Archives de catégorie : Barrobjectif 2018
Gigacircus – Hospitalité en actionS : re-sculpter le monde
GIGACIRCUS – FRANCE
L’oeuvre artistique menée par Sylvie Marchand avec Gigacircus est au coeur des questions anthropologiques, éthiques et esthétiques que posent la mutation des formes de mobilités humaines dans le monde d’aujourd’hui.
Artistes polymorphes dont le champ d’expérimentation se situe aux points de contacts entre groupes humains, Gigacircus nourrit une « écologie des relations », ‘branchant’ des connections, renforçant des liens, créant des dialogues.
Environnements multisensoriels et laboratoire, interface et lieu de vie, leurs dispositifs artistiques reflètent la complexité des enjeux aigus qui traversent le monde contemporain, et l’étendue des possibilités esthétiques qu’autorisent les technologies mobiles en réseau appliquées aux scénographies interactives implantées dans l’espace public.
http://gigacircus.net/fr/creations/
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Hospitalité en actionS – Re-sculpter le monde
Ils sont arrivés d’Afghanistan, d’Érythrée et du Soudan avec leur culture, avec leurs langues, leurs musiques, leur corps, et avec la volonté farouche de survivre ; ils embellissent nos esprits de nouvelles images, de couleurs, de saveurs. Ensemble nous envisageons la vision d’un autre monde, capable de faire surgir la beauté et le renouvellement de la perception des frontières.
« Re-sculpter le monde » présente une mosaïque d’images réalisées d’avril 2017 à juin 2018 pour ‘Hospitalité en Actions’.
La substance artistique qui cimente cette création ‘relationnelle’ est le fruit d’ « Hospitalité en ActionS« , un projet de rencontres entre habitants et réfugiés mené par Sylvie Marchand, Lionel Camburet et le réseau d’artistes Gigacircus.
Cette œuvre artistique est une invitation au dialogue, à la conversation, elle active un désir de langage, elle met à l’épreuve la communication entre les êtres, l’obligation envers l’Autre.
Chaque semaine, nous invitons anciens et nouveaux habitants à marcher ensemble à la découverte des paysages et patrimoines locaux. Les jeunes collectent des images avec caméra et appareils photos. Ils nous livrent leur regard sur nos paysages.
Ces ballades sont suivies d’ateliers de création musique, vidéo, peinture et performance.
Parallèlement nous nous réunissons autour d’un programme de films, spectacles, expositions et conférences afin de convoquer un dialogue transculturel fertile autour des notions d’humanité, d’art et de migration.
Enfin en Juillet dernier la Fête de l’Hospitalité nous a tous réunis sur la place publique autour d’un bal, de musiques, de lectures, de jeux et d’un banquet somptueux !
Le Jeudi 20 septembre à 20h30, une projection-rencontre à la salle des fêtes de Barro. Venez dialoguer avec les jeunes artistes afghans, érythréens et soudanais du réseau Gigacircus.
Sur les deux weekends du Festival, « le Café de l’Hospitalité » vous accueille au cœur de Barrobjectif !
Pierre Faure – France périphérique
Pierre FAURE – FRANCE
Né en 1972 et vit en France, il a étudié les sciences économiques. De 2012 à 2014 il aborde les thèmes de la grande précarité et de l’exclusion. Il passe une année sur un bidonville « Tziganes », en 2012 et deux années en centre d’hébergement d’urgence et centre d’hébergement et de réinsertion sociale « Les Gisants », 2013, « Le Bateau », 2014. Devenu membre du studio Hans Lucas en 2013, il documente la montée de la pauvreté en France, en parcourant l’ensemble du pays depuis 2015.
Prix Roger Pic, 2016 I Prix I shot it, 2017 I Prix Albert Kahn, 2018 I Prix Fidal, 2018
Pierre Faure à reçu le prix Camille Lepage en 2017
L’association Camille Lepage – On est ensemble décerne depuis 2015 un prix aux photographes engagé(e)s dans un projet au long cours. Ce prix doté de 8OOO€ est remis durant le festival » Visa pour l’image « . Depuis 2 ans la Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe (SAIF) s’engage aux côtés de l’Association Camille Lepage – On est ensemble pour financer le prix .
EXPOSITION PARTENAIRE : France périphérique
Montée de la pauvreté en France, témoignage photographique.
