
Après une formation en photojournalisme à l’EMI, Frédéric GRIMAUD devient indépendant et entre dans le collectif de photographes divergence-images.com en 2011.
J’ai très jeune été attiré par les voyages. Les lectures de Davy Crockett, Jules Vernes, Jack London… m’ont bercé et fait rêver par ces explorations de grandes contrées, de routes interminables, par la reconnexion à la nature et par l’imaginaire que cela pouvait produire en moi.
C’est lors de mon premier grand voyage, en Afrique au Bénin, que j’expérimente l’aventure. Équipé de mon Canon AE1, mes images traduisent de manière organique ce que mes yeux découvraient.
Mon attrait pour la photographie est né en Normandie en 1997 pendant mon parcours en Biologie, à
travers ces moments observés dans le microscope, à observer des scènes de vie quotidiennes. J’ai commencé par des paysages, des textures et la musique, puis m’est venue la fascination pour l’humain. Épris de l’univers photographique sous toutes ses formes, j’ai saisi une large palette d’images, de la Normandie, du Népal, du Pérou, du Japon, du Laos, d’Inde, d’Haïti…
Le métier de photographe mûri ainsi que mon écriture, je documente, je traduis une réalité et mes sens se réveillent pour capter ces petits détails qui nous côtoient. Je suis attentif à la dimension d’intimité et de souvenirs. J’essaye le plus possible de capturer ce supplément d´âme qui révèle le sujet, le mettant en beauté dans son émotion la plus sincère et authentique.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2025 : Athinganoi *: Les Hommes Moustache
Du grec athinganos, tzigane signifie « celui qui ne veut toucher ni être touché ». Les Gitans sont arrivés en Grèce au IXe siècle. Manouche en tzigane veut dire « homme », et désigne la moustache que porte la plupart des gitans.
À travers le monde, il existe une grande diversité de cultures, d’ethnies et de tribus. Chaque peuple possède une histoire propre et mérite que l’on s’y intéresse. Malheureusement, il arrive que cette histoire se déforme avec le temps. Les préjugés altèrent la perception que l’on a d’un groupe culturel, et les agissements inacceptables de certains suffisent souvent à jeter l’opprobre sur l’ensemble d’un peuple.
Réalisées depuis 2011, ces photographies témoignent de la vie d’un groupe : celle des Gens du Voyage.

Agréablement surpris par leur accueil, j’ai découvert des personnes vivant pour la plupart de manière simple et nomade.
Les Gens du Voyage forment une communauté encore largement stigmatisée dans notre société. À l’heure où les médias parlent régulièrement des Roms, l’amalgame avec les Tziganes ne fait que se renforcer.
Leur message est clair, m’ont-ils dit : ils souhaitent s’ouvrir davantage au monde extérieur à leur communauté, c’est-à-dire établir plus de liens avec la population française afin de montrer leur mode de vie réel, et ainsi changer leur image.
Le terme « gens du voyage » désigne des personnes, pour la très grande majorité de nationalité française, qui ont un mode de vie traditionnel fondé, à l’origine, sur la mobilité. Aujourd’hui, nombre d’entre eux sont devenus sédentaires.
On estime qu’en France, environ 500 000 personnes peuvent être rattachées au groupe des « gens du voyage ».
Cette expression constitue une catégorie juridique du droit français, apparue dans deux décrets de 1972, en lien avec la loi du 3 janvier 1969 sur « l’exercice des activités économiques ambulantes et le régime applicable aux personnes circulant en France sans domicile ni résidence fixe ».
Le terme générique « Tzigane » est souvent utilisé pour désigner l’ensemble des populations — toutes ethnies et statuts confondus (nomades, Gitans, voyageurs, itinérants, gens du voyage…) — qui se reconnaissent comme issues d’un même peuple, originaire de l’Inde, qu’ils auraient quittée au Xe siècle. Ils seraient arrivés en Europe au XVe siècle, le voyage étant au cœur de leur organisation sociale.
L’objectivité du voyage (le fait de se déplacer) est à distinguer de sa subjectivité (le fait de se sentir voyageur). C’est cette subjectivité qui contribue à la construction identitaire des gens du voyage.
Un voyageur, même s’il ne se déplace pas, demeure nomade dans son esprit. À l’inverse, le sédentaire est le gadjo, celui qui est attaché à la terre.
La pratique du voyage et celle de la halte sont étroitement liées : pour de nombreuses familles de voyageurs, l’hiver correspond à une période de sédentarité, tandis que l’été est celui des déplacements, des pèlerinages et des rassemblements religieux.
L’esprit communautaire est une valeur centrale dans la culture gitane. L’individu et la famille passent après le groupe, qui peut rassembler jusqu’à 100 ou 150 personnes.
Parents et enfants mariés cohabitent souvent dans les mêmes espaces. L’enfant est considéré comme la véritable richesse d’une famille. Les personnes âgées et handicapées sont respectées et prises en charge par la famille.

La liberté est une valeur fondamentale pour les Gitans. Ce sont également des populations très croyantes. Dans ce reportage, ces personnes sont protestantes ; on y voit d’ailleurs un baptême par immersion dans l’eau.