James Keogh – Le choix de la guerre

James Keogh – Le choix de la guerre

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Je suis intéressé par des problématiques à la fois en France et à l’internationale, celles qui reflètent les défis de notre époque. Autodidacte de formation, l’usage de la photographie et de la vidéo dans mon travail est une manière de comprendre et d’alerter au mieux l’opinion sur ces questions.
La photographie agit comme une empreinte dans le temps. Diane Arbus disait entre autre qu’« elle est la preuve que quelque chose était là et n’est plus. Comme une tâche. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner le dos, mais quand on revient, elles sont toujours là en train de nous regarder. »
Depuis 2010, j’ai pu couvrir les révolutions arabes en Égypte, Libye et Syrie, ainsi que le conflit au Soudan ou la crise ukrainienne. J’ai eu le besoin d’aborder d’autres sujets pour privilégier une approche allant au-delà de l’immédiateté des actualités. J’ai donc réorienté une partie de mon travail vers des histoires au long court imprégnées d’une démarche documentaire.

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Le choix de la guerre
© James Keogh

Lorsqu’un homme choisit la guerre comme mode de vie, ce n’est pas un choix anodin. C’est un choix personnel: sa vie lui appartient, et il choisit de la mettre en péril pour des raisons qui lui sont propres. C’est un choix qui mène au doute, au désenchantement, à la désillusion face au mensonge ; le mensonge d’une guerre présentée comme juste et d’une cause louée comme noble par la propagande d’Etat, contre l’expérience d’une guerre absurde, fratricide, dont on ne ressort pas en héros. C’est un choix qui a des conséquences.

Le choix de la guerre
© James Keogh

Ce reportage, c’est l’histoire de volontaires russes qui ont choisi d’aller se battre en Ukraine de l’Est. Il se propose de documenter leur quotidien au sein du bataillon Bars tout en laissant la guerre hors champs. Ce parti pris permettant de la personnifier comme la Mort elle-même rôdant autour du bataillon tel un spectre.

Entre les combats, les règlements de compte entre bataillons, les enterrements et les moments fragiles hors des tranchées, les images cherchent à rendre compte qu’un conflit ne repose pas nécessairement, comme le veut les représentations collectives, sur une vision manichéenne avec d’un côté du champ de bataille les « gentils » et de l’autre les « méchants ». Le choix de ces civils venus de Russie risquer leur vie contribue à nuancer ce propos. Car qu’est-ce qui poussent des hommes à mettre leur vie en danger pour une terre qui n’est pas la leur et qui ne croient pas à la propagande russe ?

Le choix de la guerre
© James Keogh

Certains membres s’interrogent: se seraient-ils trompés ? Seraient-ils les méchants dans cette histoire ? Certains se considérant même comme des gentils dans le camp des méchants brouillant un peu plus les notions du Bien et du Mal. Tout ça au rythme effréné d’une guerre qui broie les corps et la raison des hommes.

Le choix de la guerre
© James Keogh