Jean-Luc Gelin – Les ébouillantés

Gelin-02 Gelin-10

Né en 1961 dans la région de Poitiers, je découvre l’appareil photographique dès mon plus jeune âge et me prend rapidement de passion pour cet outil qui m’offre un nouveau regard sur le monde.
Apprenant la photographie en autodidacte, j’effectue une première série de travaux personnels avant d’intégrer, pour quelques mois, la presse locale.

Mais mon « désir de liberté », dans mon travail artistique comme dans ma vie, me pousse finalement à pratiquer le reportage de façon indépendante. La photographie de voyage devient dès lors mon thème favori, pour les possibilités d’introspection et d’ouverture sur le monde qu’elle m’offre.

Portraitjeanluc-gelin

EXPOSITION BARROBJECTIF 2015 : Les ébouillantés

Les ébouillantés est un témoignage du traitement des maladies mentales par les sociétés africaines, fortement imprégné du poids des croyances traditionnelles.

A son arrivée dans le village de Tchalo, au Togo, le malade a le crâne rasé, est entravé et parfois même, pour les djinns les plus virulents, ligoté. Aux abords de ce village fait de huttes, de paille et de terre, des centaines de marmites, dispersées dans les clairières d’une grande forêt de teck, chauffent sous un feu constant activé par des hommes et des enfants. Le rituel est toujours le même : deux fois par jour, au lever et au coucher du soleil, les possédés, seuls ou accompagnés, regagnent les clairières. Les décoctions sont alors à ébullition et les feux crépitent sous les chaudrons.

Gelin-19

Gelin-07

Pour la plupart entravés, ils avancent lentement, mais tous sont conscients que le combat quotidien avec leur démon intérieur est proche. Arrivé à son emplacement, chacun en silence se dénude, se lave, se savonne et se rince abondamment. Une toilette corporelle cruciale, qui prépare le patient à la lutte contre son djinn. Leur combat est à l’eau bouillante : ils puisent dans leurs marmites des calebasses d’eau fumante pour s’en asperger de la tête aux pieds dans le but de rendre l’habitat de leur démon si inconfortable qu’il n’aura d’autre choix que de le quitter. A l’issu de cette séance rituelle, les malades regagnent le village, où visages et corps ébouillantés sont alors soignés.»