Sébastien LEBAN est un photographe indépendant né en 1987. Il travaille régulièrement en commande pour la presse quotidienne et magazine où il réalise portraits et reportages.
Il collabore avec de nombreux titres comme Le Monde, L’Obs, Le Point, Libération, Paris Match, L’Équipe Magazine, Télérama, Le JDD, etc. Autodidacte, il est mobilisé sur les conséquences du dérèglement climatique ainsi que sur les impacts sociétaux du conflit israélo-palestinien. Il documente ses sujets avec une approche qu’il veut sensible et humaine.
Son travail a été exposé et récompensé dans plusieurs festivals, notamment au Lumix Festival for Young Photojournalism, au Kolga Tbilisi Photo, finaliste du Prix Mentor de la SCAM, à la Bourse du Talent à la BNF, au Festival de la Gacilly ainsi qu’à la galerie Fisheye d’Arles et récemment au Prix du Club de la Presse de Marseille.
En parallèle des ses projets personnels et des commandes de la presse, Sébastien Leban s’investit dans plusieurs résidences avec le partenariat de la DRAC. Ses projets combinent un travail de photographie documentaire et des ateliers avec des publics scolaires. Ainsi, en 2022, il a pu se pencher pendant cinq mois sur les problématiques économiques et sociologiques de la Vallée de la Fensch, un territoire situé en Lorraine. Un ouvrage et une exposition ont été réalisés autour d’un projet nommé “Vallée des anges”.
https://www.sebastienleban.com
EXPOSITION BARROBJECTIF 2024 : Saint-Louis face à ses réfugiés climatiques
À Saint-Louis, au Sénégal, le dérèglement climatique accélère l’érosion du littoral, entraîne le déplacement de centaines de personnes et modifie l’écosystème de la région.
La plage de Saint Louis offre un spectacle de désolation. Celui de l’océan, qui vient inexorablement mordre le littoral de la Langue de Barbarie. Cette étroite bande de sable de 25 km court sur l’eau, formant un rempart naturel entre la ville et l’océan Atlantique. Deux ponts relient l’île de Saint Louis à la Langue de Barbarie. C’est là que s’alignent, enserrées, les habitations de Guet Ndar, le quartier des pêcheurs. Au bord de l’eau, les maisonnettes éventrées se succèdent, leurs murs colorés comme dernier indice que ces ruines ont jadis accueilli des vies. Ici, plus de 30 000 personnes s’entassent dans des immeubles de fortune. Promiscuité et extrême pauvreté en font l’un des quartiers les plus densément peuplés au monde. Selon une étude de la Banque Mondiale, la Langue de Barbarie pourrait disparaître dans une trentaine d’années, exposant directement Saint-Louis à l’océan Atlantique.
C’est à Khar Yalla, en lisère de la ville, à 8 km de l’océan que la mairie a installé depuis 2015 les premiers réfugiés climatiques africains. D’abord dans une soixantaine de logements sociaux puis dans un campement, après une puissante houle, en 2017. Une mosaïque de tentes à la toile bleu ciel posées sur un terrain vague forment un simili de village pour les familles de pêcheurs qui ont tout perdu.
Le camp de fortune est en surchauffe : plus de 1 000 personnes se partagent deux points d’eau et six toilettes. Le provisoire n’a que trop duré. Les familles continuent d’affluer et de s’entasser, parfois jusqu’à 20 personnes par tente. Aucune école à proximité ni hôpital. Face aux maladies, à la promiscuité et à l’impossibilité de travailler, des dizaines d’hommes font l’aller-retour quotidiennement vers Guet Ndar. Perte de temps et gouffre financier. Souvent, les familles retournent vivre dans les décombres de leurs maisons, reconstruisent un pan de mur, puis regagnent le camp lorsque l’océan se déchaîne à nouveau.