Depuis 2015, je documente la montée de la pauvreté en France en privilégiant les zones rurales et péri-urbaines. Ce travail a pour but de rendre visibles et concrètes les conditions de vie d’une partie de nos compatriotes.
Le titre « France Périphérique » est emprunté à l’ouvrage éponyme du géographe Christophe Guilluy qui aborde les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine par le prisme du territoire. Il s’intéresse à l’émergence d’une « France périphérique » qui s’étend des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes jusqu’aux espaces ruraux en passant par les petites villes et villes moyennes. Il souligne que désormais 60 % de la population — et les trois quarts des nouvelles classes populaires — vit dans cette « France périphérique », à l’écart des villes mondialisées.
La France compte 8,8 millions de pauvres (INSEE, 2016) et 2,3 millions de personnes vivent au mieux individuellement avec 672 euros par mois. Comble pour l’un des premiers producteurs agricoles mondiaux, pour manger, près de deux millions de personnes auraient eu recours à l’aide alimentaire en 2015 (Observatoire des inégalités).
Économiste de formation, je m’intéresse aux évolutions qui modifient la société française en profondeur, sur le long terme. La pauvreté a baissé à partir des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000 avant d’augmenter.
Depuis 2004, le nombre de personnes pauvres a progressé de 1,2 million (+ 30 %). Ce mouvement de hausse constitue un tournant dans l’histoire sociale de notre pays. La dégradation économique enregistrée depuis 2008 pèse tout particulièrement sur les moins favorisés (source : L’Observatoire des inégalités).
Mon objectif est donc de réaliser un témoignage photographique de la hausse structurelle de la pauvreté dans l’hexagone.
Au-delà des statistiques, le phénomène est peu visible. Pourquoi ? Les analyses de Pierre Bourdieu et Michel Legros peuvent nous éclairer. Selon le premier, l’invisibilité sociale est un effet de la domination. L’espace social est un espace clivé, divisé entre dominants et dominés. Dans la conception la plus large, l’invisibilité concerne tous ceux que les dominants estiment ne pas relever d’une vie normale et accomplie.
Pour Michel Legros (Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale), l’invisibilité peut constituer un mode de régulation de la pauvreté. Il s’agit alors de rendre les pauvres invisibles. Les politiques urbaines visent notamment à « nettoyer » l’espace public en évitant que les pauvres ne l’occupent trop massivement pour ne pas déranger le reste de la population. La rénovation urbaine a pu conduire à repousser les pauvres toujours plus loin en périphérie, et la politique de mixité sociale passe en réalité par l’expulsion plus ou moins directe et négociée de catégories que l’on ne souhaite plus voir dans les espaces rénovés. (ONPES).
Je souhaite que ce témoignage rende visibles et concrètes les conditions de vie d’une partie de nos compatriotes. Que des visages se substituent aux statistiques afin d’apporter au public des éléments de sensibilisation et de compréhension.
Car le regard des Français sur les pauvres se fait plus dur. Selon une enquête du Crédoc (1) portant sur un échantillon représentatif de 2 000 personnes, effectuée de décembre 2013 à janvier 2014, et publiée le 12 septembre 2014, 37 % des Français pensent que les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas fait d’efforts pour s’en sortir alors qu’ils n’étaient que 25 % en 2009, au déclenchement de la crise.
(1) CREDOC : Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
Narciso Contreras – Traverser la Libye : le marché humain
Narciso CONTRERAS – MEXIQUE Né au Mexique en 1975. Photojournaliste, depuis 2010 il couvre diverses questions en Asie du sud et au Moyen-Orient, ce qui l’amène à se focaliser sur le coût humanitaire des conflits économiques et autres. Son travail contribue à construire notre image mentale du monde qu’il nous montre. Ses études de philosophie, ainsi que la photo et l’anthropologie visuelle l’ont amené à vivre et étudier dans un monastère en Inde pendant qu’il photographiait des communautés religieuses. Depuis, Narciso a suivi avec son appareil des histoires telles que les conflits ethniques au Myanmar et la guerre oubliée au Yémen, aussi bien que des évènements majeurs contemporains, y compris les bouleversements politiques à Istanbul, le conflit de Gaza, le coup d’état en Égypte, la guerre syrienne, et les troubles entre ethnies au Libye. Son travail sur la Syrie lui a valu un Pulitzer en 2013, et ses photos ont été publiées et exposées dans des galeries autour du monde.
