Lors de la réalisation de cette démarche photographique, Josyane et Alain Cassaigne étaient photographes professionnels free-lance depuis quelques années. Ils ont collaboré sous une même signature à plusieurs revues et en se passionnaient pour des thématiques d’auteurs sur le long terme pour leurs propres ouvrages.
Ils ont à leur actif de nombreuses expositions noir et blanc et couleur, dans divers domaines tels que le voyage, le social et l’humain. Ils sont également les auteurs d’une dizaine de livres sur diverses thématiques dont les châteaux pour la plus récente. Curieux des rencontres pétries par le hasard et leurs errances, recherchant constamment cet attachement à la sensibilité humaine, à l’écriture de la lumière, ils fonctionnent par coups de cœur, voire défis, pour vivre l’intime interprétation de leurs émotions et de leur vécu. Habitants la région d’Argenton sur Creuse, ce travail issu de leur collaboration et présenté aujourd’hui est salué unanimement comme un travail inspiré, à la fois intime et impressionnant d’engagement. Josyane et Alain Cassaigne sont à présent séparés et travaillent indépendamment. Alain Cassaigne continu un travail d’auteur, toujours en photographie et sous le label artistique indépendant.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2015 : La part de l’obscur
Ce travail photographique en milieu psychiatrique n’est pas un reportage, ce n’est pas non plus une recherche thématique ou esthétisante… C’est une plongée en eau profonde, une plongée avec un appareil photo, un peu comme on voyage avec un vieil ami sans se préoccuper du retour. C’est un voyage au pays des peurs et des angoisses, un pays où l’autre est roi et ami… Cette démarche n’est qu’une recherche de la profondeur humaine dans ses aspects les plus complexes, un voyage au fil du temps où les hommes restent dans la quête d’eux-mêmes. Une errance dans un univers de gestes et de regards, dans un lieu où tout a un sens, même le plus anodin des murmures, et où, tout se vivant, rien n’a besoin d’être expliqué… La douleur d’être soi ne se raconte pas. Les photographies présentées sont autant de miroirs où la dignité et la souffrance se mêlent.
Regards, portraits serrés, émotions vivantes dans un constant mélange de lumière : mosaïque du soleil de la vie et de son incoercible « Part de l’Obscur ».
Il y a des visages, des figures, des visages défigurés, des figures dévisagées. Des mains qui vibrent pour un langage qui ne vient plus. Il y a des douleurs et des cris de joie, des regards qui fuient l’angoisse et des pieds qui, au fil d’un couloir monotone, recomptent l’addition misérable de leurs pas inutiles. C’est avant tout une rencontre, un hymne à la différence et un lieu où dérivent les hommes dans l’indifférence d’une société. Un retour initiatique dans les limbes où enfantent des mondes extraordinaires et torturés. Une errance dans un univers de gestes et de regards, dans un lieu où tout a un sens, même le plus anodin des murmures, et où, se télescopent tous les paradoxes…
Josyane et Alain Cassaigne ont su, avec le temps, se faire accepter. Devenir les amis, les confidents, avant même de réaliser la première photographie. A l’opposé de toute notion de rentabilité, de retour financier ou d’utilisation d’image, cette volonté (pour ne pas dire démarche) est le fruit d’une rencontre entre l’homme et lui-même, pour le goût de l’autre et de l’échange, avec toujours ce choix de ne pas rester dans une logique de reportage, ne pas travailler le fond et la forme, le contexte ou le social, n’être plus rien, si ce n’est l’outil d’un transfert thérapeutique en attention flottante.