Jean Gaumy

INVITÉ D’HONNEUR EN 2014

BIOGRAPHIE

Né en 1948 à Royan Pontaillac (Charente-Maritime), Jean Gaumy suit des études à Toulouse et Aurillac puis poursuit des études supérieures à Rouen où il a travaillé comme éditeur et photographe indépendant dans la région Paris-Normandie.

Jean Gaumy a été élu à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France en 2016

Il vit à Fécamp, Haute Normandie depuis 1995.
En 1973 il intègre l’agence Gamma à la demande de Raymond Depardon ; en 1975, il initie deux reportages au long terme sur des sujets jamais encore traités en France, le milieu hospitalier (L’Hôpital, 1976) et carcéral (Les Incarcérés, publié en 1983). Il rejoint l’agence Magnum en 1977 après avoir été remarqué aux Rencontres d’Arles en 1976 par Marc Riboud et Bruno Barbey.

Également réalisateur, il explore dans ses films et reportages le monde de la vie rurale et maritime. Il réalise en 1984 son premier film, La Boucane ; d’autres films suivent, souvent primés, tous diffusés par les télévisions françaises et européennes. Cette même année, il commence un cycle d’embarquements hivernaux à bord de chalutiers qu’il poursuivra jusqu’en 1998 et qui donnera lieu en 2001 à la publication du livre Pleine Mer.

Il réalise de nombreux reportages en Afrique, en Amérique centrale et au Moyen-Orient. Son premier voyage en Iran se déroule lors de la guerre avec l’Irak en 1986, où il prendra une photo devenue célèbre de femmes iraniennes s’exerçant à tirer pendant la guerre Iran-Irak. Il se rendra dans ce pays jusqu’en 1997.

Après Jean-Jacques, chronique du bourg d’Octeville-sur-Mer vue par les yeux de l’« idiot du village » en 1987, il réalise son troisième film, Marcel, prêtre, en 1994, tourné en plusieurs années à Raulhac, dans le Cantal. Dès 2005, il engage les repérages et le tournage du film Sous-Marin (2006) pour lequel il passe quatre mois en plongée lors d’une mission à bord d’un sous-marin nucléaire d’attaque. Il entame un travail de reconnaissance photographique qui le conduit des mers arctiques aux territoires contaminés de Tchernobyl en Ukraine. Pour le même projet, il repart en 2010 à bord du plus récent des navires dédié à la dissuasion nucléaire.

Il a reçu le prix Nadar en 2002 pour Pleine Mer puis en 2010 pour D’après nature, une série de paysages de montagne. Il est nommé officiellement Peintre de la Marine en 2008.

En 2013, il a rejoint l’équipe scientifique internationale « BB Polar » avec laquelle il se rend au Spitzberg et au Groenland (2013, 2014 et 2016).

Jean Gaumy © Michelle Gaumy
© Michelle Gaumy

EXPOSITION DES 20 ANS DE BARROBJECTIF : Paysages arctiques – La science rencontre l’art à la pointe nord de la Terre

« J’aime aller sur des terres hostiles pour être à la limite « , dit Jean Gaumy de Magnum, au sujet de son travail de photographe de l’Arctique, un sujet qui devient de plus en plus urgent – et politisé – à la lumière des débats sur le changement climatique. « J’ai une curiosité pour ces endroits depuis mon enfance, et maintenant que le climat atteint un nouvel écosystème sur la planète, je pense qu’il est important de voir ce que je peux voir à ce sujet. »

En janvier 2017, l’explorateur britannique Sir David Hempleman-Adams a demandé aux politiciens de prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques après un récent voyage en bateau autour de la région polaire par les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest – qui devrait traditionnellement prendre trois ans – qui a été achevé par son équipe en seulement quatre mois et un jour parce que la glace avait tellement fondu. Cela fait suite à la nouvelle de 2016 selon laquelle les scientifiques ont conclu que l’impact de l’homme sur la planète est maintenant si important que la Terre est entrée dans une nouvelle ère – qu’ils appellent Anthropocène.

Depuis 2008, Jean Gaumy a accompagné des scientifiques qui étudient les changements climatiques et le réchauffement de la planète dans l’Arctique dans le cadre de diverses missions de recherche, dont la plus récente est le projet Bebest. Embarqué sur le voilier scientifique Le Vagabond, ainsi que dans plusieurs expéditions internationales de BB Polar, le photographe a eu un accès exceptionnel aux régions reculées de l’Arctique. Parallèlement à ce travail documentaire, Jean Gaumy a poursuivi son travail personnel de longue haleine sur les paysages et les territoires. Le travail en cours qui en résulte est une vision intime et contemplative de l’Arctique, dépeignant une neige blanche désolée, des paysages désertiques et de puissantes vagues océaniques pétrifiées comme de grandes sculptures de glace par des températures sous zéro.

En tant que photographe, Gaumy est très conscient de la subjectivité de la photographie, mais aussi de son pouvoir révélateur – ce qu’elle peut montrer non seulement du monde capturé dans l’image, mais du photographe et du moment où il l’a prise. Pour lui, photographier l’Arctique est autant un exercice d’exploration de sa propre perception que l’étude du paysage lui-même.

