Jean-Daniel Guillou – L’Ukuli : un rite millénaire

Portrait de Jean-Daniel GuillouNé en 1963 à Dakar, Jean-Daniel Guillou vit en Charente. Photographe freelance il est l’auteur du livre 18, Appels d’urgence (éditions Arléa) sur les sapeurs-pompiers, qui a nécessité deux ans de travail. Il a notamment réalisé pour Géo un témoignage photographique sur les derniers Tziganes vivants en roulotte dans le Limousin. Passionné de l’Afrique, où il a réalisé un reportage sur l’Association de l’arche de Zoé, et emprisonné au Tchad pendant 2 semaines, Jean-Daniel s’est retrouvé au coeur de l’actualité. Curieux des univers les plus variés, il est un observateur patient du quotidien, photojournaliste au long cours, qui réalise des sujets complexes, ou nécessitant une approche précautionneuse.

EXPOSITION BARROBJECTIF 2017 : L’Ukuli, un rite millénaire

La vallée de l’Omo, encore peu accessible, est l’un des berceaux de l’humanité. Plus de vingt ethnies se partagent cette vallée : Karo, Musi, Ari, Hamar, Dorzé, ethnies qui ont longtemps vécu en marge de l’histoire éthiopienne. J’ai passé une journée avec l’ethnie des Hamar, qui sont des pasteurs nomades, vivant de l’élevage, et de la culture du sorgho.

Les Hamar amorcent des danses et des chants traditionnels. Ils sautent en joignant les deux pieds. Leurs cris se mêlent aux coup de trompettes qui raisonnent.

Les rites traditionnels structurent l’existence des Hamar. Le plus connu est l’Ukuli : il symbolise l’entrée du jeune homme dans l’âge adulte. Chez les Hamar, ce rite initiatique pour passer du statut de garçon à celui d’homme prêt à se marier est immuable depuis des siècles. Le futur initié (l’aïké) est désigné par son chef de clan, puis se prépare longuement.

Des jeunes Maz déjà initiés, ils accompagnent le jeune novice (l’aïké) tout au long de la cérémonie.

La dernière étape de ce rite de passage prend la forme d’une cérémonie, chants, danses, flagellations, et enfin le saut de vache pour devenir un homme. Dans ce reportage, le jeune initié passe la plus grande épreuve de sa vie, celle qui lui permettra de devenir un adulte. S’il réussit, il pourra se marier, posséder un troupeau, participer au conseil des anciens, et enfin, porter une Kalachnikov et partir à la guerre contre les tribus ennemies, surtout les Mursi, qui leur volent femmes et bétail.

Elle fait face au jeune Maz, pour lui montrer son courage, elle secoue ses tresses enduites de glaise et l’insulte.

Quelques images peuvent choquer, les jeunes femmes soutiennent le jeune initié à leur façon, elles s’apprêtent à subir volontairement des flagellations. Les femmes dansent, hurlent dans leur trompette, boivent de la bière de sorgho qu’elles se passent de bouche en bouche pour vaincre la peur mais aussi la douleur.