Jérôme Barbosa – Nadrupe, les derniers rites

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Avec ces photographies, je n’ai pas vraiment réfléchi à ce que je faisais. Je ne me suis pas imposé une démarche, comme pour tout autre sujet. Ce fut un élan de nostalgie pure. Les opportunités se sont présentées, je m’en suis saisi. J’espère le moins maladroitement possible. Confusément, je voulais préserver ce temps de l’enfance où j’ai été heureux, entouré de personnes avec lesquelles je ne pouvais pas communiquer (je me suis forcé à parler portugais pour l’occasion). Mais aussi rendre compte d’un temps, d’un mode de vie sur le point de disparaître. D’un monde que je connais finalement assez peu, mais dont je suis issu et dont les valeurs m’habitent.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2013 : Nadrupe, les derniers rites (2003–2011)

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Cela a commencé un peu par hasard. Je venais de découvrir la photographie et, d’avoir grandi et vécu en banlieue parisienne, j’éprouvais le désir de faire le portrait de mes grands-parents, de les suivre dans leurs activités journalières. Mes nombreuses vacances au Portugal m’ont permis de le faire, de manière chaotique, tout du moins au début.

Quand j’ai initié ce projet, mes grands-parents travaillaient encore aux champs, j’ai donc pu suivre les labours des terres, le ramassage des poires, celui du maïs. Puis comme leur santé ne leur a plus permis de travailler autant à l’extérieur, je les ai photographiés chez eux : à table, faisant la cuisine, priant, s’assoupissant sur le canapé, travaillant dans la remise.

Petit à petit, mon champ d’investigation s’est élargi. Je me suis intéressé à la fête du village que j’avais connue très tôt dans mon enfance et dont je ne savais finalement pas grand-chose. Le caractère collectif de tout ce travail ne menait qu’à une chose : célébrer le fait d’être ensemble. Or, avant même les festivités, la bonne humeur des préparatifs ainsi que les anecdotes que chacun se raconte pendant l’effort avaient dominé.

Aujourd’hui, la modernité s’est bien ancrée dans les campagnes. Ces interminables soirées estivales où chacun se retrouvait dans les rues sur le pas des portes à discuter jusqu’à des heures indues ne sont plus qu’un souvenir. Le dernier vestige de ce temps demeure celui de la fête du village qui a lieu début août. On s’y retrouve, on y danse, on y mange copieusement et on se remet doucement de ces émotions.

Nadrupe
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