Hervé CHATEL est un photographe autodidacte installé à Paris. Il est membre du collectif Hans Lucas. J’ai d’abord pratiqué la street photography afin de raconter la rue, les ambiances, les petites choses invisibles du quotidien… Aujourd’hui, je continue de me perdre dans Paris afin de documenter sa vie et ses habitants. Hors la capitale, j’explore les sujets liés à l’environnement ou faisant le lien entre homme et animal et les problématiques liées au domaine de la santé.
En octobre 2016, après 15 années dans le domaine du graphisme et du webdesign, j’intègre l’Emi-Cfd pour suivre une formation de photojournaliste documentaire dirigée par Julien Daniel (agence MYOP) et Guillaume Herbaut (photographe documentaire). À la fin de la formation j’obtiens le Grand-prix photo reportage étudiant/Paris Match 2017. Mes images ont été publiées dans Le Point, Télérama, La Croix l’Hebdo, La Croix, Fisheye, Le Pèlerin, ActuSoins et dans divers photobooks (revue Arthur, World Street Photography 3 & 4, Eyeshot).
J’explore les sujets liés à l’environnement, le lien entre homme et animal. Je documente aussi les problématiques liées au domaine de la santé.
En 20 ans de métier, elle a vu le rôle de l’infirmière évoluer. Les contraintes budgétaires amenées par la Sécurité Sociale ou la logique de rentabilité instaurée dans certains hôpitaux ont selon elle conduit à une baisse de la qualité des soins d’une manière générale en France. L’apparition des maisons de santé présentée comme une solution en zone rurale lui fait craindre à terme une disparition du métier d’infirmière libérale.
Patrick COCKPIT est membre du studio Hans Lucas et travaille essentiellement comme portraitiste pour la presse, l’institutionnel et différentes maisons d’édition.
La quarantaine attaquée, Patrick Cockpit travaille sur la représentation photographique de l’attente, du silence et de l’invisible. Adepte des images droites et carrées, il cultive sa schizophrénie en montant divers projets sur le totalitarisme et sa mise en spectacle, ou plus prosaïquement sur le portrait féministe, punk et décalé.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Figures oubliées de la résistance féministe à l’orée du XXe siècle..
Les vingt images présentées n’existent pas. Tout est faux. Les vingt images présentées ont été retrouvées au grenier, par hasard. Tout est vrai.
La photographie est mensonge et vérité. Au dix-neuvième siècle, quand la technique du collodion fait son apparition, elle sert d’abord de compte-rendu. On parlerait aujourd’hui de photojournalisme. Les cadavres de saisis par Timothy O’Sullivan ou le champ de boulets transfiguré par Roger Fenton en Crimée en sont l’illustration la plus frappante, tout en soulevant déjà le concept d’intention… et de manipulation. Les choses se compliquent encore avec les premiers portraits. Très vite, la notion de décor prend son importance. Mais que faire des images neutres, sans autre indication historique que les vêtements, les coiffures, les attitudes des personnes représentées ? Comment identifier l’époque, l’année, le lieu, la véracité de ce que les photographes choisissent de montrer.
C’est le sujet de Figures oubliées de la résistance féministe à l’orée du vingtième siècle. Entretenir le doute, forcer celles et ceux qui regardent à s’interroger sur l’origine de ce qu’on leur présente. À l’ère d’Internet et de Photoshop, quand littéralement tout est douteux, où est la vérité ? Comment la distinguer ? Où se situe la frontière entre fiction et réel ?
* Les collodions ont été réalisés à la chambre grand format. Les plaques aluminisées sont des positifs directs, uniques, exposables en l’état. Leur grande fragilité et leur mauvaise conservation impliquent un éclairage tamisé.
* Nos expositions étant toutes présentées en extérieur cette année, cette série de portraits sera donc des reproductions des tirages collodions originaux.
Isabel CORTHIER née en 1977 en Belgique est une photographe documentaire indépendante qui travaille à l’international pour des organisations humanitaires telles que Caritas, Trias, Médecins sans Frontières…
Je suis fascinée par la force et la résistance des humains pour faire face à des situations difficiles. Dans mon travail, j’aime souligner le pouvoir que les humains peuvent montrer pour survivre et leur créativité lorsque les options sont limitées. En raison de cette vision, mon approche est souvent positive, même dans les situations les plus extrêmes.