Narciso CONTRERAS à reçu le prix Lucas Dolega 2018, décerné par l’association Lucas Dolega . Ce prix honore les photographes freelance qui prennent des risques pour informer.
EXPOSITION PARTENAIRE 2018 : Traverser la Libye – Le marché humain
Ce reportage révèle l’horreur du trafic d’êtres humains au sein de la complexité de la société tribale de l’après-Kadhafi libyen, mettant à nu le déroulement d’une crise humanitaire. Migrants, réfugiés, demandeurs d’asile se trouvent à la merci des milices qui les exploitent pour un gain pécuniaire. Détenus dans des centres pour les illégaux, ils subissent un traitement inhumain, entassés, sans sanitaires, battus même.

Un migrant clandestin subsaharien, malade mental, isolé dans l’un des centres de détention de Surman pour migrants illégaux sur la côte ouest de la Libye.
Le reportage suit le périple des migrants qui franchissent des frontières, pénètrent au cœur du Sahara, suivent la route des trafiquants vers la zone principale de repêchage au large de la côte libyenne.
Dans un contexte de violences sectaires, de corruption, de bureaucratie, le reportage contourne les voies officielles pour frayer son propre chemin. Les contacts avec milices, trafiquants, tribus, ONG, ont permis de saisir de près la réalité du trafic humain à travers la Libye.
Au lieu d’être un lieu de transit pour les migrants qui veulent gagner l’Europe, la Libye s’est transformée en un marché où quotidiennement des êtres humains sont vendus et achetés, révélant ainsi l’horreur complexe dont souffrent ces migrants anonymes.
Cyrille Bernon – Indoméni – Une enfance dans les camps
Cyrille BERNON – FRANCE
Cela fait 20 ans que je suis photographe professionnel. Issu d’une formation urbanisme et environnement et passionné de photo, j’ai commencé à travailler pour des collectivités territoriales ( conseil général, CAUE ) et avec l’Observatoire photographique du paysage ( ministère de l’environnement ) pour mettre ma passion au service du patrimoine et de l’environnement. J’ai ensuite travaillé sur des commandes en architecture, puis une année au Conseil régional Languedoc Roussillon comme photographe dela dite région (institutionnel, reportages …) Puis une parenthèse de quelques années pour travailler dans le graphisme, fonder une famille, être instit …. Je suis revenu à mes premiers amours en me spécialisant dans la photo de mariage, que je pratique avec passion depuis bientôt 10 ans.
Depuis quelques années, je développe également une activité de reportage sur l’artisanat, sur les gens passionnés qui font vivre nos territoires … Très engagé dans le milieu associatif et humanitaire je fais également des reportages sur des sujets de société qui me tiennent à cœur. C’est ma façon d’aider, de me sentir utile, de m’engager. Mon dernier reportage sur le camp de réfugiés d’Idomeni a déjà fait l’objet de quelques expositions et projections-débats dans des cinémas. Mes images interpellent, bouleversent, font évoluer les mentalités … c’est là que mon métier prend tout son sens !
Depuis que j’ai fait ce premier reportage sur les réfugiés en Grèce, j’ai participé à certains concours …SIPA / VISA pour l’image / Les rencontres d’Arles / Festival Présence Photographie / Festival de la photographie de Dax / Les Photographies de l’année / Amnesty international / Concours Sophot / Festival du Cinéma Europeen / La Quinzaine des tiers monde / CIMAD / MRAP
Le festival de la photographie de Dax. Du 2 au 22 juillet 2018. Depuis 2011, la ville de Dax organise et installe les travaux de photographes émergents, dans divers lieux de la ville. Cyrille Bernon y a exposé son reportage sur le camp informel des réfugiés d’Idomeni en 2017.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Idomeni, Europe, 2016 – Une enfance dans les camps
Début mars 2016, j’ai passé 3 semaines en tant que volontaire avec des réfugiés dans le camp d’Idoméni au nord de la Grèce – la Macédoine venait juste de fermer sa frontière.
Ils arrivaient chaque jour plus nombreux, en famille, épuisés après un long et dangereux voyage. Mais ils étaient heureux parce que persuadés qu’ils allaient pouvoir continuer leur route vers la terre promise, le nord de l’Europe.
