..COUP DE CŒUR DE BARROPHOTO..
Jeanne FRANK est née en 1984 à Paris. Diplômée d’un Master d’Histoire de l’Art dont le mémoire porte sur la photographe Lee Miller, Jeanne Frank part ensuite pour New York où elle travaille trois ans, en tant qu’éditrice photo (Polaris, Contact Press).
En septembre 2015, elle se lance en tant que photographe indépendante et couvre l’actualité politique et sociale. Avec le temps, elle affine son travail vers une écriture plus documentaire. Elle réalise des sujets au long cours en Bosnie-Herzégovine. Elle travaille depuis 2018 sur les traumatismes de la guerre de 92-95 chez les jeunes en Bosnie-Herzégovine. Ce travail a été exposé à Athènes en 2020 et à Sarajevo en 2021.
En France, Jeanne travaille sur le territoire de la Seine-Saint-Denis (93). En 2018, elle a suivi les habitants du HLM qui jouxte l’enceinte du club de football le Red Star à Saint Ouen. Ce travail intitulé « Planète Z » a fait l’objet de nombreuses expositions.
En 2021, elle reçoit le Grand Prix Fujifilm des « Femmes s’exposent » à Houlgate pour son travail sur les conséquences de la tempête Alex dans la Vallée de la Roya.
Parallèlement à son activité photographique, Jeanne anime des ateliers photos auprès des jeunes de cités à Saint-Ouen. Jeanne est membre de l’association Divergence Images.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2023 : L’oiseau en cage rêvera des nuages
Toute ma vie, je me suis sentie femme. Son affirmation sonne comme un manifeste.
Elena est née « Rade », à Sarajevo, en 1951. Sa mère a toujours regretté de ne pas avoir eu de fille. Adulte, Elena prend conscience de sa féminisation. Je suis une femme dans un corps d’homme.
Ce n’est qu’à l’âge de 65 ans qu’Elena découvre l’existence des personnes transgenres, par l’histoire du célèbre mannequin bosnien Andreja Pejić, premier top model transgenre à faire la couverture de Vogue aux États-Unis.
Elena apprend également, qu’il est possible de se faire opérer pour changer de sexe. La Bosnie-Herzégovine manque cruellement d’informations sur les droits des personnes transgenres et nous sommes victimes de discrimination.
En 2016, Elena décide donc d’entamer les démarches pour changer de sexe. Après avoir été diagnostiquée F64.0, « troubles de l’identité sexuelle », elle demande la citoyenneté serbe et se lance dans sa transition. Ces opérations chirurgicales ne sont pas pratiquées en Bosnie-Herzégovine. Du reste, le personnel médical n’y est pas formé.
Les personnes transgenres n’ont donc d’autre choix que d’effectuer leur changement de sexe à l’étranger. Plusieurs fois dans l’année, Elena se rend à Belgrade afin de voir le médecin qui pratiquera son opération.
Je suis très pauvre. Je touche le minimum d’aide en Bosnie. Quand j’ai commencé ma transition, je dormais dans des parcs afin d’économiser de l’argent pour mon opération.
Pour les personnes transgenres, la situation est très compliquée en Bosnie-Herzégovine. La discrimination à leur égard est certes interdite depuis 2009 et la loi permet, en principe, à celles qui ont changé de sexe de modifier leur état civil mais la réalité est tout autre.
Être une personne transgenre en Bosnie l’empêche de vivre librement. Elena a plusieurs fois été victime d’agressions. Elle pense que la religion y est pour beaucoup. Les paroles sont tellement blessantes à mon égard que je préfère me taire à ce sujet.
Je réalise enfin mon rêve de septuagénaire. Mon parcours a été difficile. Vivre à Sarajevo et faire sa transition à Belgrade. Il faut non seulement de l’argent, la santé, la vie, le temps et les nerfs.
Elena est parmi les premières personnes transgenres de Bosnie-Herzégovine à faire sa transition.