Son travail est publié dans National Geographic NL, BBC, El Pais, De Volkskrant, … Elle a remporté plusieurs prix (PX3, SIPA, ND, IPA). Depuis 2015, Isabel est ambassadrice pour Fujifilm en Belgique.
L’Afrique du Sud compte plus de 50 meurtres par jour. En 2019, le nombre élevé de violences basées sur le genre a été déclaré une crise nationale.
Habillés, de tenues de mode exquises, faisant référence au bon vieux temps — où le respect était une valeur élevée chez les Sud-Africains noirs — les membres du Brotherhood Social Club défilent dans leurs cantons pour repousser l’attitude du crime et réintroduire les bonnes manières.
Pendant les ‘promenades communautaires’ ils abordent leurs frères et sœurs en faisant preuve d’empathie et de camaraderie. Se faire remarquer par leur style vestimentaire exquis et leur énergie positive fait partie de la stratégie du Club: les gens s’intéressent à les rencontrer et à les écouter. Le respect et l’acceptation dans la communauté sont essentiels pour se connecter plus tard avec des individus qui se sont égarés ou qui vivent dans une pauvreté extrême. Étant donné que tous les membres vivent dans des cantons, ils approchent les problèmes de l’intérieur avec une compréhension approfondie de la situation.
L’idée du groupe est née du désir de revenir au style et au (self-) respect des noirs avant 1994. Le style vestimentaire se réfère au style Pantsula. Il s’agit d’un style de mode et de danse né à l’époque de l’apartheid.
Le Club est un mélange de jeunes et de vieux membres. Bien que les hommes plus âgés obtiennent plus de respect, ils doivent également s’identifier à la jeune génération. Le Club a une page facebook où ils mettent des photos et des vidéos et une chaîne youtube. FB: Brotherhood Social Club National. Beaucoup de jeunes, les prennent comme modèles.
Le 9 novembre 2019, le Club a organisé une grande marche à travers le canton de Weltevreden Valley North au Cap pour l’inauguration officielle du Club et la nomination du président. Le Club compte actuellement plus de 100 membres répartis dans 7 branches à travers l’Afrique du Sud. Ils prévoient de s’étendre au Botswana en 2020.
Avec l’utilisation des médias sociaux, leur présence physique dans la communauté fait d’eux, d’après Isabel Corthier, les véritables influenceurs de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui!
Reportage réalisé lors de plusieurs visites entre avril 2019-décembre 2019 dans le canton de Vrygrond et le canton de Weltevreden Valley North au Cap. (Canton = township)
Mathias DUBRANA a découvert la photographie argentique lorsque qu’il avait 18 ans dans un club amateur au fin fond du Gers. Il a rapidement délaissé cette pratique pour se tourner vers le dessin. Après des études d’histoire de l’art et d’arts plastiques à l’université, il s’est orienté vers l’enseignement. Une partie de sa carrière s’est passée à l’étranger, notamment à Madagascar où il a redécouvert la photographie à l’aide d’un vieux Nikon et d’un compact numérique.
Depuis, entre deux cours, je fais de la photo. Pas forcément comme un photographe, mais plutôt comme un bidouilleur compulsif. Mon plaisir, c’est d’explorer des pratiques variées, mais qui, comme chez Gaston Lagaffe, échouent plus souvent qu’elles ne réussissent.
2020 – 2e prix des Rencontres Arles
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Perspective(s)..
Pour une jeune personne, le passage au collège est le moment où l’on sort de l’enfance pour rentrer dans l’adolescence. C’est le moment transitoire par excellence. Le corps, le cerveau, les goûts, les points d’intérêt, le langage, les vêtements, la coupe de cheveux changent. L’imaginaire et la naïveté de l’enfance laissent place au blase de l’adolescent.
Le collège, c’est donc ça : le changement, la mort de l’enfant, la violence, la solitude, mais aussi la découverte, la compréhension, la renaissance. C’est le temps où on crée des perspectives et on en efface d’autres.
En temps qu’enseignant je me suis intéressé à la vie du collège où je travaille. Comment raconter ce qui s’y passe, ce qui change et se transforme ? Qui sont les personnes qui y travaillent ?
Perspective(s) est une série de 7 panneaux. Eux-mêmes étant constitués de 72 photographies permettant de recomposer cet espace où les identités se construisent.
