Christian Belloteau – La journée du cochon

Christian Belloteau – La journée du cochon

Christian-Belloteau

Christian BELLOTEAU – FRANCE
Photographe amateur dans l’âme, j’ai toujours pratiqué la photographie. En me laissant guider par les réflexes du cœur. Fixer l’instant qui procure l’émotion est primordial dans ma démarche.
Un paysage, une fleur, un nuage sur l’horizon, le sourire d’un enfant ou celui d’un visage marqué par la vie sont autant de sujets auxquels je m’attache.
Depuis quarante ans j’essaie de marcher dans les pas des grands maîtres qui ont contribué à construire et faire fructifier mon regard. Henri Cartier-Bresson, Doisneau, Willy Ronis, Izis sans oublier Diane Arbus ou Ansel Adams pour le paysage ont et bercent encore mes yeux de leurs merveilleuses images.

La photographie noir et blanc a ma prédilection, car elle mène à l’essentiel. Ce qui est loin d’être acquis pour l’amateur que je suis.
Pour conclure je ferai mienne cette pensée de Démocrite, philosophe grecque :

 La vie est un passage,
le monde une salle de spectacle.
On entre, on regarde, on sort .    

Autrefois, comme sans doute encore dans quelques fermes de nos campagnes profondes, la journée du cochon était l’occasion de réunir famille et amis pour le cuisiner et préparer les victuailles pour les beaux jours. La cochonnaille faisant partie des repas quotidiens ou presque. Jambon, grillon, boudins ou saucisses accompagnaient souvent les casse-croûtes de l’agriculteur qui se prenaient au bout du champ sous l’ombrage bienfaisant d’un cerisier ou d’un noyer.

Tout est bon dans le cochon disaient-ils.

Le jour du cochon
© Christian Belloteau

Ce sont ces souvenirs d’enfance qui m’ont conduit à mettre en images ce presque cérémonial encore pratiqué par une bande de vieux copains à la faconde certaine.Je me souviens encore de ces hurlements horribles qui me faisaient boucher les oreilles jusqu’à ce qu’une lame bien effilée vienne en éteindre les couinements.
Peur encore, quand je voyais la carcasse suspendue dans la pénombre de la remise. Le lendemain de cette mise à mort se transformait en fête où chacun jouait sa partition.Tout le monde était affairé telles des abeilles dans la ruche. La longue table de la cuisine se graissait, avec des zébrures de sang au fur et à mesure que la journée avançait. Le parfum poivré de la cuisine flattait les narines en même temps que la chaleur de l’âtre faisait oublier la froidure du dehors.
Il faut dire que le jour du cochon se passait toujours au cœur de l’hiver afin que la viande ne se gâte pas. En effet, la bête était engraissée afin que son poids optimum soit atteint en février. La plupart des fermiers des alentours suivaient ce rite quasiment immuable.
Aujourd’hui, tout ceci s’est perdu au fil du temps, mais quelques irréductibles perpétuent cette tradition pour leur consommation personnelle.

C’est la raison pour laquelle vous avez devant vous cette bande de copains qui, en toute convivialité vont se transformer en charcutiers hors pair le temps d’une journée, La journée du Cochon.