..PRIX LUCAS DOLEGA 2020..
Ana Maria ARÉVALO GOSEN, née 1988 à Caracas, Vénézuéla, se bat pour les droits des femmes, et son arme c’est le récit visuel. Elle vit actuellement à Bilbao, mais fait de longs séjours au Vénézuéla. Alliant la discipline de la recherche à l’intimité du détail, elle espère créer un impact positif par ses projets.
À cause de la crise, elle a quitté le Vénézuéla en 2009 pour Toulouse, où elle a étudié les sciences politiques et la photographie. Elle a effectué un stage à l’Agence France-Presse où elle s’est familiarisée avec la photographie de presse. En 2014, Ana est partie à Hambourg, où elle travaille comme photographe indépendante. Elle a été photographe éditorialiste, et son travail a été publié dans des médias tels que Szene Magazin ou Der Spiegel.
C’est de 2016–2017 que date son entreprise la plus éprouvante : « Le sens de la vie » raconte la lutte de son mari contre le cancer du testicule. Ils s’en servent aujourd’hui pour sensibiliser le public au sujet de cette maladie. En 2017 à Madrid, et en 2018 à Bilbao, l’exposition a collecté des fonds pour la recherche dans les cancers de l’homme. En 2017, écoutant l’appel de ses racines, elle est retournée à la source de son inspiration, au Vénézuéla. Son premier grand projet, « Dias eternos », sur les conditions des femmes dans les centres de détention préventive de son pays, a été sélectionné par Women Photograph en 2018, et a bénéficié d’une bourse du Pulitzer Center. Le POY Latam lui a décerné le premier prix dans la catégorie Force féminine, et le PH Museum lui a adjugé une mention honorable. Ce travail a été publié par le New York Times, LFI, 6 Mois, El País, Wordt Vervold, entre autres médias, et exposé au Manifesto Festival à Toulouse. En avril 2018, elle a été invitée à la Florida International University de Miami, où elle a participé à un congrès sur la défense des droits humains. Elle voudrait étendre son travail à toute l’Amérique latine.
..EXPOSITION BARROBJECTIF 2021 : Dias Eternos — jours éternels..
Le crime et la violence enracinés dans la société vénézuélienne s’ajoutent à la misère économique qui sévit actuellement et s’amplifient à l’intérieur des centres de détention préventive. La lenteur des procédures tient des milliers de femmes éloignées de leur famille pendant des mois, et même des années.
Le système carcéral va au-delà de ce qui est considéré inacceptable dans les sociétés où la démocratie fonctionne. On y meurt de sous-alimentation, de maladie infectieuse, ou dans les émeutes. Les locaux sont excessivement surchargés, la précarité sanitaire est extrême, et les familles doivent fournir le nécessaire. La présence médicale manque, et dans ce contexte de privation, les détenues sont très menacées.
Ce sont des femmes de condition modeste, leurs vies marquées par l’abandon familial, l’abus sexuel, ou la violence. Elles sont accusées de trafic de drogue, vol, port d’armes prohibé, enlèvement, association de malfaiteurs, corruption de mineur, infanticide, terrorisme, et pillage de propriété privé. Les chefs d’accusation s’étendent aussi à la politique. La loi « anti-haine », adoptée en janvier 2018, interdit tout protestation contre le gouvernement, et de nombreuses femmes se sont retrouvées ainsi derrière les barreaux.
Avoir une deuxième chance dans la vie est une idée chérie par presque tout le monde. Comment est-ce que ces femmes, dont certaines sont mères, pourront, une fois libérées, poursuivre leur vie et réintégrer leur famille ? Qu’est-ce que ces conditions nous apprennent au sujet de la crise actuelle du Vénézuéla ?
Face à cette hideuse réalité du système judiciaire, le débat public et l’action politique, partout dans le monde et non seulement au Vénézuéla, doivent impérativement assumer la tâche d’établir d’urgence un système carcéral qui ne viole pas les droits humains de ces femmes.