Julien ERMINE est un photographe français indépendant âgé de 38 ans basé dans l’ouest de la France à Rennes. Membre et Co-fondateur de l’agence Dalam, son travail est actuellement diffusé par le studio Hans Lucas. Ancien travailleur social, son activité se concentre essentiellement autour de la photographie d’actualité et de reportage.
Ses sujets s’orientent principalement sur des thématiques liées aux inégalités sociales, aux problématiques humanitaires et aux zones de conflits à travers le monde, Asie, Afrique et Moyen-Orient.
Prix et récompenses
2013 – Prix de la Photographie Humaniste de l’année et Prix du meilleur jeune talent photographique de l’année
2014 – Prix du reportage de l’année. www.photographiesdelannee.com
2016 – Mention spéciale du Lens’Art Photographic. www.lensartphotographic.com
2019 – Participation à la World Photographic Cup – catégorie Reportage »
Perdu dans les montagnes verdoyantes du centre de l’ile Indonésienne de Sulawezi vit un peuple aux coutumes funéraires très particulières. Les croyances qui entourent la vision de la vie et de la mort de ce groupe ethnique diffèrent en bien des points de nos traditions occidentales. Pour les Toraja, la mort n’est pas la fin. La mort n’intervient que sur le corps physique, elle ne représente simplement qu’une étape où l’esprit perdure et continue ailleurs son chemin. Afin d’accompagner les défunts dont l’âme continue de les entourer, les rituels funéraires Toraja possèdent nombre des particularités fascinantes et déconcertantes à la fois.
Les funérailles (appelé Le Tomaté), ont lieu jusqu’à 3 ans après le décès. Celles-ci durent 7 jours et revêtent le caractère le plus sacré.
Pendant cet intervalle d’un à trois ans, la famille du défunt veille sur son corps ou sur son cercueil, entreposé le plus souvent dans une pièce de la maison familiale, attendant patiemment que n’arrive le premier jour d’une longue cérémonie.
Dans certains villages du nord Toraja, il existe un rituel, celui du « Ma’néné » ou « des deuxièmes funérailles ». Selon la tradition locale, les corps, au préalablement embaumés, sont ressortis de leur cercueil, pour être entretenu par la famille. Ils sont nettoyés et changés. C’est un moment pour la famille de renouer le lien, de leur parler, éprouvant joie et tristesse dans un moment qui à certains égards peut décontenancer.
Né en 1985, Émeric FOHLEN découvre la photographie durant ses études de communication à Paris. Après avoir voyagé pendant un an à travers l’Asie de Pekin à Bangkok, il confirme sa passion pour le reportage photo. Son approche immersive du journalisme lui permet de développer un travail complet sur des questions sociales, économiques et politiques importantes dans différents territoires tels que la Tunisie où il questionne le rôle des jeunes dans les récents changements politiques.
Au cours des 10 dernières années, Emeric Fohlen a travaillé sur des projets à court et à moyens termes tels que la situation des camps Roms en France en 2013, la révolution ukrainienne en 2014, le festival Burning Man aux Etats-Unis en 2015-2017, la notion de sécularité au Maghreb en 2016-2017 et la situation des chrétiens au Pakistan en 2018, la guerre civile au Kasai en République Démocratique du Congo ou encore la situation des Amérindiens en Amazonie en 2019. Son travail est publié et commandé régulièrement par des magazines et quotidien français et internationaux, dont Paris Match, VSD, M le Monde, D la Repubblica, Le Figaro, etc.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Peuple du silence..
Alors que les citoyens sont appelés à se confiner, la crise du Corona Virus les a révélés : caissiers, livreurs, agents de nettoyage, commerçants de proximité ou encore soignants, ces travailleurs apparaissent enfin pour ce qu’ils sont : des rouages essentiels à la vie du pays.
« Nous sommes en guerre », Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots lors de son allocation du 16 mars 2020. A l’aube de la pandémie de Corona Virus, le président annonce des mesures sanitaires strictes pour réduire les déplacements et contacts humains dans tout le pays. La période de confinement national est déclenchée et durera plusieurs semaines.
Alors que le pays se fige, pas de télétravail possible pour ces boulangers, ces caissiers, ces soignants, ces agents d’entretien, ou encore ces policiers. Durant cette crise sanitaire inédite, ces petites mains s’activent chaque jour pour assurer la continuité de l’activité de la nation. Loin du monde de la performance et de la compétition qui régit habituellement notre société, leur présence est plus que jamais nécessaire au bon fonctionnement du pays.
