Julien ERMINE est un photographe français indépendant âgé de 39 ans basé dans l’ouest de la France à Rennes. Membre et Co-fondateur de l’agence Dalam, son travail est actuellement diffusé par le studio Hans Lucas. Ancien travailleur social, son activité se concentre essentiellement autour de la photographie d’actualité et de reportage.
Ses sujets s’orientent principalement sur des thématiques liées aux inégalités sociales, aux problématiques humanitaires et aux zones de conflits à travers le monde, Asie, Afrique et Moyen-Orient.
Prix et récompenses
2013 – Prix de la Photographie Humaniste de l’année et Prix du meilleur jeune talent photographique de l’année
2014 – Prix du reportage de l’année. www.photographiesdelannee.com
2016 – Mention spéciale du Lens’Art Photographic. www.lensartphotographic.com
2019 – Participation à la World Photographic Cup – catégorie Reportage »
Perdu dans les montagnes verdoyantes du centre de l’ile Indonésienne de Sulawezi vit un peuple aux coutumes funéraires très particulières. Les croyances qui entourent la vision de la vie et de la mort de ce groupe ethnique diffèrent en bien des points de nos traditions occidentales. Pour les Toraja, la mort n’est pas la fin. La mort n’intervient que sur le corps physique, elle ne représente simplement qu’une étape où l’esprit perdure et continue ailleurs son chemin. Afin d’accompagner les défunts dont l’âme continue de les entourer, les rituels funéraires Toraja possèdent nombre des particularités fascinantes et déconcertantes à la fois.
Les funérailles (appelé Le Tomaté), ont lieu jusqu’à 3 ans après le décès. Celles-ci durent 7 jours et revêtent le caractère le plus sacré.
Pendant cet intervalle d’un à trois ans, la famille du défunt veille sur son corps ou sur son cercueil, entreposé le plus souvent dans une pièce de la maison familiale, attendant patiemment que n’arrive le premier jour d’une longue cérémonie.
Dans certains villages du nord Toraja, il existe un rituel, celui du « Ma’néné » ou « des deuxièmes funérailles ». Selon la tradition locale, les corps, au préalablement embaumés, sont ressortis de leur cercueil, pour être entretenu par la famille. Ils sont nettoyés et changés. C’est un moment pour la famille de renouer le lien, de leur parler, éprouvant joie et tristesse dans un moment qui à certains égards peut décontenancer.
Photo-reporter depuis 30 ans, Marie Dorigny, 59 ans, a d’abord travaillé en tant que journaliste rédactrice. Elle a rejoint la photographie en décembre 1989 lors de la révolution roumaine et a réalisé depuis des reportages engagés sur le travail des enfants, la condition des femmes ou les formes contemporaines d’esclavages.
Son travail, publié dans la presse nationale et internationale, a également été exposé à maintes reprises, dans les galeries photos de la FNAC (l’esclavage domestique), au Festival Visa pour l’Image de Perpignan (travail des enfants et accaparement des terres), en passant par la Bibliothèque Nationale de France (prostitution et immigration clandestine) ou encore le Muséum de Lyon (Cachemire).
Son dernier travail en date, « Displaced, femmes en exil », un reportage réalisé sur commande, en 2016, pour le Parlement Européen, a été exposé durant trois mois à Bruxelles par le Parlementarium ainsi qu’à Visa pour l’Image.
Parmi les
récompenses qui lui ont été attribuées, on peut citer :
1991 : un World Press pour son reportage sur les ravages de l’Agent Orange au Vietnam
1998 : le Prix Kodak du jeune photo-reporter pour son travail sur l’esclavage domestique
2013 : elle est lauréate d’une bourse du festival « Photoreporter en baie de St Brieuc », pour un projet de reportage sur les violences faites aux femmes au Népal
2014 : lauréate de la bourse photo AFD/Polka pour son projet « Main basse sur la terre » sur l’accaparement des terres arables dans le monde, travail exposé par la suite à la MEP (Maison Européenne de la Photographie)
Trois
monographies présentent également son travail photographique :
« Enfants de l’ombre » aux Éditions Marval, 1993, « Cachemire, le paradis oublié » aux Éditions du Chêne, 2004 et enfin, «L’inde invisible », Éditions CDP, 2008.
