Jonathan Fontaine _ En attendant la pluie

Jonathan Fontaine _ En attendant la pluie

Originaire de Reims en France, Jonathan FONTAINE est un photographe documentaire indépendant parcourant la planète depuis 2013.

Son travail s’engage à témoigner de l’impact social et sanitaire de la globalisation et de la crise écologique sous ses différents aspects. La sécheresse, la déforestation, l’exploitation minière, l’agriculture intensive et bien d’autres ont des conséquences irréversibles sur beaucoup de communautés dans le monde.

Ses premiers travaux se concentrent sur la condition des réfugiés Rohingyas au Myanmar, considérés comme l’une des minorités musulmanes les plus persécutées au monde. Après avoir intégré l’agence SIPA, ils couvrent l’Asie du Sud Est pour la presse internationale.

À partir de 2016, il se base en Éthiopie afin d’y documenter les effets dévastateurs des sécheresses sur les nomades dans la corne africaine. Il intègre l’agence Hans Lucas. Entre-temps, il documente les conditions sanitaires des peuples Wichi et Ayoreo face aux plantations de sojas et à la déforestation du Gran Chaco en Argentine et au Paraguay. 

Ses travaux ont été publiés dans de nombreux médias dont Le Monde, Le Figaro Magazine, L’Humanité, The Guardian, Mediapart, Terra Mater, Jeune Afrique.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2023 : En attendant la pluie

Le réchauffement climatique provoqué par l’activité capitaliste dans sa phase mondialisée bouleverse complètement l’équilibre de la Corne africaine et l’économie pastorale des communautés nomades. Cela a pour effet immédiat de susciter une crise humanitaire s’aggravant chaque année, avec pour conséquence la disparition d’un mode de vie, celui du nomadisme pastoral. En 2023 et dans certaines zones de Somalie, c’est un record inégalé de plus de 2 ans sans pluie qui aggrave la situation humanitaire et sanitaire.

Les sécheresses s’enchaînent année après année, et plus une herbe ne pousse. Cette réalité brute s’exprime de façon statistique : plus de 3.5 millions de têtes de bétail ont péri au cours de la seule année 2022. Les conséquences économiques et humanitaires de ces graves changements climatiques se matérialisent à travers une crise alimentaire constante et une transformation sociale de la vie de nomade en existence sédentaire, avec le destin peu enviable de réfugié climatique.

Après 30 minutes de pluie, un point d’eau boueux s’est formé. Farah est venu collecter de l’eau pour sa famille. © Jonathan Fontaine

Les femmes portent le plus lourd fardeau, car c’est à elles que revient la tâche de trouver l’eau et la nourriture pour la famille. Cela implique de marcher de 3 à 12 heures sous un soleil de plomb, trouver un point d’eau dans une rivière asséchée, creuser un trou de 3 mètres, extraire une eau souvent contaminée et faire le chemin inverse avec les barriques sur le dos. Des conditions sanitaires difficiles pour les femmes enceintes, aggravées par un danger grandissant d’agressions sexuelles en ces temps de crise.

© Jonathan Fontaine

La structure sociale des familles subit également un grand bouleversement en raison de
la perte du bétail dont les hommes étaient responsables. En effet, beaucoup d’entre eux
abandonnent leurs familles par honte et déshonneur mais aussi à cause de l’augmentation des maladies mentales provoquées par un changement de vie brutal.
Certains perdent complètement le sens des réalités et doivent être enfermés ou enchaînés par la famille pour la sécurité de tous. Les quelques nomades qui arrivent à s’adapter à la sédentarité des petites villes sont souvent exploités par des entrepreneurs peu scrupuleux, qui profitent de leur
vulnérabilité. La majorité des nomades vivent actuellement dans des camps de réfugiés climatiques. Femmes et enfants arrivent tous les jours dans l’attente d’une aide internationale, elle-même fragilisée par la guerre en Ukraine.