Paolo Pellegrin _ Invité d’honneur 2019

Paolo PELLEGRIN est né en 1964 à Rome. Il a étudié l’architecture à l’Université la Sapienza, à Rome, en Italie, avant d’étudier la photographie à l’Institut de photographie de Rome.
Dans les années 90, il devient photojournaliste et intègre l’agence VU’ à Paris et couvre de nombreux conflits. En 2001, il est nominé à Magnum photos et devient membre de l’agence en 2005.

 

 

Il a été photographe pour Newsweek pendant dix ans. Il est également, depuis plus de vingt ans, un des photographes attitrés du New York Times.
À l’été 2016, il y publie le hors-série Fractured Lands fruit d’un travail de deux ans sur l’état du Moyen-Orient.

PELLEGRIN a remporté de nombreux prix, dont dix prix World Press Photo et le prix du photographe de l’année de Pictures of the Year en 2013, une médaille d’excellence Leica, un prix Olivier Rebbot, le prix Hansel-Meith Preis et le prix Robert Capa Gold Medal. En 2006, il a reçu la bourse W. Eugene Smith en photographie humaniste. Il habite à Londres.

Passage de frontière, Tunisie
Des personnes fuyant la Libye lors d’affrontements entre les forces rebelles et les forces pro-kadhafi. Passage de la frontière à Ras Jedir, près de Ben Guerdane. Tunisie, 2011.
Les ambulanciers soignent un homme qui a été poignardé lors d’une bagarre. Rochester, NY, États-Unis, 2012
Opération Peshmerga Kurde vers Bashiqa, pendant la bataille pour la libération de Mossoul. Irak, 2016

Parmi ses livres  :

100 photos de Paolo Pellegrin pour la liberté de la presse – Reporters sans frontières, France, 2013
Paolo PellegrinKunstfoyer der Versicherungskammer Bayern 2012
Dies Irae – Contrasto, Italie, 2011
Photo Poche (Actes Sud, France, 2010
Alors que je mourais… Actes Sud, France, 2007
Double Blind : War in Lebanon 2006Trolley, 2007
Kosovo 1999-2000 : The Flight of ReasonTrolley, États-Unis, 2002
L’au delà est làLe Point du Jour, France, 2001
CambogiaFederico Motta Editore, Italie, 1998
BambiniSinnos, Italie, 1997

Jane Evelyn Atwood – Trop de peines, femmes en prison

INVITÉE D’HONNEUR EN 2012

BIOGRAPHIE

Jane Evelyn Atwood est née à New York et vit en France depuis 1971. Son œuvre traduit la profonde intimité qu’elle entretient avec ses sujets sur de longues périodes. Fascinée par les gens et par la notion d’exclusion, elle a réussi à pénétrer des mondes que la plupart d’entre nous ignorent ou décident d’ignorer.

L’œuvre de Jane Evelyn Atwood a été récompensée par des prix internationaux les plus prestigieux, dont : la première bourse décernée par la Fondation W. Eugene Smith en 1980; un Prix de la Fondation du World Press Photo d’Amsterdam en 1987 ; en 1990, le Grand Prix Paris Match du Photojournalisme ainsi que le Grand Prix du Portfolio de la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM) ; le Prix Oskar Barnack/Leica Camera en 1997 ; et un Prix Alfred Eisenstaedt en 1998. En 2005, elle s’est vue décerner le Charles Flint Kellogg Award in Arts and Letters de Bard College, U.S.A. Jane Evelyn Atwood a exposé internationalement et en 2011, La Maison Européenne de la Photographie à Paris présente plus de 200 de ses images dans une première rétrospective, Jane Evelyn Atwood : 1975 – 2011.
Dernièrement du 25 janvier au 21 avril 2019 à la Maison de la Photographie Robert Doisneau

Jane Evelyn Atwood lors de sa conférence à Barro en 2012
© Gérard Truffandier

EXPOSITION DES 20 ANS DE BARROBJECTIF : Trop de peines, femmes en prison

J’ai commencé à photographier les femmes incarcérées en 1989. Pendant dix ans, je me suis concentrée sur les criminelles de droit commun dans quarante prisons – maisons d’arrêt, centres de détention et pénitentiaires – dans neuf pays en Europe, Europe de l’Est et les États-Unis jusque dans des couloirs de la mort. Au départ, la curiosité était mon principal motif. La surprise, le choc et la stupeur ont pris le relais. La rage m’a portée jusqu’au bout. Dés le début, j’ai été frappée par l’immense manque affectif des prisonnières. Elles avaient été écrasées non seulement par l’ignorance, la pauvreté et une vie de famille éclatée, qui sont le lot commun de presque tous les détenus, mais aussi par des années – quand ce n’est pas une vie entière – d’abus physiques et sexuels exercés sur elles par les hommes.

