Marylise Vigneau _ Sakartvelo, chronique d’une résistance

Marylise Vigneau _ Sakartvelo, chronique d’une résistance

Marylise VIGNEAU est une photographe documentaire basée entre l’Autriche et le Pakistan.
Elle a grandi à Paris dans une famille conservatrice et a très tôt rêvé d’échappées belles, d’ombres portées et de théâtres plus ardents. Son éducation fut essentiellement littéraire, mais la photographie est peu à peu devenue son langage.
La vie et son foisonnement d’histoires à raconter l’inspirent. La vie dans toute son ingéniosité, âpreté et tendresse.
Elle préfère les allusions aux descriptions, l’ontologique à l’ethnologique. Elle s’intéresse à la notion de frontières aussi bien physiques que mentales et aux manières dont celles-ci affectent les libertés.
À la recherche d’un l’équilibre instable, dans une approche à la fois poétique et documentaire, elle travaille lentement, revient sur les lieux et privilégie les travaux au long cours.
Elle est représentée par l’agence Anzenberger.

PRIX et DISTINCTIONS

2025 _ Nominée pour le Prix Pictet
2024 _ Troisième place aux Istanbul Photo Awards dans la catégorie “Story Daily Life”
2024 _ Finaliste POY Asia, catégorie “Portrait Series”
2023 _ Lauréate du Gomma Grant
2023 _ Lauréate des BarTur Photo Awards dans la catégorie “Unity and Diversity”
2023 _ Deuxième place dans la catégorie professionnelle Portfolio, Sony World Photography Awards
2023 _ Finaliste lauréate dans la catégorie “Portrait Series”, POY (Picture of the Year International)
2022 _ Première place dans la catégorie Portraiture, Xposure Awards
2022 _ Nominée pour le Oskar Barnack Award
2020 _ Sélectionnée pour intégrer les archives du Tbilisi Photography and Multimedia Museum avec “Love etcetera”
2019 _ Nominée pour le Prix Pictet
2019 _ Lauréate de la Biennale de Photographie organisée par le Museo Luis Noboa Naranjo, Équateur
2018 _ Lauréate de « New Visions », Cortona on the Move
2018 _ Lauréate du Wolf Suschitzky Photography Prize

L’année 2024 fut marquée par une montée d’un autoritarisme érodant les démocraties, mais aussi par l’émergence de puissants actes de résistance.
C’est particulièrement vrai en Géorgie — Sakartvelo en Géorgien—, une petite nation avec une longue histoire de lutte contre le colonialisme soviétique et russe.
Depuis que le parti autoritaire et pro-Kremlin « Rêve Géorgien », fondé par l’oligarque Bidzina Ivanishvili, qui a bâti sa fortune en Russie après l’effondrement de l’URSS, est arrivé au pouvoir en 2012, le pays a lentement glissé vers l’autoritarisme.

© Marylise Vigneau


Les élections législatives du 26 octobre 2024 étaient censées inverser cette tendance. Mais elles furent massivement truquées, et entraînèrent la suspension des négociations d’adhésion à l’Union européenne. La stupeur collective, mêlée de désespoir, qui avait suivi le scrutin, s’est alors radicalement transformée et l’angoisse s’est muée en fureur. Des dizaines de milliers de personnes déferlèrent
dans les rues, marchant vers le Parlement pour défendre la démocratie, leur souveraineté et leur avenir européen. À Tbilissi, les murs devinrent le terrain d’un affrontement symbolique : les messages de protestation, effacés chaque jour, réapparaissaient chaque nuit. Des feux d’artifice furent lancés sur le Parlement. Le gouvernement répondit avec férocité, à coup de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de matraques. Certains manifestants furent grièvement blessés, perdant parfois un œil. Des dizaines furent arrêtés, et des groupes masqués s’en prirent aux journalistes et aux opposants. Malgré tout, les protestataires ne plièrent pas.
Trois mois plus tard, chaque soir, l’avenue Rustaveli, l’artère principale de Tbilissi, continue de se transformer en un espace vibrant de résistance.
Cet essai est un hommage à un peuple courageux, inventif et résilient, qui refuse de se laisser dicter son destin. À ces « non » à la fois puissants et fragiles, qui échouent parfois, mais toujours façonnent le monde.

© Marylise Vigneau