Christian Belloteau _ Une mémoire silencieuse, Oradour sur Glane – 10 juin 1944

..EXPOSITION Les JOURNÉES du REPORTAGE de BOURISP..

Christian BELLOTEAU est un photographe amateur dans l’âme, il a toujours pratiqué la photographie en se laissant guider par les réflexes du cœur.

Fixer l’instant qui procure l’émotion est primordial dans sa démarche. Un paysage, une fleur, un nuage sur l’horizon, le sourire d’un enfant ou celui d’un visage ridé par la vie sont autant de sujets auxquels il s’attache. Depuis cinquante ans, il essaie de marcher dans les pas des grands Maîtres qui ont contribué à construire et faire fructifier son regard.

Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Willy Ronis, Izis, sans oublier Diane Arbus, Elliott Erwitt ou Ansel Adams pour le paysage, ont et bercent mes yeux de leurs merveilleuses images.

La photographie noir et blanc est ma prédilection, car elle mène à l’essentiel, ce qui est loin d’être acquis pour l’amateur que je suis. Pour conclure, je ferai mienne cette pensée du philosophe grec  Démocrite : « La vie est un passage, le monde est une salle de spectacle. On entre, on regarde, on sort. »

Exposition BarrObjectif 2018 : La journée du cochon

..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Une mémoire silencieuse, Oradour sur Glane – 10 juin 1944.. 

Oradour sur Glane © Christian Belloteau

Cauchemar éveillé.

À peine ai-je foulé le bitume écaillé de cette longue rue grise qui s’étire devant moi, un lourd silence se fait sentir, oppressant. L’Histoire m’envahit de ses pages sanglantes auxquelles se mêlent celles d’une réalité qui s’offre à mon regard éberlué devant ces ruines érodées par les assauts du temps.

Mon esprit a du mal à s’extraire de ce chaos qui s’y installe. Je me vois mort à chaque coin de rue comme les 642 victimes dont 170 enfants de moins de quatorze ans, de ce jour d’apocalypse que fut le samedi 10 juin 1944.

Oradour sur Glane © Christian Belloteau

La réalité est confrontée aux désirs du cœur. Cet imbroglio infernal déverse une avalanche d’images qui se superposent les unes, les autres pour former un monde où le Bien et le Mal se livrent une guerre sans pitié. Le passé tente de ressusciter par quelques signes existentiels pour se noyer très vite dans le présent qui m’assaille de toutes parts.

Une mort lente grignote inlassablement les pans de murs ayant résisté à la horde barbare qui a glorifié sa haine par le massacre aveugle de toutes les âmes innocentes de ce petit village paisible que fut Oradour sur Glane.

Seuls, quelques arbres, témoins passifs de ce jour fatal, traversent les saisons pour donner l’illusion d’une vie qui restera pour toujours, sans saveur.

Jean-Michel Leligny – 1944,… 30 normands témoignent

Après une formation BTS photo à l’École Nationale Louis Lumière, Jean-Michel Leligny a travaillé comme tireur photo Noir et Blanc dans des laboratoires professionnels parisiens puis est devenu Photographe indépendant et journaliste à partir de 1986. De 1988 à 1990, il produit un travail personnel, Parking Production, qui fera l’objet de nombreuses expositions et parutions. Une grave maladie, suivie d’une transplantation cardiaque vient mettre une parenthèse à ces travaux. Après un an d’arrêt et quitté Paris, il reprend son travail de photographe et journaliste pour des magazines en presse nationale et régionale. Il est aussi photographe pour l’agence Andia.autoportrait

Récemment, il a repris des travaux plus personnels. “Gueules”, portraits d’habitants de villes, villages, exposés en temps réel; 2°20 ou la France par le milieu, un voyage photographique en bicyclette à travers la France le long du méridien de Paris (Ce travail a été nominé au prix HSNC, a reçu le prix de la biennale Conches en Ouche et fera l’objet d’un ouvrage publié en septembre 2014 aux Editions de Juillet).