EXPOSITION DES 20 ANS DE BARROBJECTIF : Népal, le pays qui n’aimait pas les femmes
En 2009, une étude
du ministère de la santé népalais révélait que la première
cause de mortalité chez les femmes âgées de 15 à 49 ans était le
suicide. Ce triste résultat fait du Népal un cas unique au monde.
Dans l’ancien royaume himalayen, les formes de violences traditionnelles à l’égard des femmes sont légion : violences domestiques, discriminations spécifiques comme le chaupadi , qui les relègue les femmes dans les étables durant les périodes de menstruation, infériorité juridique, consacrée par le fait que seuls le père ou le mari peuvent décider de donner la citoyenneté à leur fille ou épouse. Sans leur bon vouloir, une Népalaise n’a pas même d’existence légale. Dans les provinces de l’ouest du pays, les plus arriérées, plus de 60% des femmes sont dans ce cas.
Le gouvernement central a complètement négligé le développement du Sindhu Palchowk. Le district manque cruellement d’infrastructures de base. Accéder aux rares services de santé est très compliqué pour les femmes qui doivent souvent marcher durant des heures avant de trouver un poste de santé. Certaines arrivent le jour de leur accouchement sans avoir jamais vu un médecin.
Golce, Sindhu Palchowk, Nepal 2013.
Mais à ces
atteintes anciennes se superposent de nouvelles menaces liées à la
situation délétère du pays. Valse des gouvernements, corruption
endémique, vide constitutionnel… Depuis la fin de la guerre civile
et la chute de la monarchie en 2006, le Népal est en proie à une
instabilité chronique. Dans ce chaos politique et institutionnel, la
pauvreté et les trafics en tous genres prospèrent, dont les femmes
sont devenues les premières victimes.
Minées
par l’incurie des autorités en matière de développement
économique, et par les premiers effets du réchauffement du climat,
les campagnes se vident. Dans des régions entières, les villages
ont été désertés par les hommes, partis travailler en Inde ou
dans les pays du Golfe. Livrées à elles-mêmes, les femmes croulent
sous le double fardeau des tâches domestiques et des travaux
agricoles, sur fond d’insécurité alimentaire grandissante (25% de
la population est désormais concernée).
Quand
elles prennent le chemin de l’exil avec leur famille, c’est pour
finir dans les bidonvilles qui se multiplient autour de Katmandou, où
chômage et alcoolisme nourrissent la violence domestique.
La
misère n’alimente pas simplement les mouvements migratoires, mais
aussi le trafic d’êtres humains, dont les femmes sont aussi les
premières cibles. Trafic international en pleine expansion :
des milliers de Népalaises étaient déjà vendues aux bordels
indiens chaque année ; avec l’apparition de nouveaux réseaux
mafieux, elles finissent désormais jusque dans ceux du Golfe et de
l’Asie.
Trafic
interne aussi : elles sont désormais des milliers à vendre
leur corps dans les bars et salons de massage de la capitale, alors
que la prostitution y était jusque-là quasi inexistante. Une
nouvelle source d’inquiétude pour les ONG qui craignent que le Népal
devienne la prochaine destination phare pour le tourisme sexuel.
Face à cette situation, ONG et société civile s’organisent, avec souvent des femmes en première ligne : avocates luttant contre l’inégalité juridique, travailleuses sociales gérant des foyers d’aide à la réinsertion des anciennes prostituées, brigade de policières spécialisées dans la violence domestique se battent au quotidien pour leurs concitoyennes… Mais toutes ces initiatives constituent encore de faibles remparts, face à cette vague féminicide.