Michel Roget _ Portraits de familles Indiennes au Chiapas

Michel Roget _ Portraits de familles Indiennes au Chiapas

C’est à travers l’objectif que ma grand-mère m’avait prêté que j’ai découvert le pouvoir des images pour capturer et raconter des histoires. Ces premières expériences de photo de voyage ont fait naître en moi une passion qui ne m’a jamais quitté. 

En tant que photographe autodidacte, j’ai appris à maîtriser l’art de la photographie au fil des ans et des rencontres avec d’autres photographes.

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Le premier Janvier 1994 sous la conduite du sous-commandant Marcos plusieurs tribus Indiennes du Chiapas (Mexique) se soulèvent, à la stupéfaction du gouvernement Mexicain, fêtant à leur manière l’entrée du Mexique au sein de l’ALENA (Marché commun américain regroupant le Canada et les États-Unis). Par ce geste ils tiennent à rappeler que leurs droits les plus élémentaires qu’ils soient humains, culturels sont bafoués pour ne pas dire inexistants, que leurs terres sont spoliées par quelques riches propriétaires et leurs conditions de travail plus proches du servage… Au bout de trois jours de combat et de nombreux morts, ils se retirent dans la selva Lacandone et proposent au pouvoir Mexicain l’ouverture de négociations sur la reconnaissance de leurs droits précités ainsi qu’une répartition plus juste des terres, dont certaines sont immédiatement annexées ; à charge pour le gouvernement d’indemniser les propriétaires.

Ce travail commencé en mars 1995 et poursuivi jusqu’en avril 1998, se compose d’une série de portraits de familles indiennes de l’ethnie Tojolabale et Tzozile.

© Michel Roget

Des familles en devenir (jeunes couples), construites ou déconstruites (par la brutalité des événements de la vie), ou bien sur leur fin de vie de couple et d’êtres humains.

Dichotomie humaine parce qu’ils sont mis à l’écart dans des villages difficiles d’accès. 

Culturelle parce qu’ils sont niés par l’État mexicain dans leurs langues et leurs coutumes.

Économique parce que les meilleures terres ont été confisquées par les grands propriétaires terriens, qui ne leur laissent que de maigres parcelles, juste de quoi subvenir aux besoins de la famille

Sociale, parce que rejetés de la cité et Humaine parce que bien souvent considérés comme espèce inférieure.

© Michel Roget

Dans les images cette dichotomie se note par le port d’habits ancestraux, particulièrement chez les femmes et les jeunes enfants, avec un mélange de vêtements occidentaux, le plus souvent portés par les hommes (habits déjà usés donc moins chers) ou par une tentative d’accès au monde occidental, – ou du moins à l’une de ses multiples représentations marchandes- par le port sur des tee-shirts, les vestes, des logos de marques connues mais qui ne sont que des imitations, les authentiques étant trop onéreuses.

Entre deux mondes, mais réellement dans aucun si ce n’est dans celui de l’abandon, de la mort lente; parqués dans la montagne loin des yeux du touriste pour qui le temps d’une publicité culturelle, d’un marché ou d’un besoin d’identité nationale ils redeviennent, à leur insu, des faire-valoir d’authenticité, de culture métissée.