Murat Yazar – Une marche à travers l’Anatolie

Né à Urfa en 1978. Après des études de tourisme et management à l’Université d’Harran, Urfa, j’ai suivi une formation en photographie à Fototrek Photograph Center, à Istanbul. Photographe indépendant depuis 2005, j’ai participé à de nombreux “workshops” dans différentes villes de Turquie. Mes projets Karacadag et The Alevis ont été exposés à l’Institut Kurde de Paris en 2008 et 2009, The Saturdays Mothers à Diyarbakir en 2010, The Faces of Mezopotamia à Berlin, Urfa et Antep en 2011, et 100 Reflections of Islam en exposition collective en Hongrie.

Mes photos ont été publiées dans IZ Magazine en 2012. Je suis le président de l’association de photographie et de cinéma, MEFSAD, basée à Urfa, à travers laquelle je donne des cours de photo et organise régulièrement des “workshops”.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2015 : Une marche à travers l’Anatolie

Depuis longtemps, je voulais, depuis ma ville d’Urfa, en Mézopotamie, Turquie, voyager dans le Caucase. Ce territoire montagneux semblait lointain. Et j’ai rencontré Paul Salopek, écrivain et journaliste, qui a entreprit un voyage à pied autour du monde pour le magazine National Geographic. Il m’a proposé de marcher avec lui en tant que photographe et traducteur, jusque dans le Caucase, à travers l’Anatolie. Cette terre s’éloignait encore un peu plus encore mais le trajet promettait de nombreuses aventures.

Au départ, je redoutais cette longue marche à travers les plateaux anatoliens. Peut-être ne marcherais-je que quelques jours. Mais quand j’ai démarré, je n’ai plus voulu m’arrêter. Et j’ai marché 1200 kilomètres.

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Une mule, baptisée Kirkater (ce qui signifie Mule blanche) nous accompagnait et transportait tentes et vivres, et tout ce dont nous avions besoin pour être totalement autonome sur les chemins. C’était le début du mois d’octobre et le soleil était un compagnon fidèle: nous campions chaque nuit après une longue journée de marche. Mais l’hiver approchait et nous commencions l’ascension des hauts plateaux de l’est anatolien. Nous ne pouvions plus dormir sous les tentes à cause du froid et nous devions maintenant trouver chaque soir un endroit pour dormir dans les villages sur notre chemin.

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La neige s’est invitée durant ce voyage et nous avons affronte le blizard près du Mont Ararat, à 2270 mètres d’altitude. Le froid n’a pas été le seul obstacle durant ce voyage: les combats à Kobane engendraient des tensions dans tout le Kurdistan turc et nous avons du, dés les premières semaines de marche, stopper notre route à Diyarbakir, la grande ville kurde de la région. Enfin, dans le causase sud, alors que notre destination finale, Tbilissi, capitale de la Georgie, était à trois jours de marche, nous avons été arrêtés par la neige dans laquelle nous nous enfoncions jusqu’aux hanches. Nous avons rejoins Tbilissi en bus. Fin du voyage.

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Marcher est un moyen totalement différent de découvrir le monde et de le regarder.

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A bord d’un véhicule, les paysages passent devant nos yeux sans que l’on s’y attarde vraiment. J’ai réalise que je ne connaissais pas bien mon territoire. Marcher m’a donne l’opportunité de redécouvrir mon monde et ma vie. Marcher enseigne qu’il n’est pas nécessaire d’être rapide dans la vie et de passer notre temps à travailler. Quand on marche on doit parler avec les personnes rencontrées dans les villes, les villages, les fermes, et cela nous rapproche des gens. Je regarde désormais en moi même et autour de moi d’une façon plus intense et plus profonde.

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EXPOSITION BARROBJECTIF 2013 : Réfugies Syriens