Mais depuis peu, Idoméni, n’était plus qu’un cul-de-sac synonyme de désespoir et de misère où végètent des milliers de familles. Je les ai vus jour après jour se transformer, perdre la raison, être avalés par ce camp inhumain. Mais comment pourrait-il en être autrement quand on a tout perdu, parfois même sa famille et que l’on a plus d’espoir, plus de but à atteindre ?
Mais le 08 mars 2016, en officialisant la fermeture de la route des Balkans, l’Europe a mis fin à tout espoir.
L’Europe avait rendez-vous avec l’histoire ! Elle a raté ce rendez-vous. Lorsqu’une civilisation se referme sur elle-même, qu’elle construit des murs plutôt que des ponts, elle s’appauvrit, et finit par s’éteindre !
J’ai ramené des photos à travers lesquelles j’ai souhaité rendre compte de leur quotidien, de leur histoire, de leurs espoirs, et surtout de leur désespoir. Mon reportage s’est naturellement orienté vers les enfants et la famille. Peut être parce que j’ai moi même deux petites filles et que je ne pouvais m’empêcher de penser à elles en voyant tous ces enfants. Probablement me rappelaient ils aussi à moi père de famille, à quel point ces hommes et ces femmes étaient courageux.
Le camp d’Idomeni a été évacué fin mai 2016. Ces photos n’en sont que plus importantes. Elles témoignent de ce qu’ont vécu ces familles, chez nous, en Europe en 2016.
Mojahed Abo Al-Jood – Goodbye Aleppo
Mojahed ABO AL-JOOD (Ahmad Mojahed Attar) – SYRIE
Je suis né il y a 23 ans, dans le quartier ouest d’Alep, au Nord-est de Damas. Mon père est fabricant de tissus (entreprise familiale). J’ai trois sœurs, et deux frères. Mon frère ainé a été tué par la police du régime.
J’ai rejoint les manifestants, devenus insurgés lors du « printemps arabe » en 2011. Je préparais alors mon bac. Je suis un des membres fondateurs de l’AMC « Aleppo Media Center » créé pour témoigner contre la propagande officielle d’une opposition à la dictature. Par la suite, il a fallu témoigner de la violence de la répression, d’une opposition civile non armée, et démonter la propagande du régime qui la présentait dans un amalgame de terrorisme et d’islamisme. C’est ainsi que je suis devenu journaliste, et que j’ai travaillé pour plusieurs chaines (ITV, CNN, BBC).
J’ai été cameraman dans plusieurs films sur la Syrie tels que « Last men in Aleppo » qui a remporté 35 prix dans le monde (Sundance Festival, Copenhagen Festival, nominé aux oscars 2018).
J’ai gagné le « Rory Peck Trust » pour le film « Goodbye Aleppo » en 2017 et le prix « Best off short » du festival « Middle east now » à Florence en 2018.
Arrivée à Blagnac en novembre 2017, la France m’a accordé le droit d’asile en mars 2018.
J’étudie assidument le français depuis mon arrivée, dans l’objectif de parfaire ma formation dans le domaine des médias, en université à la rentrée 2018.
EXPOSITION PARTENAIRE : Les journées du reportage de Bourisp
Le petit village de Bourisp dans les Hautes Pyrénnées a exposé Mojahed Abo Al-Jood et seize autres photoreportages en plein air du 6 au 15 juillet 2018. Une formule à l’identique du festival de Barro.
EXPOSITION PARTENAIRES 2018 : Goodbye Aleppo
La révolution syrienne avait commencé en mars 2011, pour demander la liberté d’expression et les droits démocratiques.
Le régime de Al-Assad a attaqué les militants civils, et il a détenu la plupart d’entre eux.
En 2012 à Alep, la capitale économique de la Syrie, le régime a commencé à attaquer l’est de ville par des roquettes d’avions, cela a causé la mort de milliers et de milliers de citoyens.
Grâce à la Russie et à l’Iran, Al-Assad a pu assiéger l’est d’Alep, ce qui a conduit à une nouvelle catastrophe humaine.
Depuis 2012, le régime syrien a détruit la plus grande partie d’Alep, et à la fin de 2016, il a fait évacuer la population afin qu’elle reste en vie.
Exposition hommage – Stanley Greene by NOOR
Stanley GREENE – USA/FRANCE Né en 1949 à Brooklin (New-York).
