
Après avoir grandi dans une ferme du pays nantais, j’ai décidé d’aller suivre une scolarité d’un an dans un lycée en Allemagne.
J’ai ensuite commencé mes études supérieures par un BTS Commerce International à Nantes. Dans le cadre des échanges Erasmus, je suis ensuite parti un an à Birkenfeld en Allemagne dans un campus écologique. J’ai remporté le premier prix d’un concours photo organisé par l’établissement, ce qui a été pour moi le « déclic » pour m’engager davantage dans la photographie. J’ai ensuite intégré une deuxième année de Langues Etrangères Appliquées à l’Université de Nantes. Le mouvement anti-CPE ayant bloqué l’université pendant près de trois mois, j’en ai profité pour réaliser deux reportages : l’un sur le mouvement étudiant, l’autre sur la ville de Nantes. J’ai ensuite obtenu ma licence de LEA au Mexique à San Luis Potosi. J’ai vécu dans un quartier populaire et appris à connaître un milieu totalement différent du mien. Aujourd’hui volontaire associatif à Unis-Cité Grenoble, j’apprends à mieux connaître les réalités sociales françaises en travaillant dans différentes structures locales. Je suis maintenant en train de réaliser un projet de reportages photographiques sur la thématique des jeunes et des exclus de la société latino-américaine et à l’heure où vous lirez ce texte, je serai probablement en route pour le Chiapas.
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EXPOSITION BARROBJECTIF 2008 : Los Tropilocos XXI
C’est plutôt par naïveté et innocence, au détour d’une ruelle, alors que je photographiais des maisons abandonnées d’un quartier populaire du centre de San Luis Potosí que Jordan m’a interpellé. Après lui avoir expliqué ce que je faisais ici et pourquoi j’aimais faire des photos, il m’invita à le suivre pour qu’il me fasse découvrir des maisons abandonnées « encore meilleures ». Ne pouvant plus faire demi-tour, je décidai de le suivre. Après être montés sur les toits, une relation de confiance s’est créée et il m’a emmené dans leur squat. Dans une salle obscure où était peinte la « Santa Muerte », des hommes discutaient en buvant des bières, fumant des cigarettes, des joints, du crack. Jordan m’a présenté à la bande, je leur ai montré des photos. Avant de partir, il m’a demandé de photographier l’arrière de son crâne où était tatoué son prénom.

C’est de là que m’est venue l’idée de faire des photos d’eux, pour leur offrir, puis pour exposer ces photos dans un centre culturel de la ville. Les bandes de jeunes comme les Tropilocos sont courantes au Mexique. On dit qu’il ne faut pas les approcher, car ils peuvent nous voler, nous frapper, nous tuer… Et eux, ils m’ont offert leur amitié. Ils sont dénigrés par la société et j’ai souhaité mettre en avant leur humanité.
Ils m’ont proposé de partir avec eux en pèlerinage à San Juan de los Lagos, pour rendre hommage à leur vierge miraculeuse. Je les ai accompagnés dans ce périple de 270 km à pied en cinq jours et là, j’ai vraiment appris à mieux les connaître et à comprendre pourquoi un tel gouffre culturel et social nous sépare…
Pendant mon année au Mexique, j’ai pu avoir accès à deux mondes opposés : le monde superficiel des étudiants d’économie et l’humanité de ces personnes qui n’ont rien. Et apprendre à connaître ces derniers était ma priorité.
Je souhaite aujourd’hui définitivement me lancer dans la photographie, et ce au service de la « citoyenneté mondiale ». J’ai décidé de monter mon projet et ainsi, je pourrai retourner les voir à partir de juillet et continuer mon périple vers le sud, jusqu’en Colombie…