En pleine période de confinement, je suis allé à la rencontre de ces travailleurs ordinaires pour mettre un visage sur ces maillons essentiels à notre société. Alors que le silence règne dans les rues de la capitale durement touchée par l’épidémie, ces héros de l’essentiel assurent les besoins des confinés.
Corentin FOLHENné en France en 1981.Il découvre la photographie durant ses études de Bandes Dessinées à Bruxelles et change de passion au cours de sa dernière année. Corentin est diffusé par DivergenceImages et travaille en commande pour la presse française et internationale.
Après m’être installé à Paris en 2003, je découvre l’univers de l’actualité, l’excitation des manifestations, le défi du journalisme et entre en octobre 2004 au sein d’une petite agence photo, Wostok Press. Puis je suis passé par les agences Gamma et Abaca, je deviens totalement indépendant et diffuse à l’association Fédéphoto, devenu depuis DivergenceImages. Jusqu’en 2011 j’ai couvert l’actualité française et internationale : élection présidentielle française en 2007, conflit au Nord-Kivu, guerre en Afghanistan, révolution Orange en Ukraine et à Bangkok, émeutes en banlieue parisienne et à Athènes, séisme en Haïti, révolutions arabes en Égypte et Libye, premières élections libres en Tunisie, famine dans la Corne de l’Afrique… avant de prendre du recul, du temps et orienter mon travail vers des histoires plus longues et une réflexion plus documentaire.
Depuis 2012 je me suis lancé dans un travail au long cours sur Haïti : je tente de montrer une autre image du pays – plus complexe – loin des poncifs misérabilistes souvent associés à cette île, et j’explore la richesse culturelle et humaine du pays avec une réflexion sur les conséquences de la mainmise internationale. Après 19 séjours dans le pays, ce travail – récompensé par le Prix AFD-LIBÉRATION du meilleur reportage 2016 – a abouti au livre « HAÏTI », sorti en janvier 2017 aux éditions Light Motiv.
En parallèle je travaille sur des séries plus personnelles et artistiques. Que ce soit avec le réalisateur Jérôme « Printemps » Clément-Wilz dans notre duo nommé EPECTASE , ou dans mon exploration familiale en réalisant une série sarcastique sur la naissance de mon fils « LARDON 1ER » ainsi qu’un travail sur la recherche de la liberté individuelle avec « MON ONCLE (…est un génie) », qui ont tous deux fait l’objet d’un livre aux éditions PhotoPaper (2018 et 2020).
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : MON ONCLE (…est un génie)..
Au delà de raconter l’amour et l’admiration que je porte à cet homme hors du commun – « l’original de la famille » -, il s’agit ici de narrer les aventures d’un véritable démiurge fascinant. Parce que j’ai toujours vu en ce parrain – qui petit me terrifiait par sa carrure et sa grande gueule de brute mal dégrossie – un être fantastique. Inspirant. Libre. À l’opposé des conventions.
À l’adolescence je me suis rapproché de lui. On a commencé à partager l’amour de la musique et de l’humour glacial. Et puis il est devenu l’adolescent qu’il n’a pu être dans une famille catholique étriquée et conservatrice. J’ai vu alors mon oncle dans la cinquantaine rajeunir, passer de pro-sarkozyste à fan de Mélenchon, un cro-magnon se revendiquer féministe, s’abonner à Causette, découvrir les soirées parisiennes underground et tester son premier acide. Un patron-entrepreneur embrasser la cause des Gilets Jaunes. Un homme solide devenir sensible… J’ai vu mon oncle devenir ce qu’il a toujours été au fond de lui.
Mon oncle est un génie génial, c’est une évidence.
Cette série est une ode à la Liberté, de celle qui vous enflamme et vous consume, celle qui fait face au futile, à la mesquinerie. La vraie liberté, celle qui élève le blasphème au rang d’étendard, celle qui rend hommage au déserteur inconnu – seul vrai héros des guerres.
La liberté n’est pas un vain mot ni une facilité. C’est un combat de longue haleine, de toute une vie. Sans relâche, car elle est de celle qui peut facilement vous filer entre les doigts. Mon oncle est de ceux qui continuent de construire son monde. Une planète que j’imagine pleine de tous les possibles. Sans limites si ce n’est les limites de l’esprit. Pour cela il faut se libérer, c’est un apprentissage, de tous les jours. J’ai justement vu mon oncle s’épanouir et s’ouvrir avec les années, là où la plupart des hommes et femmes se referment au fil du temps.