Photojournaliste légendaire, membre de l’Agence VU de 1991 à 2007, et membre fondateur de l’agence NOOR, créée en 2007.
Stanley a commencé sa carrière dans les années 1970 en photographiant pour des magazines et a travaillé comme photographe temporaire pour le New York Newsday.
En 1986, il s’installe à Paris et commence à couvrir les événements et les conflits à travers le monde. Il à travaillé pour Libération , Paris Match, TIME, The New York Times Magazine et Newsweek, entre autres connu pour sa couverture du conflit en Tchétchénie (1994-2001).
Auteur des livres : The Western Front (André Frère Éditions, Roquevaire, 2013), Black Passport (Schilt Publishing, Amsterdam, 2010), Open Wound : Chechnya 1994-2003
(Trolley Books, London, 2003) et Dans les Montagnes où vivent les aigles (Actes Sud, Arles, 1995).
Il a reçu de nombreuses subventions et reconnaissances, y compris le Prix d’Or pour l’ensemble de ses réalisations (2016), le Prix W. Eugene Smith (2004) et cinq prix World
Press Photo.
Stanley Greene est décédé à Paris le 19 mai 2017.
EXPOSITION HOMMAGE – Stanley Greene by NOOR

Grozny. Janvier 1995. L’approvisionnement en vivres et en eau s’est arrêté quelques jours après l’agression. Des hommes et des femmes cherchaient à se nourrir parmi les obus qui explosaient. Gagner le contrôle de Grozny n’a pas pris aux Russes des heures, mais des semaines. Les Tchétchènes étaient difficiles à battre parce qu’ils ne participaient pas à une guerre conventionnelle. Pendant le siège, la plupart des rebelles s’entraînaient au sud de la ville car Le général Maskhadov savait qu’une importante force mal armée aurait pu être bouclée et piégée avec une relative facilité. Plus important encore, les anciens arpenteurs de la ville et les urbanistes étaient maintenant des combattants, donnant au commandement tchétchène une connaissance intime des artères cachées et des conduits des systèmes de gaz et d’eau de la ville. Jour et nuit, ils ont infiltré les lignes russes avec des centaines d’équipes de trois hommes qui sortaient de nulle part, généralement deux carabiniers protégeant un combattant avec des roquettes antichars. D’innombrables véhicules blindés de transport de troupes russes ont été détruits aux intersections et aux points stratégiques avec d’énormes pertes.
Cher Stanley,
Vous m’avez dit une fois lors de l’une de nos conversations secrètes Skype: « Vous savez à quel point une fleur sent bon quand tu as senti la mort« .
Vous nous avez quittés il y a quelques semaines maintenant, et vos mots sont toujours dans mon esprit et j’en suis sûr, dans beaucoup d’esprits.
À cause de gens comme vous, j’ai développé un fort intérêt et je crois en la narration et au photojournalisme. Comme vous l’avez dit à plusieurs reprises, « certaines choses doivent simplement être vues. »
J’ai vu ton travail et je me suis dit, c’est exactement ce que je veux faire et c’est ainsi que je veux que ma vie soit: utile et significative. L’un de vos collègues de NOOR dit: « Nous sommes ici pour faire et raconter des histoires qui auront un impact sur l’humanité ».
Je me suis toujours demandé, pourquoi vous et certains de vos collègues de cette industrie, des amis de NOOR faisaient ce travail. Maintenant, je connais la raison pour laquelle, vous aimez tous l’odeur des fleurs. Je crois que vous et quelques autres avez créé NOOR parce que vous étiez des gens vraiment romantiques à propos de la vie, parce que vous étiez au-delà de la recherche de la »Lumière » parce que vous étiez, et vous êtes toujours tous, à la recherche de l’amour dans cette vie.
Un bon ami à moi a écrit ces quelques lignes quand il a entendu que vous étiez parti: «Ce que j’ai appris de Stanley, c’est l’appréciation, la gentillesse, l’altruisme et ce que je crois être la partie la plus importante de son héritage monumental – la capacité d’ouvrir complètement son cœur et d’écouter la mélodie de ce monde. Pour savoir comment trouver la magie du monde. La capacité d’entendre et de danser au son des feuilles bruissant dans une brise légère, un orchestre de voitures klaxonner sauvagement dans les rues, ou le bruit de l’eau qui bout. Juste en l’écoutant et en étant en sa présence, j’ai appris comment voir et sentir la vie partout. C’est la leçon la plus importante qu’il m’a apprise. «
Merci Stanley et à bientôt de l’autre côté.
