François Baglin _ Vénézuéla _ Les enfants de l’Orénoque

Le moteur de la pirogue gronde depuis près de cinq heures, quand nous arrivons en vue d’un petit village fait de maison en bois sur pilotis, alignées le long du fleuve. La pirogue ralentit, nous nous approchons, les enfants sont déjà sur le ponton central.

À peine le pied posé sur le ponton, les habitants viennent à notre rencontre. Ils viennent voir qui nous sommes. Nous nous observons sourire aux lèvres. Très vite le contact se lie. La rencontre et l’acceptation se font sans problème. Un cours de Warao nous est donné dans l’école du village par Olivier, un ami anthropologue. Il nous apprend les rudiments de la langue afin que nous puissions rapidement communiquer  avec la tribu. Nous découvrons le village, accompagnés des enfants qui ne nous lâchent plus. Nous sommes conviés à la baignade quotidienne… Beaucoup de sourires, de regards, de rires, de bonheurs simples, de paix, en un mot la vie… Yakéra !

EXPOSITION BARROBJECTIF 2008 : Vénézuéla _ Les enfants de l’Orénoque

Cette exposition fait suite au voyage d’un mois effectué au Venezuela en août 2007. Grâce à l’anthropologue Olivier Allard de l’université de Cambridge, j’ai pu passer une semaine dans le village de Tékoburojos situé dans le Delta Amacuro où coule le Fleuve Orénoque (le deuxième fleuve d’Amérique de Sud).

© François Baglin
© François Baglin

Les habitants de ce village font partie de la civilisation « Warao ». Cette ethnie qui habite depuis plus de 600 ans dans le delta vit surtout de la pêche, mais aussi  de la cueillette et de la vente de fabrications artisanales traditionnelles telle que des hamacs, des paniers et des colliers. Les objets qu’ils fabriquent sont réalisés avec les fibres  du Moriché, l’arbre de la vie dans la croyance Warao. Warao signifie « peuple de l’eau ».Le peuple Warao compte aujourd’hui moins de 10 000 individus vivant dans le delta. Ce chiffre est en baisse depuis quelques années, car les Waraos migrent vers les villes, où ils gonflent les bidonvilles, principalement à Tucupita et à Caracas.

© François Baglin

Le gouvernement vénézuélien tente grâce à l’argent du pétrole de sédentariser cette population dans le delta. Mais si l’argent ne manque pas, une vraie gestion fait défaut. Ce même gouvernement semble vouloir désenclaver le delta grâce à la mise ne place au mois d’octobre 2007, d’une ligne de transport fluvial hebdomadaire. Un projet de création d’un aéroport au cœur du delta est en cours de réalisation. Ces avancées vont ouvrir cette région au tourisme et à d’autres activités économiques, avec le risque de voir disparaître à très courts termes le mode de vie et la culture du peuple Warao.