Sadak Souici _ Guinée Conakry : la Démocratie de la peur

Sadak Souici _ Guinée Conakry : la Démocratie de la peur

Sadak SOUICI est né et a grandi dans la région parisienne dans les années 1980. Photojournaliste professionnel depuis 2008, il travaille comme photographe indépendant et pigiste, représenté par l’agence Le Pictorium depuis 2015. Son travail est divisé entre reportages d’actualités et documentaires de longue durée. Ses thèmes sont les zones de conflit, la vie sociale, l’environnement et la politique.

Il publie régulièrement en France et à l’étranger : Le monde, La Croix, Le Parisien, Mediapart, Libération, The Guardian, Daily Mirror, Die Zeit, Der Spiegel, Russia Reporter, la Libre.be, Vice, le New York Times et RTS pour des reportages vidéo. Après deux années passées en Ukraine à documenter la vie des populations civiles sur la ligne de front entre l’Ukraine et le Donbass, son travail photographique est exposé par l’ONG Premiere Urgence Internationale. Cette collaboration de travail sur une année a fait l’objet de plusieurs expositions à Paris (Mairie du Xe arrondissement, La Bellevilloise) et à Kiev en Ukraine en 2019, et d’un catalogue. Plus récemment, il passe du temps en Algérie pour couvrir les manifestations pacifiques du peuple contre le régime d’Alger. Le quotidien Libération a choisi l’une de ses photographies pour sa couverture du 29 mars 2019. Sadak Souici est un photoreporter qui documente et propose des sujets d’enquête aux différentes directions média et photo de la presse française et internationale. Il collabore étroitement en 2018 et 2019 avec le magazine Hesa Mag, revue consacrée à la santé et à la sécurité au travail qui lui commande successivement un sujet sur le travail en prison, le harcèlement au travail, les mines de charbon en Europe ou encore un vaste sujet sur l’agence européenne Frontex. Mediapart relaie trois de ces reportages en 2019 sous forme de portfolio.

https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/conakry-avec-les-manifestants-victimes-des-violences-policieres
https://www.liberation.fr/planete/2020/10/16/la-guinee-trouvera-t-elle-un-courant-alternatif-a-alpha-conde_1802638/
Chronique d’Amnesty international Juillet / Aout 2020, Page 40
https://fr.calameo.com/read/001995022e903aa3b260c

..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Guinée Conakry : La Démocratie de la peur

Ce reportage retrace une année d’élection présidentielle en Guinée Conakry, pays dont les institutions ont été mises à mal par le président Alpha Condé qui a souhaité briguer un troisième mandat au mépris de la constitution.
Il commence par organiser un référendum pour modifier la constitution qui limitait à deux le nombre de mandats successifs pour un président. Cette décision soulève une partie de la population et mobilise le parti d’opposition l’UFDG.
Ce conflit politique attise également l’opposition entre les deux ethnies majoritaires de la Guinée Conakry, les militants du RPG, le parti du président, étant principalement Soussous, tandis que les pro-UFDG sont Peuls.

Guinée, Conakry, 29 février 2020. Le jeune Alpha Oumar Keïta, 16 ans, touché derrière l’oreille par une cartouche de gaz lacrymogène, est évacué, inconscient, du siège d’un parti de l’opposition pour être emmené vers l’hôpital national.

J’ai assisté à la répression féroce par les forces de l’ordre des manifestations organisées par l’opposition. Je me suis aussi intéressé au sort des blessés soignés dans un hôpital improvisé dans la maison du chef de l’opposition Cellou Diallo. Les partisans UFDG ne peuvent se rendre dans les hôpitaux de Conakry , menacés d’arrestations. De même les cliniques des quartiers Peuls ne reçoivent plus d’aides de l’état m’explique le directeur d’un de ces établissements.
J’ai pu rencontrer la section Motard UFDG, militants à moto qui s’occupent d’encadrer les manifestations, les mariages et les enterrements comme j’ai pu le constater lors de l’enterrement de Kadiatou Bah, femme de 34 ans décédée des suites d’une fausse couche provoquée par un raid policier. Un de ces militants à moto m’a ouvert les portes de sa maison et présenté à sa famille.
Ces liens tissés avec l’UFDG m’ont permis d être tenu informé de l’agenda de Cellou Diallo. Lors de la campagne présidentielle, je me suis rendu à Kan kan, fief d’Alpha Condé où devait se tenir un meeting de l’opposition. Des militants du président ont attaqué à la machette les quartiers Peuls et empêché le meeting. J’ai été personnellement agressé, lors de cette journée pris à parti par des militants pro-RPG .

Guinée, Conakry, 29 février 2020. Initialement prévues dimanche 1er mars 2020, les élections législatives et référendaires sont reportées à une date indéterminée, a annoncé le 28 février le président Alpha Condé. Le lendemain, les forces de l’ordre patrouillent le long de « l’axe de la démocratie » et vont à la confrontation avec les jeunes manifestants.

Malgré les pressions, Cellou Diallo organise une tournée triomphale dans le pays accueilli par des millions de personnes à son retour à Conakry. La victoire de l’opposition semblait alors possible. C’était sans compter sur la détermination d’Alpha Condé à obtenir la victoire, qu’elle qu’en soit le prix.
Pour l’image, il organise un meeting dans le sinistrement fameux stade de Conakry où j ai pu constater que les militants présents étaient payés. Dans les faits, de vastes fraudes torpillent le résultat du premier tour. Malgré ces accusations, Alpha Condé se proclame président quelques jours après le vote, dans un climat de violence et de peur.