Marion Billou – Comme deux gouttes d’eau

Marion Billou – Comme deux gouttes d’eau

Autoportrait

Agée de 20 ans, Marion Billou vit et travaille au Mans et prépare actuellement une formation Brevet Technique des Métiers à la Faculté des métiers de Rennes, en alternance. Tout commence lorsque son grand-père lui offre son premier appareil photo, il y a 5 ans. Au début, seules sa soeur et son amie lui servent de modèles. Mais apparaît rapidement l’envie de photographier d’autres visages, d’autres regards.

Le portrait devient une évidence.

En général, mes modèles sont des inconnus mais les rencontrer derrière l’objectif me plaît beaucoup. Je choisis moi-même les visages que je souhaite immortaliser. Le seul critère : ils doivent m’inspirer. Les yeux sont importants, mystérieux, on dit qu’ils sont le reflet de l’âme, donnant naissance à l’émotion. Je suis assez d’accord et j’adore me noyer dans chacun de ces regards. Je crée des choses que je souhaite voir, que je souhaite toucher et approcher. Je plonge mes modèles dans des lieux et des univers que je veux respirer et qui me font rêver. Parfois je crée des images reflétant le réel, d’autres avec quelques divagations ou tout simplement par curiosité. Mais toujours avec une touche de mystère. »

Dans le banquet, Platon raconte qu’à l’origine l’être avait deux têtes, deux bras et quatre jambes mais qu’il était si puissant que Dieu les scinda en deux les condamnant à passer le reste de leur existence à rechercher la part manquante. Nous sommes tous à la recherche de la personne avec qui nous traversons la vie, et dans le lien gémellaire, elle est là, dès la naissance.

«  Ma vie me paraît plus simple que les autres. Je n’ai jamais connu la solitude, jamais ! « 

© Marion Billou

Tout a commencé lorsque j’ai photographié Pauline et Camille pour une autre série. Leur ressemblance et leur complicité ont éveillé davantage cette fascination que je porte aux multiples. Cette série est nourrie de ma curiosité. Je reste au cours de sa réalisation, étonnée à chaque rencontre. Dans la rue quand on croise des jumeaux, on ne peut pas se permettre de trop les dévisager voire de les interroger. La photographie a été pour moi un moyen de me rapprocher d’eux.

Depuis toujours les jumeaux provoquent une grande fascination sociale. Nous sommes tous surpris et émerveillés par ce phénomène et par leur ressemblance parfois si troublante pouvant entrainer de certaines inquiétudes. C’est pourquoi nous cherchons à les dissocier.

Depuis toujours les jumeaux provoquent une grande fascination sociale. Nous sommes tous surpris et émerveillés par ce phénomène et par leur ressemblance parfois si troublante pouvant entrainer de certaines inquiétudes. C’est pourquoi nous cherchons à les dissocier.

 » Au début, on s’était dit que l’on s’amuserait de temps à autre à les habiller de la même façon. Mais on ne le fait pas, j’ai du mal à les différencier, surtout de dos, ça me perturbe ! « 

 » Les garçons sont des triplés monochoriaux triamniotiques, ce qui veut dire même ADN, limite clone. Ce qui m’a fait peur à la grossesse. « 

La gémellité ne laisse pas indifférent. Elle interroge sur le caractère unique de l’être humain et nous font rêver à cet autre qui serait un peu soi. Mais, il n’est pas simple d’être deux et un à la fois.

 » On s’est construite à deux et c’est difficile de trouver un équilibre entre vie de couple et relation fusionnelle. Pour ma part, ça a été le plus dur de me détacher de ma soeur. Elle me manquait plus que mon petit ami. C’est d’ailleurs pour ça que je l’ai quitté. Je n’étais pas prête à lui consacrer du temps. « 

Que pouvous-nous ressentir quand une personne qui physiquement et parfois mentalement nous ressemble trait pour trait ? Comment percevons-nous la vie, nos relations, nos faits et gestes, nos choix personnels et professionnels ?

© Marion Billou