Cinzia Canneri _ Prix Camille Lepage 2023

Cinzia Canneri _ Prix Camille Lepage 2023

Cinzia CANNERI est une photojournaliste italienne diplômée en psychologie. Des études de photo à la Fondazione Marangoni de Florence ont été suivies par un master de photojournalisme à Rome. Sa spécialité c’est de documenter la condition humaine, dévoilant l’exploitation, montrant le changement social, genre et l’immigration. Elle a beaucoup travaillé dans la Corne de l’Afrique, où a photographié la condition des femmes d’un point de vue politique; social et culturel.

Son travail a été exposé au Bridge Photoville Festival in 2023, et au Musée de la Paix Kawasaki en 2022.

Elle a été publiée dans The New York Times, The Washington Post, Days Japan, L’Obs, Aften Post, Internazionale, Mind, Millenium, et Espresso.

« Corps féminin : champ de bataille” a remporté

  • 2023 – Le Prix Camille Lepage à Visa l’Image
  • 2023 – Le Documentary Photography Zeke Award SDN
  • 2023 – Le Circle of Life au Festival International de Photojournalisme de Vilnius
  • 2022 – Classé premier aux Pictures of the Year International

L’association Camille Lepage – On est ensemble décerne depuis 2015 un prix aux photographes engagé(e)s dans un projet au long cours. Ce prix doté de 8OOO€ est remis durant le festival  » Visa pour l’image « . Depuis 3 ans la Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe (SAIF) s’engage aux côtés de l’Association Camille Lepage – On est ensemble pour financer le prix.

Le ciblage systématique du corps des femmes pendant les guerres est apparu comme une stratégie utilisée dans le monde entier.
Les femmes sont l’objet de formes de violence spécifiques, notamment sexuelles, qui constituent ce que l’on a défini comme la « violence fondée sur le genre ».

Cristina Lamb (2021)

Les hommes aussi sont victimes, mais l’expérience des femmes est différente car la violence subie a pour raison leur genre.

Ce projet analyse le sort de femmes érythréennes et tigrinyas fuyant l’Érythrée, l’Éthiopie et le Soudan, en proie à la violence corporelle, poussées par les changements socio-politiques, le conflit ethnique ou les querelles de frontière, même après l’accord de paix de 2018 entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Voulant au départ suivre les Érythréennes fuyant un des régimes les plus oppressifs du monde, le projet s’est élargi pour inclure les femmes tigrinyas qui ont suivi les Érythréennes fuyant l’Éthiopie du nord pour chercher refuge dans les camps de la capitale Addis-Abeba, ou au Soudan.

Addis Ababa, Éthiopie, 31 octobre 2017.
Yohanna (22 ans), Érythréenne, se repose avec la main de sa mère sur son bras après avoir reçu un traitement pour des complications suite à l’ablation d’un rein. Yohanna a été blessée par balle par la police érythréenne à la frontière de Shambuko (Érythrée) et s’est réveillée dans un hôpital en Éthiopie où elle a appris qu’un de ses reins avait été enlevé. Elle n’a pas de dossier médical ni de document écrit justifiant l’opération ou l’ablation du rein. Les jeunes filles qui tentent de fuir l’Érythrée reçoivent souvent une balle dans le ventre tirée par la police militaire pour les empêcher d’avoir des enfants.
© Cinzia Canneri, Prix Camille Lepage 2023

Les experts des droits de l’homme des Nations unies ont accusé toutes les forces impliquées dans la guerre du Tigré de crimes contre l’humanité, en particulier pour les violences sexuelles perpétrées par les Forces de défense nationales éthiopiennes (ENDF), les Forces de défense érythréennes (EDF) et les milices régionales amhara (Fano).

L’EDF a utilisé la violence sexuelle comme une arme de guerre contre les femmes érythréennes et tigrinya : : contre les premières pour avoir voulu fuir leur pays, contre les autres pour les exterminer.

Leurs corps furent un champ de bataille, attaqués des deux côtés.

© Cinzia Canneri – Prix Camille Lepage 2023

Les soldats et les milices ont soumis les femmes tigrinya et érythréennes à des viols individuels et collectifs, à l’esclavage sexuel, à des mutilations sexuelles et à des formes de torture telles que les insultes ethniques et les menaces de mort. Les survivantes souffrent encore de traumatismes physiques et mentaux importants (Amnesty International, 2021). Après deux ans de guerre, une trêve a été signée à Pretoria, mais la paix est un long processus qui diffère d’un accord militaire et nécessite la reconnaissance des droits de l’homme sans distinction de sexe. Les femmes demandent justice et la seule forme de compensation qu’elles peuvent avoir est d’obtenir un meilleur avenir pour elles-mêmes et leurs enfants.

Légende de la photo d’en tête

Asmara, route de Massawa, Érythrée. 23 mars 2019.

Une jeune fille érythréenne marche le long de la voie ferrée qui relie l’Érythrée à l’Éthiopie.

La majorité des enfants érythréens grandissent sans la protection de leurs parents, qui ont émigré ou servent indéfiniment dans l’armée dans des lieux inconnus. Par conséquent, les jeunes enfants développent une forte envie de quitter leur pays à la recherche d’une nouvelle vie. Au cours des trois mois qui ont suivi l’accord de paix de septembre 2018 entre l’Érythrée et l’Éthiopie, la moyenne des arrivées quotidiennes en Europe a révélé que de nombreux enfants avaient fui à l’insu de leur famille, tentant souvent de rejoindre leurs parents déjà à l’étranger.