
- 2020 Prix de l’affiche festival de Menton
- 2020 Sélectionné aux « Nuits Photographiques de Pierrevert « Justice pour Zineb »
- 2021 Exposition à Genève, espace Fert
- 2022 Finaliste Vincennes Image Festival
- 2023 Intègre le collectif Parisien « Regards Croisés »
- 2023 Intègre le collectif Parisien « Regards Croisés »
- 2023 Sélectionné aux Rencontres Photographiques de Chabeuil « Paris ville rouge »
- 2024 Intègre le collectif « Loop » , Street Photography
- 2024 Exposition « Identification d’une Femme » Arles
- 2025 Sélectionné « Itinérances Foto » Sète
« Je photographie les gens qui me ressemblent »
Willy Ronis
EXPOSITION BARROBJECTIF 2025 : J’existe, moi
Marseille s’alanguit sur 57km de façade maritime, 26 km de rives de l’Estaque au port des Goudes. Ville d’accueil pendant des siècles, le Marseillais d’adoption tourne le dos à la mer, espérant sur la terre ferme un avenir radieux.
L’occupation de l’espace plus qu’ailleurs est un indicateur fiable et très visible des inégalités sociales. Alors que la jeunesse des quartiers nord occupe la plage des Corbières à l’extrémité ouest, près de l’Estaque, ou en centre ville celle des Catalans, la jeunesse dorée préfère aller plus loin à l’est, aux Goudes, à Cassis, ou s’échapper sur le littoral Varois.

Il reste donc peu d’espace disponible pour une jeunesse dont les médias ne parlent que trop souvent de ses dérives. La misère s’étale sur les trottoirs du15ème arrondissement où l’on n’y vend vêtements, vieilles casseroles, chargeurs de téléphone récupérés dans les poubelles. Il s’agit tous les jours de survivre, et cela dans la seconde ville de France.
De cet apartheid social, de cette assignation non-écrite à rester dans son quartier, à reproduire son déterminisme de classe, nait une violence faite de tous les trafics possibles. L’avenir s’écrit en …eur, rappeur, footballeur, dealer.
Mais pour se rendre compte de cet apartheid spatial et de ses conséquences encore faudrait-il pour cela se déplacer dans les fameux quartiers Nord, dans ces cités, avant tout zones de non-droit social.
Alors il reste le soleil, la mer, la beuh, la moula, le shit et autres anesthésiants pour passer le temps. La misère est paraît il moins dure au soleil, moins dure qu’à Saint-Denis ou Montfermeil. A vérifier. Descendre la colline, passer la journée à plonger, fumer, flirter, permet le temps d’une journée estivale de s’évader en sortant de son quartier à peu de frais.
Vivre Marseille c’est y côtoyer le meilleur et le pire plusieurs fois par jour, y faire des rencontres spontanées où boitier en main, on vous demande un portrait. Comme ça, gratuitement, en pleine rue, peut-être pour se sentir exister dans le regard de l’autre. Il y a ce graf que l’on trouve partout en ville et qui dit tant : « J’existe moi ».
