Christian BELLAVIA est photoreporter depuis longtemps, avec toujours la même intention, raconter l’instant, et transmettre autant d’informations que d’émotions dans mes images. En exerçant ce métier, j’ai perpétuellement été partagé entre expression journalistique et expression artistique. Mon parcours passe par des agences de presse, puis agence de photographes avec le désir d’aborder d’une façon différente les relations entre la presse et la photographie.
Être collaborateur du journal Libération m’a permis de pratiquer au quotidien une approche de la photographie qui me tient à cœur, raconter une histoire à l’aide de photographies ouvertes, ces images qui permettent au lecteur d’entrer dans l’image avec ses propres codes, de se faire sa propre opinion.
C’est ce que j’ai fait pour cette histoire de Sivens, des mois de travail sur place, dans des conditions rendues parfois très difficiles, autant de la part des forces de l’ordre que du coté des zadistes. Je m’efforce de mettre en pratique tous les jours cette réflexion du photographe Don McCullin : la photographie c’est d’abord ressentir avant de photographier. Si vous n’avez pas d’émotions, vos lecteurs ne pourront pas en avoir.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2017 : Sivens, ou le barrage impossible
Durant plusieurs mois, jusqu’en Mars 2015, des opposants à un projet de construction de barrage sur le Tescou dans le département du Tarn se sont affrontés aux forces de l’ordre pour empêcher la destruction d’une zone humide.
Débuté comme un simple rassemblement d’idéalistes, au fil des jours, ce site est devenu une ZAD, zone à défendre, une des plus importantes en France, et un symbole des luttes pour défendre la nature et un mode de vie alternatif. Chaque matin, des heurts avaient lieu avec les gendarmes qui occupaient le terrain afin de protéger les ouvriers venus défricher la zone et ils duraient jusqu’au soir en laissant, de nouveau, le terrain aux zadistes.
Jusqu’à cette nuit d’octobre 2015 où le jeune Rémi Fraisse, militant écologiste, a été tué par une grenade lancée par un gendarme. Ce drame a mis fin aux travaux, suivi par l’évacuation de la zone. Depuis, la justice a annulé la déclaration d’intérêt public, l’autorisation de défrichement et la dérogation à la loi sur les espèces protégées en donnant tort à l’État.
Mais cela ne rendra pas la vie à ce jeune écologiste amoureux de la nature.