« Être plus que soi-même est-ce possible ? ». Cette phrase de mon oncle résume bien cette recherche. Être soi-même c’est se limiter, aller au-delà c’est se délivrer. Les images du livre sont la réalité de l’état d’esprit de mon oncle. Il est lui-même, et se laisse aller parfois à accéder plus loin qu’il ne pouvait l’imaginer. J’exacerbe le personnage qu’il a au fond de lui. Il me pousse à aller le chercher par le biais de la photographie. Ces images sont un débat d’idées en duo, un duel intérieur exubérant, une danse de l’âme à l’humour comme seule limite. Une extrême coïncidence d’une connivence de l’esprit.
Parce qu’il est à la fois artiste, ingénieur, philosophe, fou dingue, mais doux-réaliste, scientifique, bâtisseur de sa vie et architecte de son environnement, poète, utopiste-pessimiste, libéral-anarchiste.
Pierre GÉLY-FORT, français né à Alger, expatrié dans différentes parties du monde durant plus de 25 ans (Asie, Europe de l’Est, Scandinavie) a suivi une formation à Gobelins et des Workshops avec Klavdij Sluban.
Auteur photographe et créateur de livres, ayant la particularité de créer des univers visuels, chromatiques, Pierre Gély-Fortpoursuit ses voyages par le biais de ses livres qu’il met en page et conçoit lui-même. Sans texte ni légende, les lieux ne sont qu’un prétexte pour une expression artistique. L’auteur présente ses errances et ses rencontres au fil des pays avec une émotion du regard où le dialogue est sous-jacent. De ses errances géographiques, le spectateur / lecteur y lit un imaginaire singulier, une empathie et une tendresse envers les personnes photographiées et la mise en scène du réel. L’assemblage, les jeux de correspondances et la scénographie construits de ces instants photographiques font dialoguer les images entre elles et créent une proximité avec le sujet. Ainsi, d’une errance à une autre, les univers émotionnels diffèrent, mais l’œil et les correspondances entre les images nous deviennent familiers. Le spectateur / lecteur reconnaît une atmosphère chaleureuse et sensible notamment par les choix de lumières. Fiona SANJABIDirectrice de La Galerie Rouge-Paris.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : The Dark LOVE BOAT..
Miami Beach, son port, capitale mondiale des croisières avec plus de 5 millions de passagers par an. Là commence l’histoire du plus grand paquebot du monde le Symphony of the Seas fabriqué en France. Quand les chantiers de Saint-Nazaire annoncèrent en avril 2018 la mise en service de ce monstre des mers avec près de 9.000 personnes à bord, j’étais dans les starting-blocks !
Après un galop d’essai en Méditerranée d’avril à octobre 2018 le paquebot géant rejoint sa destination initiale & finale Miami Beach, pour une croisière américaine vers les Caraïbes.
Parodiant « La Croisière s’amuse» série TV américaine culte aux 270 épisodes diffusés en France dans les années 80 & début 2000, cette série-photos s’intitule « The Dark LOVE BOAT » issu du titre américain original « The LOVE BOAT ».
Mars 2019, en tongs / maillot de bain ou en smoking partageant jour & nuit les activités des croisiéristes américains, j’en propose une vision très personnelle éloignée d’une narration traditionnelle documentaire ou photo-journalistique. Le choix du noir & blanc se révélant être une évidence. Extraite du livre-photos de 87 images auto-édité du même nom, cette série de vingt photos donne un point de vue d’auteur sur la vie de croisière de la middle class américaine d’aujourd’hui. Elle explore et interroge surtout l’existence ou l’inexistence du lien entre le croisiériste, sa vie à bord, et la mer.
Comme dans un conte, une croisière hors du temps où chacun peut se raconter sa propre histoire …
Jérémie Jung s’intéressant à la région baltique et par extension aux marges de la Russie. Depuis 2013, il travaille notamment sur les identités estoniennes. Son travail a été publié par plusieurs médias tels que National Géographic, Géo, The Washington Post et exposé dans des musées et festivals tels que Les Rencontres d’Arles et le Musée d’Orsay. Il a reçu le prix ANI-PixTrakk en 2017 à Visa pour l’image.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Le Daghestan sur le fil..
