Murat Yazar – Réfugiés syriens : la vie en dehors des camps

Né à Urfa en 1978. Après des études de tourisme et management à l’Université d’Harran, Urfa, j’ai suivi une formation en photographie à Fototrek Photograph Center, à Istanbul. Photographe indépendant depuis 2005, j’ai participé à de nombreux “workshops” dans différentes villes de Turquie. Mes projets Karacadag et The Alevis ont été exposés à l’Institut Kurde de Paris en 2008 et 2009, The Saturdays Mothers à Diyarbakir en 2010, The Faces of Mezopotamia à Berlin, Urfa et Antep en 2011, et 100 Reflections of Islam en exposition collective en Hongrie.

Mes photos ont été publiées dans IZ Magazine en 2012. Je suis le président de l’association de photographie et de cinéma, MEFSAD, basée à Urfa, à travers laquelle je donne des cours de photo et organise régulièrement des “workshops”.       Murat Yazar

m.niviskar@gmail.com

EXPOSITION BARROBJECTIF 2013 : Réfugiés syriens : la vie en dehors des camps

Quand la guerre civile a éclaté en Syrie, ce conflit semblait loin de nous, habitants du sud-est de la Turquie, proche de la frontière syrienne. Mais, rapidement, de nombreux Syriens ont quitté leur pays. Le gouvernement turc a installé et organisé le long de la frontière des camps faits de containers pour accueillir le flux massif et continu de Syriens fuyant les bombes. Dans la province d’Urfa, beaucoup de Syriens se sont installés dans ces camps fermés, encadrés par l’armée et interdits aux journalistes et photographes, mais certains Syriens ont décidé de s’installer dans des campements de fortune, sous des tentes, autour des grandes villes.

J’ai commencé à photographier les campements sauvages de réfugiés au début de l’année 2013 dans ma ville d’Urfa : j’ai visité régulièrement différents campements situés sur les collines qui entourent la ville. La plupart des Syriens que j’ai rencontrés m’ont dit être des Tsiganes, des Karaçi, comme on les appelle ici, population semi-nomade. Ils m’ont dit qu’après avoir fui la guerre en Syrie, ils ne voulaient pas être enfermés dans des camps, ne voulant pas de vie en captivité, entassés les uns sur les autres, sans l’autorisation d’en sortir à leur guise. Cependant, certains de ces Syriens ont quitté ces campements de fortune (à cause de la faim et du froid) pour aller dans le camp fermé d’Akçakale (à 50 kilomètres d’Urfa). Les autorités turques ont d’abord refusé l’accès au camp à ces Syriens qui ont dormi plusieurs jours dehors : je suis allé les rencontrer ces jours-là pour prendre des photos. Un jour que j’allais à nouveau dans un autre campement de réfugiés, les dizaines de tentes qui s’étalaient auparavant sur la colline avaient disparu. La police et l’armée avaient forcés ces réfugiés à quitter leur campement pour les emmener dans des camps fermés. Si certains d’entre eux ont réussi à échapper à la police turque, leurs tentes ont été brûlées. çadìr-6

Alessio Romenzi – Prix Lucas Dolega 2013

Alessio RomenziNé en 1974, Alessio Romenzi est basé au Moyen-Orient. Il a couvert extensivement le Printemps Arabe depuis le début, avec une attention particulière pour l’Égypte et la Libye. Il a ensuite couvert la Syrie, et a été l’un des premiers photographes a rentrer dans le pays clandestinement, alors que le régime de Bachar Al-Assad commençait à utiliser des armes lourdes contre l’opposition et à interdire l’accès aux journalistes.

Ses photos ont été régulièrement publiées dans le monde entier, ainsi que pour des publications d’ONG : Amnesty International, FAO, Unicef, la Croix Rouge, Save the Children, Terres des Hommes, War Child International, parmi d’autres. Quand on lui demande ce qui le motive, il n’a rien de définitif à dire. Il pense simplement qu’un appareil photo est le meilleur moyen qu’il a de ne pas oublier ce qui se passe ailleurs.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2013 : Survivre en Syrie

Les troubles qui agitent la République Arabe Syrienne depuis mars 2011 continuent d’affecter les populations civiles, en particulier dans les catégories les plus vulnérables de la population. La situation se détériore dans les villages et villes du pays, laissant les habitants sans protection, abri, nourriture ni eau. Beaucoup de civils ont été tués tandis que les autres survivent dans la peur quotidienne. Bien qu’ils soient nombreux à s’être enfuis et réfugiés dans les pays voisins, ceux qui n’ont pas pu quitter le pays sont constamment exposés à la violence du conflit.
 Je me suis intéressé à la Syrie depuis le début du soulèvement dans le monde arabe, et la guerre civile qui s’est déclenchée a accaparé mon attention. Mais trouver des accès et pouvoir rentrer dans le pays a été très difficile : avec l’accélération des violences et l’instabilité de la situation, ça a été quasi impossible pour les journalistes de savoir quand et comment accéder aux points chauds du conflit. À un moment crucial pour moi, j’ai décidé d’aller au Liban et d’attendre le bon moment pour entrer en Syrie. Cela m’a pris beaucoup de temps de trouver un moyen et ça n’a pas été sans risques. Une fois à l’intérieur, j’ai eu la chance d’être au cœur du conflit et de partager avec les populations civiles leur tragique expérience. J’ai passé plus de deux mois avec des familles syriennes, ainsi qu’avec des membres de l’Armée Syrienne Libre, en essayant de comprendre ce qu’ils pensaient, ressentaient et souffraient. C’est ainsi que j’ai été invité à capter leur vie dans des moments très intimes. Le but de ce travail est de continuer à faire prendre conscience de ce qui se passe en Syrie, et de faire réfléchir sur la destruction et les souffrances que la guerre amène dans la vie des personnes.

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