Isabelle Serro _ Destination finale

Isabelle Serro _ Destination finale

Reporter photographe basée en France et distribuée par Divergence Images, Isabelle SERRO se rend depuis vingt ans dans des zones dites sensibles à travers le monde. Ses travaux journalistiques s’attachent principalement à l’humain. C’est sur le continent africain qu’elle a travaillé en profondeur depuis ces dernières années, en donnant de la visibilité sur les conséquences que peuvent avoir sur les populations, le manque d’accès à l’eau potable, les effets de la surpêche, ou encore l’absence d’électrification de zones très précaires et enclavées. Des reportages au long court, qui viennent croiser un travail de fond sur les chemins migratoires qu’elle mène depuis 2014.

Autant de reportages diffusés dans la presse internationale, exposés et récompensés.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2023 : Destination finale

Véritables chevilles ouvrières du secteur de la pêche, les femmes qui souffraient déjà des conséquences de la surpêche des bateaux usines qui œuvrent au large, commencent à pâtir de cet autre dommage collatéral, engendré par cette pollution textile. Le poisson tente à disparaitre, et lorsqu’il est là, il est difficile de le faire sécher, car trop petit et donc invendable. © Isabelle Serro

Ces dernières années, conscients du désastre environnemental, engendrés par l’importation de vêtements de seconde main, en provenance du continent européen, de Chine ou d’ailleurs, l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda leur ont fermé leurs portes.

Le Ghana, lui, continue d’accueillir généreusement, chaque jour, plus de 160 tonnes de ce textile, que plus de 30 000 personnes tenteront de vendre, au sein du gigantesque marché aux fripes, Katamanto, situé en plein cœur du quartier d’affaires de la capitale.

Ces vêtements rejetés par une partie de la planète, sont aussi et surtout le miroir des habitudes de consommation de la société occidentale. Il s’agit majoritairement de vêtements usagés qui ont été donnés à des associations caritatives, en Europe, aux États-Unis. C’est aussi, toute la surproduction issue de la fast fashion. 

Avec l’essor du prêt-à-porter bon marché, dit fast fashion, la durée de vie d’un vêtement ne cesse de diminuer. Afin d’en réduire les coûts de production et de favoriser l’augmentation des ventes, les matières premières utilisées ne répondent plus à des critères de qualité pérennes ni aux normes environnementales et de santé.

À cela s’ajoute, le développement florissant des plateformes de vente de textile de seconde main sur le net, qui fait qu’avant d’atterrir dans la benne, supposée de recyclage, le vêtement a déjà eu plusieurs vies à son actif.

Son arrivée dans l’immense marché de fripes de Katamanto est supposée lui donner un second souffle. Depuis quelques années, pour les raisons évoquées ci-dessus, seulement environ, 30 % de ces importations pourront être finalement vendues.

Les 70 % restant, jugées inexploitables, vont, elles, participer à un désastre écologique sans précédent, créant sur leur trajectoire, des dommages collatéraux irréversibles. Chaque année, ce sont 50 milliards de tee-shirts qui sont jetés. Il est estimé qu’au moins un sur 8 échouera dans les décharges ou les plages africaines.

Isabelle Serro 2023

Soirée rencontre – Projection

Une soirée rencontre avec Isabelle Serro – Destination finale – De notre dressing à l’océan

« Le Ghana, reçoit, chaque jour, plus de 160 tonnes de textile dit de seconde main en provenance de l’occident, que plus de 30 000 personnes tenteront de vendre, au sein du gigantesque marché aux fripes, Katamanto, situé en plein cœur du quartier d’affaires de la capitale. Ce textile est le miroir des habitudes de consommation de la société occidentale. Il s’agit majoritairement de vêtements usagés qui ont été donnés à des associations caritatives, en Europe, aux États-Unis mais dont plus personne ne veut dans les pays développés. C’est aussi, toute la surproduction issue de la fast fashion. 

©Isabelle Serro

L’industrie textile pèse aujourd’hui 3000 milliards de dollars. Entre 2005 et 2019, la consommation mondiale de vêtements et de chaussures a presque doublé, passant de 74 milliards à plus de 130 milliards d’articles. L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. Cinquième plus gros émetteur de gaz à effet de serre en Europe, le secteur est aussi le troisième consommateur d’eau dans le monde, après la culture du blé et du riz. Des constats alarmants pour l’environnement, mais aussi pour les droits humains. Heureusement, il existe des solutions pour transformer le système en profondeur : chacun.e à son niveau a les moyens d’agir, en tant que citoyen.ne mais aussi en tant que consommateur.rice. La première étape, c’est de s’informer. »