Didier Bizet _ Baby Boom

Didier Bizet _ Baby Boom

Didier BIZET a travaillé de nombreuses années en tant que directeur artistique pour le compte de clients internationaux en agences de publicité en France et à l’étranger.

En 2015, il se consacre uniquement à la photographie et rejoint le studio Hans Lucas. Ses attirances vont vers les anciens pays du bloc soviétique « où la mélancolie du temps se laisse docilement photographier ». Entre photographie d’auteur et documentaire, la photographie est pour lui un vrai apprentissage de l’environnement.

« La photographie me facilite et parfois me donne des réponses à mes propres questionnements sur les sociétés. Elle n’est pas que plaisante mais aussi nécessaire à ma propre expérience de vie. Le monde qui m’entoure évolue, se modernise, se modifie, me surprend. Je suis à la recherche de curiosités de notre société moderne afin de les comprendre.»

Didier Bizet

Didier Bizet est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts et licencié en histoire de l’art. Il publie ses reportages dans la presse internationale. Il a reçu en 2020 un Sony Award pour sa série Baby boom publiée de nombreuses fois en France comme à l’international et projetée en 2020 à Visa pour l’image.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2023 : Baby Boom

Apparu aux États-Unis dans les années 1990, le reborn est une poupée ressemblant à s’y méprendre à un véritable nouveau-né. Avec un réalisme poussé à l’extrême et voués à différents usages, dont certains sont pour le moins contestés, les reborn souffrent d’une mauvaise réputation et sont régulièrement pointés du doigt tant les artistes reborn s’attachent à créer une texture hyperréaliste avec des détails tels, que des taches de naissance, réseau sanguin, cheveux, pores, larmes, salive, etc

L’utilisation et la destination de ces poupées sont regroupées en plusieurs catégories principales : les artistes reborn, les collectionneurs, les hôpitaux et enfin les pères et les mères adoptantes. Le réalisme des reborn est si bluffant que les Ephad n’hésitent pas à s’en servir pour soulager les personnes âgées atteintes d’Alzheimer et les unités pédiatriques hospitalières à l’utiliser à des fins didactiques.

Virginia pose avec une partie de ses reborn. Virginia est reborn artist et collectioneuse. Elle habite avec sa mère qui nous explique que sa fille n’a pas les moyens de vivre dans son propre appartement à cause de son salaire qui est bas. Pourtant Virginia investit des sommes importantes dans sa passion. Tolède mai 2019. © Didier Bizet

Alors, comment ne pas s’interroger sur le poids de cette société qui suscite le besoin de concevoir la vie en un claquement de doigts, ou plutôt avec du plastique, de la peinture acrylique et des poils de chèvre ? Qu’est-ce qui pousse une femme, un couple, à adopter — et non acheter le mot est tabou — un bébé qui lui ressemble, à l’aimer comme sa propre chair, à le promener en poussette, l’habiller et lui construire une chambre ? Avec une popularité grandissante sur toute la planète _ des États-Unis à la Russie, en passant par la Chine, le Canada, l’Australie, l’Europe, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Japon, etc _ le reborn, malgré son image médiatique négative, apparaît pour beaucoup comme un remède à leur solitude, à leur difficulté de communiquer autrement que via les réseaux sociaux et remplace, dans certains cas, les traitements traditionnels

Car, si pour certains ils ont l’apparence de « bébés morts », pour d’autres ils sont synonymes d’espoir, de bien-être et de réconfort.

De faux bébés donc, mais qui procurent du vrai bonheur, de l’amour et du partage.

Des centaines de visiteurs se pressent au Doll Show de Valencia en Espagne. Ce salon du reborn est le plus grand d’Europe. Le jury composé de reborneuses du monde entier adulées par les collectionneurs se rassemble à la fin de la première journée du salon. À gauche, Bianca Franke note attentivement les nombreux détails des « bébés » tels que l’implantation des cheveux et le travail de peinture. Valencia avril 2019. © Didier Bizet