Julien Ermine – Conditions de vie des enfants pauvres en Inde

Il propose, au travers d’une sélection de vingt-cinq images, un regard singulier et digne sur les craintes et espérances de tout un peuple. Ce reportage a été nominé pour le prix du reportage de l’année 2013. Julien Ermine a d’ailleurs obtenu le Prix de la Photographie Humaniste de l’année, ainsi que le prix du Meilleur jeune talent Photographique de l’Année.julien ermine

Exposition Barrobjectif 2013 : 1/5 Conditions de vie des enfants pauvres en Inde

1/5 : quel drôle de titre ! Le photographe s’est rendu pendant quatorze mois en Inde, pays où un enfant sur cinq est considéré comme « pauvre » selon les Nations Unies, et de fait vit en dessous du seuil de pauvreté. Dans ce pays aux mille contrastes, aux mille coutumes et aux mille tumultes, là où l’économie est pourtant florissante, bon nombre de lacunes inquiètent et s’accumulent dans une Inde surpeuplée.

Ce pays pourtant à l’aube de temps nouveaux, affiche nombre de facteurs d’inquiétude sur des questions pourtant fondamentales : accès au développement pour tous, à la santé, à la scolarisation, disparité dans l’accès aux richesses, précarité, insalubrité, notion aléatoire des droits de l’homme parfois. Derrière les façades des taux de croissances et autres indices de développement économique présentés de manière satisfaisante mais parcellaire se cache d’autres réalités, sociales celles-là. L’Inde possède plus de 360 millions de « pauvres ». À titre de comparaison, cela représente autant de personnes que le nombre d’habitants dans l’ensemble des pays d’Europe.

L’inquiétude que le photographe a souhaité mettre en relief porte sur l’avenir de ces millions de laissés-pour compte. L’Inde peut-elle relever le défi de sortir de la misère tous ces déshérités lorsque l’on sait que le sous-continent est foulé par un milliard deux cent millions d’âmes ? Comment seront-ils intégrés à ce monde en pleine mutation ? Ce monde qui, justement, développe un modèle économique fondé en partie grâce à ces millions d’hommes et enfants que l’on peut payer trois fois rien, « la main-d’œuvre à bas coût », comme on se plaît à la nommer en occident. Ces enfants cassés ou abandonnés à leur sort ou à celui de leur condition de misère sont au nombre de 80 millions en 2012. Un enfant sur neuf est au travail, c’est le record mondial. Douze millions travaillent chaque jour dans des emplois dits « à risques ». Mal nourri, mal soigné, le quotidien des plus pauvres est fait de petits travaux, de débrouille pour la survie, d’ennui, de précarité. Dans la majorité des cas, il n y a pas de porte de sortie, pas de solution liée à l’amélioration de leur condition humaine, pas de système permettant de les sortir de leur situation de misérable, et ce même à moyen ou à long terme. Ils sont souvent livrés à la rue dès l’enfance, parfois contraints, parfois mutilés. La multitude des facettes des conditions subies semble désolante : travail infantile, conditions de vie sociale, d’habitat, le rapport aux maladies, à la sous-alimentation, aux conditions de mendicité, et pourtant, la force des choses, les efforts consentis imposent là aussi le respect. Le regard ici est parfois inquiétant, parfois fascinant sur ces laissés pour compte, sur les joies et les tristesses partagées par ces 80 millions d’enfants auxquels la vie n’a pas accordé une bonne étoile, ou une bonne situation liée au cycle des réincarnations pour être plus en phase avec la philosophie indienne.

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