Souvent, ces même femmes purgeaient une peine pour des actes qu’un homme avait commis, ou pour des actes qu’elles n’auraient jamais commis toute seule. Trop souvent, la politique mise en œuvre dans les prisons de femmes consiste à humilier plutôt qu’à réhabiliter. Des femmes qui étaient brisées dehors continuent, en prison, à être traitées comme des citoyennes de seconde zone.

Un large pourcentage des femmes incarcérées le sont pour des délits non violents. Est-ce vraiment nécessaire de les mettre en prison ? Une fois incarcérées, elles ont moins de chances de s’en sortir que les hommes, les programmes de formation et les possibilités de travail des femmes sont limités et débilitants.

Pour chaque femme qui a accepté de participer à ce travail, des centaines ont refusé : elles craignaient les représailles des gens à extérieur, ou des gardiens·nes à l’intérieur, si elles disaient la vérité. Dans le monde entier, les administrateurs de prison prétendent protéger les détenues de l’exploitation ; en vérité, ils font tout leur possible pour les empêcher de s’exprimer sur la réalité de ce qu’elles vivent derrière les barreaux. La honte empêche certaines femmes de parler. Pour beaucoup d’autres, c’est la peur. Mais la grande majorité d’entre elles est tout simplement réduite au silence.

Ce travail de dix ans s’est terminé avec la publication de Trop de peines, femmes en prison (Editions Albin Michel, 2000) et Too Much Time,Women in Prison (Phaidon Press Ltd., 2000).

Sébastien Leban _ L’île perdue

BIOGRAPHIE

Sébastien LEBAN est un photojournaliste indépendant français né en 1987. Il a grandi en Lorraine dans un bassin minier et sidérurgique. L’univers prolétaire et laborieux qui l’entoure pendant son enfance influence les sujets qu’il aborde. Il réalise un premier projet sur sa ville natale de Florange puis s’intéresse aux Roms de Roumanie. Sébastien Leban est membre de l’association de photographes Divergence.

Autodidacte, il s’installe en 2013 en Israël. De retour à Paris après deux années au Proche-Orient, il continue de documenter le conflit israélo-palestinien avec une approche qu’il veut sensible et humaine. L’objectif : sonder deux sociétés qui s’opposent depuis près de 70 ans à travers des sujets comme les objecteurs de conscience dans l’armée israélienne, la problématique de l’énergie à Gaza, les réfugiés africains à Tel Aviv ou encore la vie des colons en Cisjordanie. Son travail s’articule autour des thèmes sociaux et sociétaux qui lui sont chers. En 2015, Sébastien s’est intéressé à l’île de Kihnu en Estonie et à son matriarcat hors du commun. Toujours avec une approche humaine et dans le désir de documenter la vie quotidienne des populations locales, il s’intéresse en 2016 à la problématique énergétique à Gaza. Depuis 2018, il aborde la question du dérèglement climatique et de son impact direct sur les populations. Sébastien travaille régulièrement en commande pour plusieurs titres comme Le Monde, L’Obs, Le Point, Paris Match, L’Équipe Magazine, Grazia, Le Parisien Week-End, etc. Son travail a été exposé et récompensé dans plusieurs festivals, notamment au Lumix Festival for Young Photojournalism, Kolga Tbilisi Photo ou Istanbul Documentary Photography Days.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2019 : L’Île perdue

L’île de Tangier est une métaphore de l’absurde. C’est la chronique de la mort annoncée d’une des communautés les plus reculées de l’est des États-Unis. Ses habitants, climatosceptiques convaincus, voient leurs terres s’enfoncer peu à peu dans l’océan et refusent la réalité qui s’écrit sous leurs yeux.

Aux commandes de son bateau à moteur, James Eskridge, maire de Tangier, s’éloigne du dock. La rive s’estompe et une seule pensée le hante : la crainte de voir disparaître son île, qui accueille les siens depuis près de deux siècles. James sait que les jours de Tangier sont comptés. La menace, c’est la montée des eaux, couplée à l’érosion. L’océan qui fait vivre les insulaires depuis des générations les condamne aujourd’hui à une disparition certaine.

Punition divine, fatalité ou réchauffement climatique ? Le maire récuse cette dernière possibilité : “L’érosion emportera l’île bien avant la montée des eaux. Je ne crois pas dans le changement climatique, ni personne ici d’ailleurs. Ni que l’homme soit la cause de quelconque dérèglement. Je pense simplement que ces changements sont des cycles naturels”.

Depuis les premiers relevés cartographiques vers 1850, l’île a perdu les deux tiers de sa superficie. Plantée au milieu de la baie de Chesapeake, à 160 km de Washington DC, Tangier culmine à 94 centimètres au-dessus du niveau de la mer. C’est la pêche du crabe qui nourrit la très conservatrice et religieuse communauté de 460 habitants. Lors de l’élection présidentielle de 2016, Tangier a accordé au candidat Donald Trump 87% de ses voix.