Clément Saccomani
NOOR Directeur Général Amsterdam,
Juillet 2017
Laure Vouters – Serge et Jacqueline
Laure VOUTERS – FRANCE Née à Arras en 1962, elle vit à Lille. Après des études d’arts appliqués, j’ai travaillé dans la communication en tant que directrice artistique pendant une trentaine d’années. Depuis 5 ans, je suis engagée dans la photographie d’auteur renouant avec un apprentissage de création liée à mon besoin de partage et d’ouverture. Pour commencer, j’ai travaillé en noir et blanc sur des séries liées au voyage (Berlin, Tokyo, Porto…), puis mon rapport au monde m’est réapparu “en couleur”, un lien évident avec ma pratique initiale de peintre.
Autodidacte et curieuse des parcours des gens d’images, j’ai participé à différents workshops avec Christian Caujolle, Cédric Gerbehay, Frédéric Lecloux, Jane Evelyn Atwood et Denis Dailleux.
Poussée au plus profond de moi-même par un “appel à voir”, je vais là où l’intuition m’emmène capter une atmosphère, une émotion, une particularité qui perturbe ou retient mon attention. Je cherche à mettre en place une esthétique simple qui donne à voir le spectacle lumineux d’un quotidien à l’apparence souvent modeste. Cette esthétique se déploie dans mon travail “Serge et Jacqueline” et dans un autre projet en cours autour de l’univers intime de “René”, forain en Belgique…
Je travaille avec un Leica MP240
Exposition :
– “Là-bas” 2e Nuit contemporaine de la photographie Paris, octobre 2014
– “L’Ombre Nécessaire” lauréate du Concours Hélio, Galerie Nadar Tourcoing, mai 2015
– “L’Ombre Nécessaire” Galerie Rastoll, exposition collective Urbanitas 4, février 2016
– “Saudade” sélectionnée dans le parcours Off d’Images Singulières, mai 2016
– “La ligne 13” Médiathèque de Rosult, septembre/octobre 2016
-“Saudade” Galerie Rastoll, exposition collective Urbanitas 5, février 2017
– ”Serge et Jacqueline” lauréate du prix Sophot 2018
– Exposition Galerie Fait & Cause 15 mai/13 juillet 2018
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Serge et Jacqueline
Le 10 avril 2015, j’ai ouvert une porte, ou plutôt une porte s’est ouverte à moi sur un espace inconnu. C’était si fort que j’y suis restée. Avec le temps, je suis rentrée dans quelque chose qui dépasse le sujet, une vie attachante. Serge et Jacqueline me donnent tout ce qu’ils ont, une présence et une disponibilité. Mon geste photographique coule dans leur quotidien. Le couple, la religion, le mariage, la famille, la maladie, les animaux, le déménagement…
Mon regard devient englobant et bienveillant sur cette réalité portée par une certaine sensibilité mystique qui me renvoie aux premiers mots de Jacqueline :
C’est le Seigneur qui vous envoie !
La liberté témoignée par Serge et Jacqueline s’inscrit dans un vrai travail photographique. Les préjugés, les étiquettes, les stéréotypes tombent. C’est un message de tolérance et d’acceptation que j’ai reçu et que je souhaite partager. Leur histoire devient la mienne. En images et en dires, le récit d’un échange lumineux et bienveillant, la trace des petits fils tissés entre nos humanités.
Simon Vansteenwinckel – Nosotros
Simon VANSTEENWINCKEL – BELGIQUE Né en 1978 à Bruxelles. Photographe indépendant, amoureux du grain de film, graphiste à ses heures de labeur, amateur de reportage au long cours et autre documentaire au grand air, ouvert à l’Aventure, fermé le week-end et jours fériés. Simon est membre du comité de rédaction de la revue Halogénure depuis 2016 et membre du studio Hans Lucas.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Nosotros
28 août 2014
Carolina, mon épouse, est née à Valdivia, au Chili. Je suis Belge. Et nous avons eu ensemble trois magnifiques petites filles, Anna, Clara, et Élena.
