Jean Daniel Guillou _ L’Arche de Zoé – un fiasco humanitaire

Jean Daniel Guillou _ L’Arche de Zoé – un fiasco humanitaire

Jean-Daniel GUILLOU est né en 1963 à Dakar (Sénégal), il vit en Charente. Photographe freelance et passionné par l’Afrique où il a réalisé un reportage sur l’association de l’Arche de Zoé, emprisonné au Tchad pendant 2 semaines JDG s’est retrouvé au cœur de l’actualité. 
Curieux des univers les plus variés, il est un observateur patient du quotidien et de ses semblables, il appartient à la famille des photojournalistes au long court et réalise des sujets complexes ou nécessitant une approche précautionneuse.

© Jean-Daniel Guillou

Les membres de l’Arche de Zoé, menés par Éric Breteau, avaient été arrêtés le 25 octobre 2007 à Abéché, principale ville de l’est du Tchad, alors qu’ils s’apprêtaient à faire embarquer à bord d’un Boeing-757 les 103 enfants, présentés  comme des orphelins de la région soudanaise voisine du Darfour en guerre civile.

© Jean-Daniel Guillou

Le gouvernement Français,  la secrétaire d’État aux droits de l’homme  et le ministre des Affaires étrangères, condamnent comme « illégale et inacceptable » l’action menée par l’ONG humanitaire française L’Arche de Zoé, dont les membres sont aujourd’hui  graciés par le Tchad. Mais, au même titre que celle des organisateurs de l’opération, tous portent dans ce fiasco d’une ampleur inédite une lourde responsabilité,  juridique, morale et politique. Côté responsabilité directement engagée, de grandes zones d’ombre subsistent sur ce que savait exactement le gouvernement français. Rama Yade était au courant depuis juillet dernier de cette opération de rapatriement d’enfants soudanais l’Arche de Zoé a été entendu à la brigade des mineurs avant son départ pour le Tchad, elle n’a jamais caché ses intentions, son but avoué et affiché dans tous les documents qu’elle diffusait étant même de rapatrier 10.000 enfants du Darfour vers l’Europe et les États-Unis, dont un millier en France. L’Arche de Zoé a finalement fait que mettre en pratique les concepts d’ingérence humanitaire prônés par Bernard Kouchner. Ils ne sont pas coupables d’avoir inventé la morale humanitaire, seulement de l’avoir mise en œuvre grossièrement. Après une instruction et un procès menés tambour battant, ce qui avait provoqué la grogne des magistrats tchadiens et de la défense qui pointaient des irrégularités nombreuses, ils avaient été condamnés le 26 décembre par la Cour criminelle de N’Djamena à huit ans de travaux forcés pour « tentative d’enlèvement d’enfants ».

© Jean-Daniel Guillou

Idriss Deby  à peine sauvé  grâce au soutien des militaires Français d’une attaque rebelle qui a failli le renverser les 2 et 3 février, le chef de l’État tchadien a gracié les six condamnés français.