« En tant que  » touriste  » professionnel que je suis, dit-il avec ironie, il y a deux choses que je fais quand je vais dans l’Arctique : photographier des paysages, et être avec les gens, observer leur signature, leur marque, sur le lieu. L’une est très contemplative, et je joue avec la représentation de la forme et ma vision du paysage telle que perçue à travers ma culture, mon passé et mes racines, comme je l’ai fait pour mon dernier livre D’après Nature ; l’autre est d’observer comment les autres personnes analysent scientifiquement les éléments de ces parties de la planète. »

Bien qu’il documente un domaine au centre du débat sur le changement climatique, Gaumy souligne les lacunes de la photographie dans sa capacité à saisir des preuves. « Les photos elles-mêmes ne sont pas des preuves du changement climatique. Elle est souvent invisible, impalpable et pourtant, avec le temps, évidente. Un scientifique peut vous dire objectivement qu’il y avait quelque chose il y a 20 ans et qu’il n’y en a plus maintenant. Je ne peux pas. Lorsque les scientifiques utilisent leurs expériences et leurs données pour analyser les changements climatiques et la raison de ces changements, j’envisage – modestement. Mes photos pourraient être vues comme une sorte d’enzyme pour agréger, pour attirer l’attention des gens. C’est ma contribution. »

Bruno Lasnier – Itinérance sur l’Icefjord

Bruno Lasnier pratique la photographie depuis l’adolescence. Il est né en 1964 à Soyaux (charente) et il vit en Gironde. Il est introduit dans le monde de la corrida et il collabore avec la presse spécialisée. BLasnier-portraitIl poursuit en parallèle un travail d’auteur sur le personnage emblématique du Torero  et il  a publié de nombreux ouvrages en rapport avec la Tauromachie. Mais ce n’est pas son seul sujet de prédilection : Le paysage, l’environnement et le patrimoine sont des thématiques qu’il affectionne particulièrement. Il a publié un livre sur l’estuaire la Gironde et un autre sur le patrimoine industriel de la filière bois dans les Landes. Ses images sont régulièrement exposés et sont présentes dans des collections privées ou institutionnelles. Après avoir sillonné le littoral Atlantique Européen de l’Islande aux Açores pendant de nombreuses années, il a réalisé en 2009 un livre ‘Terres Atlantiques’ avec des images panoramiques. En 2013 il décide de porter son regard sur de nouveaux territoires où la mer est toujours omniprésente. Il nous présente des images réalisées dans l’ouest du Groenland lors d’un périple sur l’Icefjord dans la baie de Disko. Au-delà de la beauté des paysages liée à la présence des Icebergs et à la lumière singulière du jour polaire, Bruno Lasnier nous montre ou vit la population. L’architecture est dépouillée, limitée à l’essentiel, sur des territoires de terre et de pierre sans arbre et avec très peu de végétation. Les êtres humains cohabitent avec la dureté de la nature brute et sauvage dans un mode de vie partagé entre modernité croissante et traditions. Ces images nous sensibilisent aussi à la protection de l’environnement et à la prise en compte de l’impact des changements climatiques.

 EXPOSITION BARROBJECTIF 2014 : Itinérance sur « l’Icefjord »

C’est la mer qui apporte presque tout aux habitants du Groenland. Il n’y a pas de route pour relier les villages entre eux et le seul moyen pour bouger est de se déplacer sur la mer avec la glace omniprésente.

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J’ai sillonné en bateau « l’Icefjord » et ses alentours et j’ai choisi de considérer la vue des navigants embarqués ou des pêcheurs relayant un port à l’autre. Le climat et la fonte des glaces perturbent les déplacements : en quelques heures un chemin tracé à travers les ‘glaçons’ peut devenir impraticable. Le silence n’est rompu que par le bruit des moteurs ou celui des icebergs qui craquent : les Inuits disent que « Les icebergs chantent ». Dans ces contrées arctiques sans nuit entre mi Mai et début Aout, la lumière singulière du jour polaire influence les couleurs : la mer peut afficher des reflets métalliques, la glace des bleus pastel et le ciel peut s’effacer ou s’embraser. Les photographies réalisées à travers les vitres de bateaux révèlent des passages improbables dans cet « Icefjord » qui est à la fois glace, eau douce, eau salée, fleuve et mer. D’être ainsi « recadrées » par la fenêtre du bateau, cela donne aux formes et aux choses une présence plus significative. Avec les traces et le ruissellement, les contours s’estompent et les glaces ressemblent parfois à des monstres marins ou il semble qu’elles se noient.

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Dans l’autre partie de mes images, c’est le regard de celui qui est descendu du bateau. Un regard sans la fenêtre, sur la terre, dans les villages d’Ilulissat, Ilimanaq et Oqartsuq où vit une population relativement jeune (40 % des habitants ont moins de 30 ans). On y trouve une architecture dépouillée, limitée à l’essentiel, sur des territoires de terre et de pierre sans arbre et avec très peu de végétation. Il règne une ambiance étrange et une atmosphère particulière de « flottement entre deux eaux ». Les êtres humains cohabitent avec la dureté de la nature brute et sauvage dans un mode de vie partagé entre modernité et traditions, dont on voit les traces au quotidien.

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