Après une formation BTS photo à l’École Nationale Louis-Lumière, Jean-Michel Leligny a travaillé comme tireur photo Noir et Blanc dans des laboratoires professionnels parisiens. Photographe indépendant et journaliste à partir de 1986, il travaille pour différents magazines européens, est distribué par l’agence Sipa puis Diaf. Parallèlement, de 1988 à 1990, il produit un travail personnel, Parking Production, qui fera l’objet de nombreuses expositions et parutions (Galerie BIP à Paris ; Jeunes créateurs au château de Maisons-Laffitte ; Château de Brecey ; Festival des jeunes créateurs à Val d’Isère). Une grave maladie, suivie d’une transplantation cardiaque, vient mettre une parenthèse à ces travaux. Après un an d’arrêt et ayant quitté Paris, il reprend son travail de photographe et journaliste pour des magazines en presse nationale et régionale. Il est aussi photographe pour l’agence Andia.
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EXPOSITION BARROBJECTIF : 2°20’ ou La France par le milieu
2°20’, plus exactement 2°20’14”, c’est la longitude du méridien de Paris. C’est aussi le tracé de la méridienne verte, imaginée par Paul Chémetov en l’an 2000 afin de fêter dignement le nouveau millénaire. Cet axe traverse la France par le milieu, de Dunkerque au nord, au col de Pal à la frontière Espagnole. On y a planté des arbres pour former une ligne visible depuis l’espace sur laquelle on viendrait célébrer chaque année « Liberté, Égalité et Fraternité ».
Mais le temps a fait son œuvre, beaucoup d’arbres sont morts avant d’avoir vécus, et la méridienne est redevenue une ligne imaginaire de plus de 1000Km, propice à porter un regard sur notre territoire. L’espace d’un été, je suis devenu photographe, voyageur et cycliste, à la rencontre de cette France du milieu.
Un voyage de près de 1800Km sur cet axe Nord-Sud pour se confronter à un monde réel, sans fard, en toute simplicité, à travers 8 régions, 20 départements, 337 communes. Un voyage pour partir à la rencontre d’une France que l’on ne connaît plus, loin des cartes postales et des représentations médiatiques.
Pourquoi le vélo ? Il est à la fois l’éloge de la lenteur et un moyen écologique de se déplacer. Si notre société nous oblige à « produire » et à vivre de plus en plus rapidement, jusqu’à la frénésie, les photographies de 2°20’ se présentent comme des espaces de pause.
« Lorsque l’on est sur son vélo, on n’est plus photographe, mais avant tout un voyageur qui ressent dans sa chair, dans ses muscles, le froid, le chaud, la pluie, le vent, le relief, la douleur, l’usure des kilomètres. Il y a une confrontation physique avec la géographie, le relief, le climat, mais aussi avec la maladie qui m’a touchée. L’effort et la lenteur permettent de porter un regard différent. Ce mode de déplacement, non agressif, permet la rencontre. Le cycliste devient vite sujet de curiosité, même si au départ, ce sont toujours les mêmes questions qui surgissent. D’où venez-vous, où allez vous ? Au final, les mêmes que dans la vie : Quel est votre parcours, quels sont vos projets ? Il faut prendre un peu de temps pour échapper à cette vision réductrice de l’être humain, pour découvrir sa richesse par d’autres détours… »
L’ensemble du travail est réalisé au moyen format selon un protocole établi. Rouler et photographier chaque jour, quelle que soit l’envie, l’inspiration, comme un travail répétitif. Une seule prise de vue à chaque fois, réalisée sur trépied. Des prises de vue frontales, des personnages photographiés de face, comme s’ils étaient spectateurs du vélo qui passe, sans aucune mise en scène, un peu comme une photo de famille. Les hommes et les femmes dans leur environnement, avec un plan large, beaucoup de vide autour, comme si malgré les facilités de communications, nous étions condamnés à la solitude.
2°20 a été nominé au Prix HSBC pour la Photographie 2012.