La sortie du livre sur les derniers témoins est prévue en mars 2014 : « 1944, 30 Normands témoignent » aux éditions Corlet

Contact :
Tel : 06 07 36 28 09
jm@leligny.fr
Site web de JM Meligny

EXPOSITION BARROBJECTIF 2014 : 1944,…30 Normands témoignent

« S’il est vrai qu’oublier est un peu consentir, alors ne nous endormons pas. Veillons à tous les moments, ne détournons pas nos yeux, de cette amère réalité qui nous écrase. C’est en cela que nous accomplirons notre devoir d’hommes… ». Albert Camus, Le Soir Républicain, 1er janvier 1940.

Je suis né en Normandie, plus précisément dans la baie du Mont-Saint-Michel. Lorsque j’étais enfant, mon père aimait à nous conter ses histoires de guerre, ses histoires d’occupation. En 1944, les Normands ont payé un lourd tribut à cette page de l’histoire. Après le débarquement, de nombreuses villes ont été détruites. Beaucoup de civils sont morts sous les bombes. 70 ans plus tard, j’ai recherché les témoins de cette époque avant qu’ils ne disparaissent dans l’oubli. Ils m’ont raconté leur histoire, leur guerre, avec pudeur, avec émotion. Les larmes et le sang, les bombes et la terreur, l’occupation et la Résistance, la déportation et le travail obligatoire, mais aussi les amours et les amitiés interdites, ennemis – amis – amants. Une somme de petites histoires, simples et héroïques, au sein de la grande histoire.

Parfois, la parole est encore lourde à porter, chargée de secrets qui ne seront pas dévoilés, même 70 ans après. Parfois, la parole est libératrice, de tant de douleurs et de souffrances accumulées. Parfois la parole devient apaisante. L’époque n’était pas à la plainte, mais au combat pour la survie et la Liberté. Même au plus profond des ténèbres, il y avait cette lueur d’espoir. La vie a triomphé de l’horreur et de la guerre, et tous ont cette phrase qui revient comme un leitmotiv,

« Plus jamais ça! »

Les photos sont présentées en diptyques. Un portrait émergeant de l’ombre, la mise en lumière du visage, chargé d’histoire, comme la mise en lumière de la parole. L’autre image est un lieu chargé de cette histoire, ou un souvenir, ou encore une image d’archive faisant sens…

L’ensemble de ces témoignages est présenté sous forme de 26 « histoires-témoignages » dans le livre « 1944, … 30 Normands témoignent » aux éditions MyNormandie

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Emilienne Soulard (Elle et son mari aviateur)

« Les Allemands ne fusillaient pas les filles, ils les décapitaient… J’ai eu beaucoup de chance. Tous n’étaient pas favorables à Hitler… » A 16 ans, Emilienne Soulard avait décidé de sa propre initiative de couper les câbles téléphoniques pour embêter les Allemands. Elle est arrêtée et emprisonnée avant d’être déportée en Allemagne. La désorganisation des voies de chemin de fer dû aux bombardements en Allemagne, lui évitèrent les camp de la mort. A son retour, elle se mariera avec le jeune aviateur qu’elle avait rencontré à la prison de Saint-Lô, et qui lui avait promis de venir la retrouver après la guerre.

leligny-carl.edouin Carl Edouin (Ses parents pendant la guerre)

« Malgré le respect que je vous dois, je tiens à dire qu’en amour, je n’ai de compte à rendre qu’à Dieu! » C’est ce qu’a déclaré la maman de Carl Edouin lors son jugement pour “collaboration horizontale” à la Libération. Pendant la guerre, elle était tombée amoureuse d’un officier de la Wehrmacht. Ils vécurent ensemble dans une cité ouvrière de la banlieue rouennaise et eurent 3 enfants. Ils furent séparés à la Libération, mais elle garda l’officier dans son cœur jusqu’à sa mort.

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