BIOGRAPHIE
Lou CAMINO vit et travaille à Paris. Elle expose et publie, en auto-édition, des livres sur ses projets photographiques. Elle est membre du studio Hans Lucas depuis janvier 2016 et du collectif Les 4 Saisons depuis 2017.
Issue de formations en physique, journalisme scientifique et sociologie du cinéma, Lou Camino mène des projets artistiques, individuels et collectifs, s’appuyant sur les arts visuels, la photographie en tête, ainsi que l’écriture, souvent associée à l’image.
Habitée par l’idée que la vie ne se résume pas à l’ici, elle part sonder l’ailleurs le plus souvent possible. Posant un regard poétique et optimiste sur le monde, elle ramène de ses diverses pérégrinations, courtes ou longues, images, impressions et réflexions qu’elle a à cœur de partager sous diverses formes.
Portée par le collectif, elle imagine, en 2010, le projet Objectif 3280, matérialisé avec Coralie Vincent. Si l’intention première de ce projet-événement est de créer une œuvre poético-photographique avec des inconnus, il interroge également la place et le rôle de la photographie dans nos vies. Cinq éditions ont déjà eu lieu, réunissant plus de 600 personnes dans 45 pays.
EXPOSITION BARROBJECTIF 2019 : HUMBERSTONE KN03 – E252
Je dois avouer un tropisme fort partiellement inexpliqué pour les villes fantômes, témoins évanescents d’une vie révolue, souvent menée dans des conditions extrêmement difficiles tout en étant chargée d’un fol espoir, celui d’une certaine richesse, promesse d’une existence plus douce.
Cette fascination m’a conduite à Port Jeanne-d’Arc à Kerguelen, Bodie en Californie, Kolmanskop en Namibie, ou encore Humberstone au Chili, dans l’aride désert d’Atacama.
Humberstone a été la plus grande mine d’extraction de salpêtre au monde, sortie de la poussière en 1872 pour s’éteindre définitivement au mitan du 20e siècle et entrer au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005. Une ville à part entière, aujourd’hui plongée dans le silence, avec école, hôpital, théâtre, église, terrain de sport et même piscine (une gageure en plein désert).
Comme ses congénères abandonnées au temps qui passe, Humberstone pose la délicate question de sa conservation à l’heure où elle se dégrade naturellement tout en devenant un lieu de pèlerinage pour les descendants de mineurs et une destination touristique hors du temps pour les autres. Sans chercher à répondre à cette interrogation, cette série « Humberstone – KNO3 – E 252 » s’en fait l’écho, nous renvoyant à ce que nous faisons de/à notre planète et de/à nous-mêmes dans un cycle loin d’être vertueux.
KNO3, ou nitrate de potassium, est en effet le nom chimique du salpêtre. Incolore et inodore, utilisé pour envoyer les fusées dans l’espace ou, plus terre à terre, dans les pâtes dentaires, il est aussi bien connu de l’industrie agroalimentaire qui l’exploite comme additif, le controversé E252. Celui-là même qui donne sa couleur rose à la charcuterie et permet de la conserver plus longtemps. De là à appliquer littéralement cette recette à l’envoûtante Humberstone, il n’y a qu’un pas chromatique que je me permets allègrement de franchir…