Sara Jabbar Allen _ Chemin de la Plage à la Cité

Sara Jabbar Allen est une photographe indépendante. franco-iraquienne, née en 1971 au Koweït. Elle étudie la photographie à l’ETPA de Toulouse de 1996 à 1999.
Son attirance pour les différences socioculturelles l’a conduit à utiliser les outils de l’audiovisuel comme élément essentiel à ses recherches et comme lieux de partage et de connaissances de ces richesses.
Depuis 1998, elle s’intéresse à la vie des Tsiganes des pays de l’est arrivés en France à la fin des années 80. En utilisant le support photographique et en recueillant des témoignages sonores aussi bien du passé que du présent, elle a souhaité montrer la vie quotidienne des Tsiganes.
Elle travaillera également sur le sujet des mémoires collectives d’ouvriers Immigrés en Midi-Pyrénées. Un livre est paru début 2011 avec la participation de Gilles Favier.
Son travail s’oriente vers des sujets de société, souvent au long cours et elle collabore avec des magazines français.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2011 : Chemin de la Plage à la Cité

Depuis la chute du rideau de fer en Europe de l’Est à la fin des années 80, l’Europe occidentale connaît l’exode de migrants à la recherche d’une stabilité économique et sociale.
Parmi ces migrants, on recense plusieurs nationalités et ethnies ; les Tsiganes de la Bosnie et de la Roumanie en font partie.
L’admission en Europe se fait par le biais d’une demande d’asile politique, seule possibilité d’entrée légale. Si cette demande n’est pas validée, l’aspirant devient un clandestin.

© Sara Jabbar Allen

Il est très difficile de régulariser cette situation et de nombreuses personnes ne quittent pas le territoire une fois leur demande déboutée. Quel que soit le mode d’admission, la vie demeure précaire et l’intégration difficile. La conséquence de cet état de fait est une souffrance due à l’isolement. Les Tsiganes sont la plupart du temps rejetés par les populations environnantes qui oublient que leur misère est aussi la leur.

En utilisant le support photographique et en recueillant des témoignages aussi bien du passé que du présent, j’ai souhaité montrer la vie quotidienne des Tsiganes, leur combat contre l’exclusion, leurs problèmes d’intégration sociale et professionnelle, de santé, de scolarisation, d’habitat, de rapports avec les populations environnantes. Il s’agit aussi et surtout de démontrer que malgré l’image qui est systématiquement donnée des populations tsiganes, et notamment depuis l’immigration massive des Tsiganes des pays de l’Est et des voyageurs en général, il existe aussi des réussites d’intégration dont on parle peu : situation régularisée, enfants scolarisés, entrée sur le marché du travail…

© Sara Jabbar Allen
Terrain de Ginestous
Le contexte haut-garonnais ressemble en tout point au contexte national et européen.

Quelques faits et chiffres :
À partir de 1992 : une dizaine de familles roumaines occupent un terrain jouxtant le terrain de stationnement situé au milieu d’une décharge sauvage. Ces familles présentes à Toulouse depuis 89-90, se sont d’abord installées sur le campus de Rangueil d’où elles ont été expulsées sans solution de relogement. Au cours des années, d’autres familles roumaines se sont agrégées à ce premier groupe ainsi que des familles bosniaques. Ces familles refoulées de tous les lieux où elles stationnent seront retrouvées naturellement sur le terrain de Ginestous.
Janvier 2000 : les familles roumaines quittent le« camp » de Ginestous car un certain nombre d’entre elles ont trouvé à se reloger dans le privé par leurs propres moyens. Les familles bosniaques sont toujours présentes sur le site (entre 20 et 30 personnes).
Juin 2000 : Débordement de la Garonne qui longe le site de Ginestous. Toutes les familles du site de Ginestous sont évacuées de justesse.


Reportage commencé en 1998 par
© Sara JABBAR-ALLEN