Camilo LEÓN-QUIJANO – COLOMBIE – Né en 1991 à Bogotá. Il est titulaire de deux Masters en sociologie et vit en France depuis 2012. Photographe autodidacte, il explore les liens entre photographie et recherche en sciences sociales au sein d’un doctorat en sociologie visuelle à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales depuis 2015. En 2017 il a été lauréat du Prix du Diaporama Sonore (Libération et Fisheye Magazine). Cette même année il a été sélectionné pour la Nikon-NOOR Academy à Paris et a reçu le Prix Robert Lemelson de la Society for Visual Anthropology (American Anthropological Association). En 2018, il a été lauréat (1st Prize) du Rachel Tanur Prize for Visual Sociology, finaliste du LUMIX Festival for Young Photojournalism et du Days Japan International Photojournalism Awards.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2018 : Les Rudbywomen – Plaquer les stéréotypes
Sarcelles est une ville de banlieue située à 15 kilomètres au nord de Paris. Cette ville nouvelle est à présent une ville marquée par une forte stigmatisation socio-spatiale. La ville compte environ 60 000 habitants, une population jeune (presque 50 % a moins de 29 ans), un taux de chômage supérieur à 23 % et un revenu moyen de 16 891 € annuel. 35 % de la population est non diplômée et 50,7 % vit dans des HLM (INSEE, 2015). Le décompte de la population immigré-e-s est d’environ 18 000 individus, la plupart venue de l’Afrique du Nord, de l’Afrique Sub-saharienne et de la Turquie.
J’ai voulu explorer la ville sous l’angle du sport et de la jeunesse. De ce fait, en 2017 j’ai photographié le quotidien d’un groupe de jeunes joueuses de rugby inscrites à l’UNSS du Collège Chantereine de Sarcelles, l’un des centres éducatifs le plus stigmatisés de la ville. En photographiant leur quotidien, j’ai découvert la manière dont elles vivaient et interagissaient dans la ville.
En me plongeant dans leur vie personnelle et collective, j’ai appris l’importance de ce sport dans leur vie quotidienne : le rugby est un moyen de « plaquer » certains stéréotypes sociaux (filles de banlieue) mais aussi de genre (un « sport de garçons »).
Regarder la ville en chaussant les lunettes de ces jeunes joueuses a été l’occasion de photographier la banlieue autrement. Bien que des problématiques sociales persistent, le sport est un moyen de s’émanciper et de retrouver une dignité très souvent reniée par les institutions et les médias.
À la fin du projet et en vue mettre en valeur l’engagement sportif des jeunes rugbywomen du collège Chantereine, nous avons réalisé une exposition photographique « éphémère » dans leur collège : 22 images en grand format ont été collées sur les murs de l’établissement pour mettre en valeur cette expérience.