Après avoir couvert les émeutes de 2013 de la place Taksim, en Turquie, Michæl Bunel s’est rendu en Ukraine pour suivre de l’intérieur l’insurrection armée des séparatistes entre Donetsk et Slaviansk, deux villes qui ont abrité des bastions pro-russes en mai 2014. À l’automne 2015, il commence à suivre de près les trajectoires des migrants à travers l’Europe Centrale. Il vient d’achever un travail au long cours de huit mois en Seine-Saint-Denis qui a abouti à un livre, « Croire dans le 9.3 ». Le travail présenté aujourd’hui s’inscrit dans son travail au long cours sur les phénomènes migratoires.
« Voies sans issu » Coup de cœur du jury de la session #1 du Prix Mentor 2017, prix Roger Pic de la SCAM 2015, nominé pour « The Watchem » (Ukraine)
EXPOSITION BARROBJECTIF 2017 : Voies sans issue
La Hongrie et la Croatie ont fermé leurs frontières et n’hésitent pas à repousser les migrants qui passent. De fait, bien involontairement, la Serbie se retrouve le nouveau barrage de l’Europe sur la route des Balkans.
Depuis le début de l’hiver un peu plus de deux mille réfugiés, en très grande majorité afghans et pakistanais, s’entassent dans les anciens entrepôts désaffectés et insalubres de la gare ferroviaire de
Belgrade.
Deux mille personnes pour un unique tuyau d’eau potable, qui vivent sans toilettes et sans douches. Deux mille personnes qui attendent de continuer leur route ou que des places se libèrent ou se créent dans des centres d’accueil officiels. Les quinze centres du pays en compteraient déjà plus de 7000. De plus, entre 400 et 700 migrants arriveraient chaque mois dans le pays. Une nouvelle « jungle » de Calais est en train de naître selon le responsable MSF à Belgrade.
Sur place les ONG sont interdites par le gouvernement qui craint de créer ainsi un appel d’air.
Celui-ci n’a toujours pas répondu aux demandes pressentes d’associations d’installer des toilettes. MSF à néanmoins mis à la disposition des migrants des poêles qui permettent d’augmenter la température de dix degrés dans les entrepôts ; malgré cela les températures restent négatives la nuit. Aussi, une association est tolérée pour distribuer de la nourriture, seul repas chaud de la journée. Par des températures extrêmes, les réfugiés brûlent les anciens rails en bois : ils baignent en permanence dans des fumées toxiques. Sans oublier le manque d’hygiène, terrain propice aux épidémies de gale ou de poux.