François Silvestre de Sacy _ Are you recording ? 

François Silvestre de Sacy _ Are you recording ? 

François SILVESTRE DE SACY : Les images et la prise de vue ont toujours été présentes dans ma vie, grâce notamment à un père qui sortait régulièrement son boîtier. La joie qu’il éprouvait lorsqu’il parvenait à prendre le cliché qu’il attendait était communicative ; il m’a transmis son enthousiasme.

 La photographie devait rester un passe-temps, jusqu’à la trentaine. Je décide alors de prendre ma passion au sérieux, et je me lance. Je me forme pendant un an à l’EFET, à Paris, commence rapidement à faire mes classes, puis à travailler pour des festivals, des tournages et différents événements à caractère entrepreneurial ou associatif, parallèlement à mon activité de traducteur.

La photographie commençait à devenir une activité rémunératrice, mais 2020, l’année Covid, marque un coup d’arrêt dans cette dynamique. J’en profite alors pour me concentrer sur mes projets personnels et mûrir ma démarche.

Ma pratique photographique, née dans la rue, est axée sur l’exploration de l’espace public et la documentation de la vie et des luttes de l’Homme. L’humain a toujours été au cœur de ma démarche. Depuis peu, j’adopte également une approche plus personnelle, d’auteur, intimiste, laissant libre cours à l’expression de mon ressenti, de mon vécu et de mes tourments.

Mon travail a été exposé (ou projeté sous forme de film photographique) dans différents festivals (Zoom Photo Festival Saguenay, Head On Photo Festival, Les Nuits photographiques de Pierrevert, Les chemins de photos, Les Nuits Photo, Présence(s) photographie).

Dans une Chine opaque et oppressante, traquée par ses millions de caméras, Yan, Taro, Toddy, Sam et les autres font comme ils peuvent.

L’homosexualité n’y est plus considérée comme une maladie et est légale. On profite d’un répit ; en 2019, les homosexuels ne seraient pas le principal ennemi. Le discours du régime, subtil, ne s’oppose pas ouvertement aux droits de la communauté LGBT.

© François Silvestre de Sacy

Alors la nouvelle génération pointe son nez, en quête de liberté. En fond : la nuit. La nuit, ses bars interlopes et ses ténèbres propices au camouflage, aux confidences et à l’oubli.

On ose y croire, on s’efforce d’y croire, on voudrait bien « VIVRE ».

L’anonymat est de rigueur, on s’y plonge, l’étau semble se desserrer.
On s’enivre, on s’offre, on s’abandonne.

© François Silvestre de Sacy

Puis on fait un pas en arrière, une grille, réelle ou imaginaire, s’est subitement baissée. La réalité rattrape, et remplit les vies de craintes et contradictions.

Certains s’échappent à Taïwan, pour la Gay Pride, là où on peut même se marier. Les plus téméraires enfileront un personnage, à leurs risques et périls. Ils tâcheront d’assumer, en rêvant malgré tout d’ailleurs. On se fait peu d’illusions. Et on est là pour le rappeler.

Car hélas, le régime chinois ne cesse de se durcir. Le centre LGBT de Pékin ferme ses portes en 2023 pour « force majeure », les thérapies de conversion se multiplient ; la censure continue d’opérer.

Alors on se tait, on s’exécute. Ou on s’exile.