Jean-Louis MERCIER, est né à Saint-Malo, il vit en Bretagne à Vieux Vy sur Couesnon.
Adepte de la photographie humaniste, j’ai débuté ma quête d’images auprès de sans abris, de boat people venus du Laos et du Viêt-nam dans des centres d’hébergement rennais.
J’ai découvert en 1980 l’existence de terrains d’accueil des Gens du Voyage à Rennes. Une population parfaitement invisible. Préjugés, mystères et rejet de cette population n’ont fait qu’attiser ma curiosité. La rencontre avec Tichlam, Pasteur évangéliste écouté et respecté, fut déterminante pour cette aventure dans ce monde de Manouches bretons et voyageurs.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2023 : Des amis Manouches
42 ans après je me souviens parfaitement du premier contact.
Après mûre réflexion j’avais jeté mon dévolu sur le terrain d’accueil du Canal Saint Martin. Un dimanche matin brumeux et froid d’hiver, sans repérages préalables dans ce quartier, mon arrivée à vélo dans le terrain fut brutale, bruyante et imprévue. Surprise intense partagée avec un regroupement d’enfants !
Que pouvait bien faire un gadjo un tel jour perché sur son deux roues sans moteur ?
De mon coté j’avais l’impression d’avoir passé en clandestinité une frontière d’un pays même pas signalé dans les manuels de géographie, tant le choc fut violent ! Des caravanes éparpillées sur un terrain boueux, des carcasses de voitures, des odeurs de plastiques brulés et ces enfants pétillantes de vie qui m’entouraient pleins de questions dans la bouche concernant ma présence, car seuls l’Assistante Sociale ou les Policiers venaient les voir. Je fus surpris par la maturité précoce de ces enfants à travers notre discussion et leur comportement. Ce premier jour, le terrain d’accueil devint un véritable studio où les portraits se succédèrent. À aucun moment je n’ai vu les parents, mais je ressentais leurs présences derrière les rideaux des caravanes.
Chaque Week-end qui suivit les tirages photo retrouvaient leurs modèles. La méfiance des parents s’atténuait au cours du temps pour enfin disparaitre. Mon addiction au café date de ce moment où je fus invité de caravane en caravane pour déguster une ou deux tasses. Confiance gagnée, j’étais le bienvenu dans leur univers.
Un jour de cet hiver bien froid, une famille m’invita à assister le soir même à une messe qui était organisée deux fois par semaine dans un vieux container de chantier installé et équipé par la ville pour les consultations des Assistantes sociales. Je fis connaissance avec Joseph CASÉACH, appelé Tichlam, Pasteur évangéliste.
Quelques jours après j’étais dans sa caravane autour d’un café ….. Il m’accompagna à tous mes vernissages.