David Schulte est biologiste marin et travaille sur le cas de Tangier depuis quinze ans. Il a publié en 2015 un rapport alarmant dans la revue américaine “Nature”: “Chaque année, l’océan gagne près de quatre mètres sur le rivage et les zones marécageuses s’élargissent. Ces deux phénomènes sont accélérés par la montée des eaux et le réchauffement climatique. Dans la baie de Chesapeake, le niveau de l’océan augmente de cinq millimètres par an, c’est près de deux fois la moyenne mondiale”. Devenus malgré eux les symboles du dérèglement climatique sur le continent américain, les habitants rejettent en bloc cette théorie.

Chaque matin, les hommes du village refont le monde, assis sur le dock, face à l’océan. Devant eux, un bateau aux allures de QG de campagne de Trump affiche fièrement stickers et drapeaux. Sur toutes les lèvres, comme chaque jour : l’avenir de Tangier. D’autres îles habitées ont déjà disparu, comme Holland Island : en 2010 à quelques miles de là, la dernière maison s’est effondrée dans les eaux.

Alors que certains placent leurs espoirs en Donald Trump, d’autres préfèrent s’en remettre à Dieu. Pas un dimanche ne passe sans que les deux chapelles de l’île n’affichent complet pour le sermon du dimanche au cours duquel on distille de fermes positions anti mariage gay, pro-life et un soutien indéfectible à Israël (les évangélistes s’en remettent à la Bible et affirment que les juifs sont le peuple élu). Mais la volonté divine se rappelle au souvenir des fidèles lors des grandes marées. Plusieurs fois par mois, la mer recouvre alors le rivage, envahit les routes et les jardins, offrant pour quelques heures un avant-goût de la catastrophe annoncée.

Si Washington ne propose pas une solution rapidement, accompagnée de millions de dollars pour la construction de digues, Tanger pourrait disparaître dans les eaux d’ici 25 ans. Ses habitants compteront alors parmi les premiers réfugiés climatiques des États-Unis.

Anthony Hamidovic – New Black in NYC

Anthony HamidovicAnthony HAMIDOVIC – FRANCE Je suis photographe autodidacte, né en 1976. Je voyage avec mon appareil photo dans les villes qui captent mon attention esthétique et émotionnelle (Paris, Lisbonne, New York, etc.).
Entre photos de rue ou clichés architecturaux, ses photographies se composent d’un minimum de détails temporels.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : New Black in NYC

NYC 21e siècle

Série photographique qui nous plonge en apnée dans les rues new-yorkaises. Cette traversée en noir et blanc capte le mouvement d’une ville américaine atypique, bloquée entre le fleuve Hudson et l’océan.
Souvent caractérisée comme surdimensionnée et cosmopolite, NYC se découvre réfractaire à l’ordre établi pour devenir une ville sanctuaire en perpétuelle réinvention.

Moland Fengkov – Navy Metal

Moland FengkovMoland FENGKOV – FRANCE Photojournaliste indépendant français formé à l’EMI-CFD. Parmi ses travaux, il couvre les troubles politiques ayant précédé le coup d’état en Thaïlande de mai 2014, publie un reportage sur Phuket, paradis des lascars français, ou encore approche un club de tir 100 % féminin au Texas. Par ailleurs, amateur de heavy metal, il couvre le Hellfest, le plus grand festival consacré à ce genre musical en France, et va jusqu’à embarquer pour une croisière de luxe avec à bord 3000 métalleux.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Navy Metal

Chaque année, depuis 2011, Miami (Floride, États-Unis) voit débarquer sur ses plages une population toute de noir vêtue. Venus des quatre coins du monde (75 nationalités différentes en 2018), ces quelque 3000 touristes d’un genre particulier embarquent sur un bateau de croisière pour une escapade en mer de quelques jours dont aucun ne revient indemne.

L'Independence of the Seas

Belly flop contest, concours de plat (saut dans une piscine en tentant de créer les plus grandes éclaboussures d’eau) à bord de L’Independence of the Seas, bateau de croisière au large de la mer des Caraïbes embarquant une croisière consacrée au heavy metal. Un jury composé de musiciens décerne des points, à la manière d’une épreuve de patinage artistique, en fonction de la beauté du saut et de l’ampleur des gerbes d’eau générées par le saut. Le vainqueur gagne une bouteille de champagne et une médaille. Nombre de compétiteurs viennent déguisés. Pendant cette 8e édition de 70000 Tons of Metal, le nom de ce festival flottant, quelques 3000 fans de heavy metal vont faire la fête et assister aux concerts d’une soixantaine de groupes (chaque groupe se produit 2 fois sur différentes scènes, dont une sur le pont supérieur, en extérieur) tout en jouissant des services d’une croisière de luxe classique.

70000 Tons of Metal, le nom de cette croisière de luxe, est exclusivement consacrée aux amateurs de heavy metal. Depuis sa création, il a vu fleurir des émules, mais se targue de rester le 1er et le plus grand festival de heavy metal sur mer.