Arnaud ROINÉ est photographe militaire. Né en 1973 à Laval, il vit et travaille à Paris.
Ses missions officielles l’amènent à témoigner des engagements de l’armée française partout dans le monde. Mais, au-delà des images de conflit ou d’aide humanitaire pour la mémoire collective, il capture des instantanés de vie avec son matériel personnel.
En double regard permanent, il s’engage à révéler l’histoire d’après et fait disparaître le photographe institutionnel au profit de l’observateur attentif. Lorsque son mandat est terminé, son travail commence pour dévoiler ce qui se passe lorsque les objectifs officiels ne sont plus présents.
Arnaud Roiné
tel : 06-58-19-33-52
arnaudroine@yahoo.fr
EXPOSITION BARROBJECTIF 2016 : J’ai vu Ébola
Ébola n’était pour moi qu’une information, une mauvaise nouvelle de plus pour l’Afrique lorsque l’OMS déclare officiellement l’épidémie en mars 2014. J’ai vu, comme tout le monde, des images terribles de personnes mourant dans les rues. Puis ces scaphandres blancs, jaunes ou bleus venant prendre les malades chez eux pour les transporter dans de grandes tentes isolées dans des no man’s land. A ce jour, sur les 24000 personnes touchées en Afrique de l’Ouest, plus de 10 000 sont décédées. Ébola est devenu plus concret lorsque j’ai été envoyé en mission à Conakry en décembre 2014. Je devais passer trois mois à documenter la montée en puissance puis le quotidien d’un centre de traitement un peu particulier. La France, à la demande de la coordination guinéenne, a décidé de mettre en place un centre de traitement Ébola à destination des personnels soignants (CTS), ces hommes et ces femmes que le Time Magazine avait désigné : « person of the year » 2014. Ce centre de traitement était opérationnel au mois de janvier 2015 avec une seule devise : « Vous étiez là pour eux, nous sommes là pour vous. » Tout au long de mon séjour dans ce pays, je suis allé à la rencontre de ces héros ordinaires, ces Guinéens qui se sont levés pour faire face à l’épidémie qui ravageait leur nation.
J’ai voulu les photographier droit dans les yeux et leur donner la parole. Par le portrait et le regard direct, j’ai souhaité oublier les images spectaculaires de l’épidémie Ébola pour me focaliser sur ces visages marqués par ce qu’ils ont vu et vécu. Leurs témoignages mettent en lumière une réalité parfois bien plus forte que ce que peut contenir une image seule aussi violente soit-elle. À travers cette série, tous ont la parole, qu’ils soient Guinéens, Français, soignants ou soignés. Quoi de mieux que leurs mots pour exprimer leurs maux !