Un jour Ali appela son voisin de l’autre côté de la vallée : « Eh ! Ahmed, viens donc nous rendre visite. Tu n’as qu’à jeter une corde pour traverser ! »
Au sud de la Russie en république du Daghestan le funambulisme est une pratique courante. On y affirme que cet art aujourd’hui circassien y aurait même vu le jour et était d’abord un moyen de se frayer chemins par delà les reliefs.
Il est difficile de trouver des documents attestant de l’origine effective de cet art au Daghestan. Cependant, selon un historien local – Sergey Manyshev – la pratique serait apparue au 19e siècle et était un moyen pour les chefs de guerre de prendre l’avantage sur l’occupant russe peu entrainé à ce relief caucasien.
Puis petit à petit, le funambulisme est devenu un moyen de gagner sa croute dans des endroits reculés où parfois rien ne pousse. Des troupes se sont montées et ont loué leurs spectacles de village en village, célébrations en célébrations. Très rentable, la discipline devint attractive auprès des jeunes. Face à la concurrence, les artistes devinrent très bons ! Les cirques soviétiques vinrent ainsi recruter leurs funambules au Daghestan. Il est même des villages comme Tsovkra Piervaya où l’on affirme que tous les habitants pouvaient tenir sur le câble. Mais aujourd’hui à Tsovkra, la moitié du village est en ruine et on y trouve surtout de la nostalgie chez les vieux, l’envie de déguerpir chez les jeunes, des vaches et une mosquée flambant neuve.
Effectivement aujourd’hui tout a bien changé, beaucoup de ces villages trop reculés subissent un exode rural massif. Le funambulisme n’intéresse plus et ne rapporte plus. La jeune génération rêve de la capitale, Makhatchkala. D’autres, plus crédules, ont été recrutés et sont partis combattre en Syrie. Mais face à cet appauvrissement certains résistent encore et pratiquent tant bien que mal, d’autres s’évertuent à transmettre et ont ouvert des écoles où tous peuvent apprendre.
C’est ainsi qu’Askhabali Gasanov, ancien funambule enseignant aujourd’hui l’art du câble à de jeunes étudiants dans un vieux théâtre abandonné de Makhatchkala, explique la naissance du funambulisme au Daghestan.
Marine LECAMP, jeune photographe française, née à St Michel près d’Angoulême, est une passionnée de l’image, des gens et des rencontres.
Son amour pour la photographie débute pendant son adolescence, trouvant ainsi derrière son appareil une échappatoire aux soucis du quotidien. Après avoir passé son bac dans le domaine de l’art, Marine décide de faire des études supérieures de photographie au sein de l’ETPA. Elle en sortira; BTS et licence en main trois ans après.
L’été, Marine est animatrice de colonies pour enfants en situation de handicap. N’oubliant jamais cette expérience, elle veut en apprendre plus sur le handicap; tout d’abord en y mêlant la photo, c’est là qu’elle fait la rencontre d’Annaé; puis en travaillant auprès de jeunes et de moins jeunes en situation de handicap.
Le social ne la quittera plus. Elle entreprend alors des études d’éducatrice technique spécialisée pour mêler photographie et handicap. Deux milieux opposés qu’elle souhaite entrelacer afin de permettre à tous d’accéder à la photographie et dans une utopie qu’il lui appartient : permettre au monde d’ouvrir son regard sur le handicap.
Toujours partante pour faire de nouvelles rencontres, elle porte un réel intérêt aux personnes et à leur histoire. Ses rencontres et ses expériences ont fait d’elle une jeune femme pleine de vie et déterminée, investie avec tout son cœur dans son travail de photographe vraiment sociale.
J’ai rencontré Annaé et ses mamans un mardi de novembre. Annaé est polyhandicapée. Je découvre le quotidien éreintant de ses deux mamans et, à travers elles, celui de familles dont les vies basculent du jour au lendemain. Leurs proches s’éloignent, les médecins sont souvent démunis. L’omniprésence du médical, la répétition des gestes, rendent les journées interminables et épuisantes.
Malgré les nombreux intervenants extérieurs : kiné respiratoire, orthophoniste, médecins, techniciens … Annaé et ses mamans sont seules.
C’est ce huis clos étouffant et néanmoins heureux que j’ai voulu montrer.