Le 2 septembre 2014
Nous partons tous les cinq pour un voyage d’un an au-delà des Andes, pour rencontrer la famille de Carolina, restée sur place, pour montrer à nos filles le Chili, leur demi-pays, pour découvrir ces gens qu’elles ne connaissent que par les récits, pour voir et regarder cette contrée lovée entre Pacifique et Cordillère, parsemée de volcans, de lagunes, tiraillée entre déserts et glaciers, nourrie par les histoires de leur mère et de leurs grands-parents.
Carolina nous raconte souvent que, à chaque fois qu’elle y retourne et qu’elle survole la Cordillère avant de plonger vers Santiago, elle ne peut retenir ses larmes et ce sentiment tellement fort qu’une partie de son être appartient encore à ce pays. Peut-être nos enfants ressentiront-elles la même chose envers ce lieu inconnu.
En attendant, les préparatifs du voyage nous accaparent, et les filles trépignent en regardant passer cet été qui ne finit pas.
Nous sommes à quatre jours du départ et plus grand-chose ne nous retient de partir.
Aude Osnowycz – Ukraine, une jeunesse entre guerre et paix
Aude OSNOWYCZ – FRANCE Diplômée d’un master en géopolitique, elle a exercé différents métiers avant de se tourner vers la photographie. Passionnée par les grands bouleversements internationaux, mais aussi par leur impact sur le quotidien des populations civiles, elle décide en 2011 de devenir photojournaliste. Basée à Tunis, elle passera 4 ans à documenter les impacts des printemps arabes au Maghreb et au Moyen-Orient pour différents magazines français et étrangers. Elle a ainsi mené de nombreux travaux sur les problématiques liées aux femmes, aux minorités religieuses, chrétiennes ou athées ainsi qu’à la question LGBT.
Elle a été publiée dans de nombreux magazines tels que le Monde, Marie Claire, GEO, l’OBS, le New York Times, etc.
Depuis deux ans, elle a décidé de s’éloigner de l’actualité et d’entreprendre des projets de long terme. Elle travaille actuellement sur les frontières occidentales de la Russie, dont sa famille est originaire, un travail plus artistique et plus intime, questionnant à la fois l’âme slave et son passé familial.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Ukraine, une jeunesse entre guerre et paix
Depuis plus de trois ans, l’Ukraine est en proie à un conflit sans fin entre les territoires du Donbass et le gouvernement de Kiev. Malgré les accords de cesser le feu, la guerre continue et s’enlise transformant en profondeur l’ensemble de la société ukrainienne et en premier lieu la jeunesse.
Loin des reportages de guerre, la série « un été ukrainien » tente de dresser le portrait d’une génération perdue entre guerre et paix.
À l’est, dans la république autoproclamée de Donetsk, la société est minée par la propagande de russe, Poutine est porté aux nues, on y acclame les républiques indépendantistes d’Ossétie du Sud, d’Abkhazie ou de Transnistrie et les jeunes se ruent vers les « military games », des jeux de guerre grandeur nature organisés chaque dimanche par le ministère de la Défense.
À l’ouest, les fantômes du passé ressurgissent, un passé nationaliste aux héros parfois sulfureux, à l’image de Bandera qui pactisa autrefois avec l’Allemagne nazie.
Les écoles militaires font salle comble et les enfants sont envoyés par centaines dans des camps de jeunesse cosaques ou paramilitaires. On y réinvente l’histoire, chantant la main sur le cœur de vieux chants nationalistes, mais surtout on y apprend à se battre, à manier la kalachnikov et à détester l’influence russe sous toutes ses formes.

Jeunes garçons posant en uniforme dans un pensionnat militaire, Kiev, janvier 2017. Depuis le début du conflit le nombre d’enfants envoyés par leur parents dans ce pentionnat a décuplé.
Pourtant des deux côtés de la ligne de front, les jeunes ukrainiens rêvent tout simplement de retrouver une vie normale à l’instar de ces jeunes filles profitant des joies d’un été aux bords de la rivière Kalmius à Donetsk, de ces danseuses de l’Opéra de Donetsk qui tentent malgré tout de vivre leur passion ou encore de ces jeunes « underground » riant aux éclats durant une soirée organisée sur un pont désaffecté de Kiev.
De Donetsk à Kiev en passant par Cherkassy, « un été ukrainien » met donc en avant une autre facette du conflit en Ukraine à travers le quotidien complexe d’une jeunesse dont le futur reste incertain.